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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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pendu un vendredi en novembre peu après l’aube et on a laissé son corps au bout de la branche ; mais dans l’heure, si nous avons bien compris, son cadavre a disparu et nul ne l’a revu depuis.
    Corbett interrogea du regard Dame Marguerite qui haussa les épaules.
    — Est-il vraiment mort ? questionna Ranulf. À Londres, on a ouï parler d’un condamné qui avait soudoyé le bourreau.
    Il mima la scène :
    — Un collier de cuir autour du cou et de la gorge, le noeud placé un peu différemment, douloureux certes, mais la victime ne suffoque pas. Vous étiez présent à la pendaison de Le Riche, Messire, n’est-ce pas ?
    Maître Benedict ferma les yeux.
    — Bien sûr. Il était vêtu d’une longue tunique déchirée qui, il est vrai, avait un col montant. Quoi qu’il en soit, il était amorphe et muet. On l’a hissé en haut de l’échelle qu’on a vite enlevée. Il a tressauté quelques minutes puis il est resté à se balancer au bout de la corde. Il commençait à faire jour, la lumière était grise. Il faisait très froid. Nous avions le nez et les doigts transis. Nous sommes tous repartis à nos occupations. Je me rappelle que la charrette des exécutions bringuebalait et dérapait sur la glace derrière nous.
    — Pourquoi nous dire cela ? s’étonna Corbett.
    — Au nom de la vérité, expliqua Dame Marguerite qui ne souriait plus. Je ne peux simplement pas rester là à entendre mon frère tisser sa toile de vantardises et de mensonges.
    Ses lèvres n’étaient plus qu’une mince ligne exsangue. Elle cilla et fixa le paravent derrière Corbett comme si les exploits d’Arthur et de Guenièvre la fascinaient.
    — Il devient plus cruel avec le temps.
    — Avez-vous autre chose à ajouter ? s’enquit Corbett.
    Elle fit un signe de dénégation.
    — Et ces avertissements ? Je n’ai point abordé la question avec Lord Scrope. Êtes-vous au courant des menaces adressées à votre frère ?
    — Des menaces ?
    Dame Marguerite se détendit un peu.
    — Quelles menaces ?
    Elle se tut à l’entrée de Lady Hawisa et du père Thomas. Ranulf, préoccupé par l’agitation de Lady Hawisa, s’avança et pressa ses doigts entre les siens. Le prêtre s’installa sur un tabouret, le visage dans les mains. Il se frictionna les joues et leva les yeux sur le magistrat.
    — Lord Scrope fait fouiller le domaine, mais je pense que ce sera en vain.
    Lady Hawisa reprit sa chaire et lança un coup d’oeil mutin à Ranulf. Elle se tourna vers Corbett et son sourire s’évanouit.
    — Sir Hugh...
    Il s’avança.
    — Savez-vous que votre époux a reçu des avertissements ?
    — Oui, admit-elle dans un souffle.
    Corbett prit place sur la sellette qui se trouvait près de sa chaire.
    — Les avez-vous vus ?
    — Une ou deux fois, reconnut-elle en se passant la main sur le front. Mon mari...
    Le clerc leva les yeux. Lord Scrope, le loquet n’étant pas bloqué, s’était faufilé sans bruit dans la pièce, suivi comme son ombre par frère Gratian.
    — Son mari, tonna-t-il en claquant l’huis derrière lui, répondra à toutes vos questions, ici, en sa demeure. Inutile d’interroger quelqu’un d’autre !
    — Et la trompe de chasse ? questionna Corbett, négligeant l’ire du seigneur.
    — Ce sera l’affaire de Maître Claypole.
    Scrope se dirigea vers l’âtre pour se réchauffer, le dos tourné.
    — Maître Claypole est indispensable en tant de domaines... murmura Lady Hawisa.
    — Que voulez-vous dire ? s’insurgea son époux. Je le connais depuis des années.
    — Il est vrai, répondit sa femme avec douceur. Il était avec vous à Acre, n’est-ce pas ! Écuyer, non ?
    Corbett comprit où elle voulait en venir.
    — Qu’insinuez-vous ?
    Lord Scrope s’avança vers elle. Le magistrat se leva.
    — Rien, dit-elle d’un ton las. Messire mon mari, vous détenez le Sanguis Christi, ce qui vous vaut d’être menacé. On vous a enjoint de vous confesser sur la place du marché.
    — Dites-moi, intervint Corbett, qui se trouvait en fait à Acre ?
    — Moi, Gaston, mon cousin, et d’autres habitants de Mistleham. Nous avions appris que les Sarrasins voulaient chasser les templiers et toutes les forces chrétiennes de Terre sainte. L’idéalisme nous guidait. Gaston et moi étions alors de jeunes chevaliers. Nous préférions chercher l’aventure plutôt que pourchasser les Gallois jusque dans leurs vallées ou poursuivre les rebelles écossais parmi les

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