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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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chemins du royaume. Ne le reconnaissant pas, il sortit de la cité et prit le sentier désert.
    Il ne tarda pas à regretter sa décision. Les austères et sombres rangées d’arbres de chaque côté, les sous-bois encore couverts d’un manteau de glace, la complète solitude de l’endroit étaient plus pesants après le bruit et l’agitation de la ville. Pour se redonner du courage, le magistrat entonna une chanson de goliard : « Je suis un étudiant errant accablé de travail et de tristesse. La misère, souvent, me pousse à la folie. J’étudierais volontiers littérature et science... » Il se tut et les paroles plaintives le firent rire doucement. Il était sur le point de continuer lorsque trois silhouettes, encapuchonnées et masquées, se faufilèrent comme des ombres sur le chemin. Elles brandirent leurs arcs, flèches encochées, en visant Corbett. Le clerc s’immobilisa et glissa la main sous sa chape en quête de son épée. Il essaya de maîtriser la terreur qui l’envahissait. C’était son cauchemar, être piégé, abattu sur une route déserte. Serait-ce ici qu’il recevrait la blessure qui le tuerait ? Serait-ce ici qu’il ressusciterait au jour du Jugement ?
    — Amis, cria-t-il, que me voulez-vous ? Je suis l’émissaire du roi.
    — Nous le savons, Sir Hugh. Nous ne voulons qu’une chose de vous.
    — Demandez-la donc, mes amis. Et pourquoi ne pas rabattre vos capuchons, ôter vos masques et discuter en bons chrétiens ? Pourquoi menacer un envoyé royal sur la grand-route ? C’est félonie, punie de mort sur-le-champ.
    — Nous ne vous voulons point de mal, Sir Hugh. Avez-vous le Sanguis Christi sur vous ?
    — Croyez-vous vraiment que je battrais la campagne avec une précieuse relique appartenant au souverain dans mon escarcelle ?
    Corbett ouvrit les bras.
    — Fouillez-moi ! Je ne l’ai pas ; et inutile de me le demander : je ne l’ai pas non plus au manoir de Mistleham. Vous connaissez les nouvelles. Lord Scrope n’est plus et son coffre à trésors a été pillé. Le Sanguis Christi a disparu. Je possède une lettre du monarque dans laquelle il exprime la rage où l’ont mis ces événements.
    L’archer qui se trouvait à la droite du magistrat baissa son arc. Celui du centre l’imita, mais pas celui de gauche.
    Corbett s’avança.
    — Mes amis, vous m’avez posé une question ; je vous en poserai donc une. Que représente ce joyau pour vous ? Pourquoi me le réclamer à moi ?
    Il n’eut pas de réponse. L’archer, sur sa gauche, bandait toujours son arc, flèche encochée, pointe barbelée dirigée vers la poitrine du clerc. L’homme au centre se mit à parler dans un patois rapide que Corbett n’avait onc ouï. L’arc s’abaissa. L’homme du milieu était sur le point de s’approcher quand le magistrat entendit des cris et des hurlements derrière lui. Un carreau d’arbalète passa en sifflant au-dessus de sa tête pour aller s’écraser contre un arbre. Il pivota sur ses talons. Ranulf et Chanson se précipitaient vers lui. Le clerc de la Cire verte glissait déjà un autre carreau dans l’arbalète. Quand Corbett tourna la tête, les trois assaillants s’étaient enfuis. Il ôta ses gants pour essuyer son visage ruisselant de sueur, puis baissa les yeux sur le chemin en tentant de reprendre son souffle. La peur lui tordait l’estomac et il crut qu’il allait vomir, mais avant même que ses compagnons l’aient rejoint il avait repris son calme.
    Ranulf le saisit par l’épaule, le fit se retourner et l’attira vers lui. Ses yeux verts de chat étaient froids et durs.
    — Maître, ne refaites plus jamais ça ! murmura-t-il. Pour l'amour de Dieu, ne vous ai-je pas répété assez souvent que vous étiez un ambassadeur du roi ! Parcourir seul des chemins déserts ! Les ennemis nous cernent de tous côtés et vous vagabondez, aussi écervelé qu’une linotte !
    — Ranulf a raison, renchérit Chanson. Surtout ici, dans la campagne, maître, où rôdent toutes sortes de bêtes sauvages et d’horribles créatures.
    — Ferme-la ! gronda Ranulf.
    L’interruption de Chanson arrangeait bien Corbett. Il fit un clin d’oeil au clerc des écuries et se libéra de la main de Ranulf qu’il prit entre les siennes.
    — Excuse-moi, Ranulf. Quand je suis perdu dans mes pensées, je m’égare. Je me suis écarté. Avant même que ces hors-la-loi ne sortent du fourré, j’ai compris que j’avais fait quelque chose de stupide

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