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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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et de dangereux.
    — Mais ce n’étaient pas juste des hors-la-loi, n’est-ce pas ? s’enquit Ranulf.
    — En effet, admit le magistrat. Ils voulaient le Sanguis Christi. Dieu seul sait qui ils étaient. Cela laisse supposer qu’il peut y avoir plus d’un Sagittaire !
    Il eut un grand sourire.
    — Maintenant que mes deux preux compagnons sont venus à mon secours, quel péril peut nous atteindre ?
    Corbett fit bonne figure, mais, dès qu’ils eurent regagné le manoir, il prit congé, monta dans sa chambre et s’assit au bord du lit. Puis il s’installa sur un tabouret devant le feu, quitta gantelets et bottes pour se réchauffer les mains et les pieds, ferma les paupières et récita en silence une prière d’action de grâce. Ranulf apporta de quoi se restaurer. Corbett but à petites gorgées le bol de potage chaud venant des cuisines où se déroulaient les préparatifs du banquet funéraire.
    — Maître, je vous laisse à vos pensées.
    — Pour aller t’occuper de Lady Hawisa ? lança le clerc par-dessus son épaule.
    — Cela me regarde, Maître. Mais votre sécurité nous concerne, ainsi que le roi. De grâce, ne recommencez plus jamais.
    Corbett le lui promit et Ranulf s’en fut. Le magistrat resta à contempler les flammes et à s’interroger sur l’identité des trois inconnus. Il essaya de se rappeler chaque mot, chaque geste. Il ne s’agissait pas de tueurs ; ils n’avaient pas du tout l’intention de l’attaquer. Ils voulaient juste quelque chose. Que se serait-il passé si Ranulf et Chanson n’avaient pas surgi ? Il se remémora la fresque dans l’église, la sculpture sur la pierre tombale dans le cimetière. Lentement mais sûrement, il rassemblait les pièces de la mosaïque. Il lui en fallait encore quelques-unes. Il revit Maître Plynton, un artiste ambulant qui s’était arrêté au manoir de Leighton. Il avait exécuté une petite mosaïque représentant la tête de Saint-Christophe et celle de l’Enfant Jésus pour l’église paroissiale, tout près des fonts baptismaux. Corbett, fasciné, avait regardé l’habile artisan assembler les pierres de couleur. En vrac elles ne signifiaient rien, pourtant, dès que Plynton les avait mises en place, un splendide dessin avait commencé à apparaître. Il en allait de même pour cette énigme, mais, dans ce cas, le résultat se révélerait effroyable. Le visage serait celui d’un assassin, d’un meurtrier, qui, si Corbett pouvait prouver qu’il ou elle était coupable, serait pendu.
    Il entendit du bruit en bas. Il soupira, enfila ses bol les, retira son ceinturon et se dirigea vers la porte. Il allait descendre, se prêter aux règles de la civilité, mais avant la fin de la journée, il devrait faire part à Lady Hawisa et aux autres de ce qu’il avait prévu pour le lendemain.

 
    CHAPITRE X
    « Ils ne se soumettraient pas, sans l’avis de leurs supérieurs ecclésiastiques, aux juges séculiers. »
    Annales de Londres, 1304.
    Corbett mit ses projets en oeuvre. La commission d’Oyer et Terminer se tint le lendemain matin, juste après l’Angélus. Le magistrat prit possession de la grande pièce où la table haute et l’estrade avaient été transformées en Banc du roi. Il mit en évidence le mandat royal frappé du sceau d’Édouard qui lui donnait le droit « d’agir dans tout ce qui regardait la Couronne ». Il déposa son épée sur le document. À côté, deux cierges encadraient un crucifix. Trois chaires avaient été placées derrière la table. Au-dessus, sur le mur, Corbett déploya l’étendard du souverain, frappé des armes royales : des lions d’or sur fond de pourpre et d’azur. Devant la table, on avait disposé une rangée de tabourets. Près de l’estrade, un lutrin supportait un évangéliaire relié de cuir rougeâtre et orné, en son centre, d’une croix en or repoussé : c’est sur lui qu’on jurerait de dire la vérité. On avait dressé le feu, allumé les chandelles. Des torches tremblotaient. Ormesby, le médecin, ayant accepté de faire partie du tribunal, on le conduisit à la chapelle prêter serment.
    Corbett avait annoncé la session pendant le banquet funéraire, la veille. Lady Hawisa avait sur-le-champ soulevé des objections. Les trois prêtres, appuyés par Dame Marguerite, avaient fait valoir leur statut de clerc et invoqué le privilège de clergie tandis que Maître Claypole revendiquait les droits de la ville. Corbett obtint rapidement le silence

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