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Le Pont des soupirs

Titel: Le Pont des soupirs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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préparé pour lui.
    « Partons ! dit-il à Sandrigo, quand il sortit de la salle, transformé, plein de forces.
    – A l’instant », dit le bandit.
    Deux chevaux tout sellés étaient tenus en main par un homme.
    Sandrigo sauta sur l’un, Bembo enfourcha l’autre avec une dextérité qui prouvait qu’il avait acquis l’habitude de l’équitation.
    Alors, Sandrigo appela le bandit qui lui servait de lieutenant et lui donna quelques instructions à voix basse. Puis il ajouta :
    « Et ces fouilles ?
    – Aucun résultat.
    – Il faut continuer. »
    Le second secoua la tête avec un évident découragement.
    « Par l’enfer ! gronda Sandrigo, fais plutôt sauter la montagne. »
    Il fit un geste énergique et s’élança pour rejoindre le cardinal qui déjà descendait les flancs de la montagne.
    Tant qu’ils furent sur les pentes, ils gardèrent le silence. Ils traversèrent ainsi le village de Nervesa, et prirent en plaine la belle route de Trévise pour gagner Mestre et les lagunes de Venise.
    « Monsieur le lieutenant, dit alors Bembo, je vous renouvelle l’offre d’une éternelle reconnaissance.
    – Je l’accepte, fit narquoisement le bandit, bien qu’il n’y ait rien d’éternel en ce monde, pas même la reconnaissance des princes de l’Eglise !
    – Cette nuit, reprit Bembo sans relever cette ironie, lorsque vous m’êtes apparu comme un sauveur, j’ai dû vous dire des choses dont je n’ai pas conservé un souvenir bien net. Il me semble pourtant vous avoir parlé de Roland Candiano.
    – Oui ! vous me demandiez s’il vous faisait enfin grâce. »
    Bembo eut un frémissement de rage. Il se contint et reprit :
    « Roland Candiano serait-il de vos amis ?
    – Je hais cet homme de toutes les puissances de mon être, et si je n’avais supposé en vous une haine semblable à la mienne, je vous eusse laissé pourrir dans le cachot où il vous avait jeté. Excusez ma franchise, messire !
    – Parlez, parlez ! s’écria Bembo. Nulles paroles ne pouvaient m’être aussi agréables que celles que vous venez de prononcer.
    – Eh bien ! parlons donc net : vous ne me devez aucune gratitude. En venant vous délivrer, je n’éprouvais aucun intérêt pour vous et je cherchais en vous une arme nouvelle contre Candiano. Je lui ai déjà porté quelques coups sensibles, ajouta le bandit avec un sombre sourire, j’ai pensé que vous m’aideriez à lui porter le dernier coup, le bon… celui dont on ne revient pas !
    – Comptez sur moi, dit Bembo avec une force qui ne laissait aucun doute sur ses intentions. Mais j’ai besoin de savoir avec qui je fais alliance. Vous savez qui je suis, je ne sais pas qui vous êtes.
    – Je vous l’ai dit : je suis lieutenant aux archers du capitaine général Altieri. Mais je ne le suis que depuis peu… depuis quelques heures à peine. Avant d’occuper cette fonction, j’étais bandit. »
    Bembo regarda Sandrigo avec stupeur.
    « Oui, cela vous étonne, fit Sandrigo ; mais il y a quelqu’un qui vous dira sur moi tout ce que vous désirez savoir, et ce quelqu’un-là, vous devez avoir en lui pleine confiance : le doge Foscari.
    – Soit ! J’attendrai d’être à Venise pour savoir à quoi m’en tenir sur votre compte. En attendant, dites-moi ce que vous attendez de moi. »
    Sandrigo parut réfléchir quelques moments, puis il dit :
    « J’attends de vous deux choses ; la première, je vous l’ai dite, c’est de m’aider de tout votre pouvoir contre Candiano.
    – Cela est convenu ; voyons la deuxième chose.
    – Eh bien, messire cardinal, si étrange que cela vous paraisse, j’ai été bandit avant d’être archer, et même bandit notable… Or j’aime… depuis peu, il est vrai, mais je suis l’homme des décisions rapides. J’aime donc une jeune fille…
    – Et vous voulez que je vous aide à l’obtenir ?
    – Non. C’est fait. Ce sont là des besognes que je ne confie à personne.
    – Alors ?
    – Ecoutez-moi. Bandit hier, lieutenant aujourd’hui, j’ai besoin de m’imposer par un coup d’éclat à la société italienne, et de lui imposer en même temps celle qui deviendra ma femme.
    – Pourquoi cela ?
    – Parce que cette jeune fille, pour certaines raisons que vous comprendrez plus tard, risque de n’être accueillie qu’avec froideur. Or je veux que le lieutenant Sandrigo et sa femme puissent entrer partout la tête haute.
    – Je comprends. Que faut-il pour cela ?
    – Il

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