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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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bruyères humides. Nous fûmes quelques-uns à nous croiser dans l’église de St Alphege et à partir en Orient rejoindre la garnison d’Acre. Peu après, les Sarrasins ont investi la ville. Vous connaissez l’histoire. Acre est tombée, nous avons pu fuir ; d’autres, non. Nous avons perdu des hommes de valeur, Corbett, et beaucoup d’argent, bien des richesses. Au moment où la cité allait être investie, je suis allé en toute hâte au trésor des Templiers. J’y ai pris ce que je pouvais. Je l’ai arraché aux mains des Infidèles et rapporté en Angleterre. Dieu nous récompensait, moi et certains de mes compagnons, pour nos bonnes actions.
    — Pourtant voilà qu’à présent on vous brave ; les templiers et d’autres vous menacent.
    — Ils ont...
    — Puis-je voir ces défis ?
    Scrope fit une petite grimace, puis claqua des doigts. Frère Gratian s’empressa de sortir. Le magistrat ne bougeait pas, les yeux fixés au sol. Le silence régnait : chacun était perdu dans ses pensées. Corbett lança un bref regard à Ranulf. Le clerc principal à la chancellerie de la Cire verte s’amusait beaucoup, mais c’était bien de lui. Ranulf aimait voir son maître entrer dans une pièce comme un chat se glissant à pas de velours dans un parlement de souris. Corbett lui adressa un clin d’oeil et se replongea dans ses méditations, en prêtant l’oreille au craquement des rameaux brûlant dans la cheminée. Les péchés du passé, se dit-il, desséchés et racornis, étaient maintenant livrés aux flammes : c’est ce qui arrivait ici.
    — Sir Hugh, Sir Hugh !
    Le clerc sortit de sa rêverie. Frère Gratian était revenu, muni d’une petite sacoche. Corbett la prit et en vida le contenu. Les rollets étaient minces et les admonestations se ressemblaient. Le vélin était de fort bonne qualité, l’écriture nette, bien formée et aisée à déchiffrer. L’un était rédigé à l’encre rouge, l’autre à l’encre noire, mais, cela mis à part, rien n’indiquait leur provenance. Corbett étudia la graphie soignée et divisa les contenus en deux bien que les messages fussent identiques. Le premier disait : « Les moulins du Temple de Dieu broient très lentement, mais leur mouture est très fine », et le second : « Les moulins du Temple peuvent broyer très lentement et leur mouture être très fine, mais il en va de même pour les moulins de la colère de Dieu. »
    — Comment sont-ils parvenus ici ?
    — Sir Hugh, expliqua Scrope, les vendeurs, les marchands, vont et viennent librement. Ils apportent produits, lettres ou pétitions des marchés de la ville ou des villages environnants. Un rouleau fourré dans la main... Ils ne peuvent se souvenir qui, comment ni quand chaque bout de parchemin leur a été donné.
    Corbett reposa les documents.
    — Quoi que vous prétendiez, Messire, ces menaces n’ont pas de rapport avec ce qui se passe à Mistleham mais avec des événements qui ont eu lieu des années auparavant.
    Il s’interrompit.
    — Êtes-vous bien sûr de n’avoir rien d’autre à me dire ?
    Scrope s’assit, se frotta les genoux et répondit :
    — Sir Hugh, si je devais me confesser, ce serait auprès de frère Gratian. Quant au reste, ce n’est qu’infamie. J’ai dépêché des hommes pour savoir d’où sonnait cette trompe, mais je suis certain que ce sera en vain.
    Il désigna les documents.
    — Il en va de même pour ça. Vous avez vu le contenu, Corbett, mais, comme vous, j’ai vécu au milieu du danger toute ma vie. Quoi qu’il arrive, je ferai face.
    Il lança un coup d’oeil furieux à son épouse.
    — Et dorénavant...
    Son regard se reporta sur le magistrat.
    — ... si vous avez des questions à poser sur mes agissements, c’est à moi qu’il faut les poser !
    Il se leva et claqua doucement des mains.
    — Je suis navré que le festin s’achève ainsi, mais je ne suis que la victime, non la cause. On dirait que vous avez quelque chose à ajouter, Sir Hugh.
    Ce dernier s’approcha du maître du manoir et le fixa dans les yeux.
    — En effet, Sir Oliver. Vos mastiffs, Romulus et Remus, ont bien été abattus ?
    — Oui.
    — Alors je vais vous donner un nouveau conseil, dit Corbett sans élever la voix, et ce en toute solennité. Si j’étais vous, Lord Scrope, je réfléchirais avec grand soin à ma situation et je m’assurerais que je suis sous bonne garde, de jour comme de nuit. S’il est vrai que des semonces vous ont

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