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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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en faisant remarquer que le monarque désirait connaître la vérité sur bien des sujets, entre autres le meurtre d’un grand seigneur, sans parler du vol de joyaux lui appartenant. De plus, refuser de participer pourrait signifier que la cour de la chancellerie soulèverait peut-être quelques difficultés pour entériner le testament de Lord Scrope. Il laissa même entendre que, ainsi que cela s’était déjà produit, un tel délai pourrait prendre des années. Ils finirent tous par se laisser convaincre, de plus ou moins bon gré, les trois prêtres, surtout frère Gratian, rappelant au magistrat qu’étant clercs ils ne pouvaient comparaître devant un tribunal séculier.
    — Il ne s’agit pas de vous juger, rétorqua Corbett. Mais de tirer au clair certaines questions.
    Le père Thomas répliqua que cela ne le souciait guère et les trois ecclésiastiques promirent de se présenter devant la commission quand on les appellerait. Corbett produisit aussi des assignations à comparaître au bourreau de la cité, au batelier Pennywort et à d’autres hommes de l’escorte de Scrope. Il commença par eux. Pennywort ne put pas ajouter grand-chose à ce qu’il avait déjà dit. Il jura devant le lutrin près de Chanson, puis narra les événements. Corbett le remercia, pria Chanson de lui rendre son ceinturon puis lui donna une pièce pour qu’il monte la garde dehors pendant que Chanson s’en chargeait à l’intérieur.
    Les gardes de Scrope n’avaient que peu à raconter sur la nuit où leur maître avait été tué. Le magistrat établit sans perdre de temps qu’ils s’étaient abrités sous les arbres autour du feu. Il faisait un froid de loup. Ils n’avaient, certes, guère eu envie de s’éloigner de la source de chaleur, mais jurèrent, l’un après l’autre, avoir surveillé avec soin les pontons, le bateau et les abords de la retraite et n’y avoir vu rien ni personne de suspect. Les verdiers et les chasseurs furent interrogés sur l’entraînement des Frères du Libre Esprit au tir à l’arc dans les bois de Mordern, mais les souvenirs étaient vagues et nul ne put préciser qui en avait réellement été témoin ou ce qu’il avait observé. Puis Corbett manda Ratisbon, le bourreau, un bonhomme crasseux et échevelé, portant des bragues et un justaucorps de cuir usagé sur une chemise tachée et déchirée. Il avait des cheveux raides et graisseux, une moustache et une barbe mal taillées, un visage rougi par les intempéries et ses yeux bleus larmoyants fuyaient ceux de Corbett. Ne sachant pas lire, il dut prononcer le serment mot à mot après que Chanson eut répété chacun au moins deux fois. Il se laissa aller sur le banc, lança un coup d’oeil furieux au magistrat puis tourna la tête.
    — Je n’ai rien à me reprocher, grommela-t-il. Je ne fais que de menus travaux de-ci, de-là. Le maire me paye pour exécuter des coquins, alors je les exécute.
    — Vous souvenez-vous de John Le Riche, le voleur qui a pillé le trésor du roi à Westminster ?
    — Oh que oui ! C’est en novembre que je l’ai pendu ; de la belle ouvrage, Messire. Il était dans le tombereau. Je l’ai poussé en haut de l’échelle. Je lui ai passé la corde au cou, le noeud serré derrière l’oreille gauche. J’ai descendu l’échelle, puis l’ai enlevée. Il s’est mis à gigoter et à danser, comme ils le font tous.
    — Êtes-vous certain qu’il a péri ? s’enquit Ranulf.
    — Autant que d’être assis ici.
    — Comment pouvez-vous le savoir ? insista Ranulf.
    — J’ai vu pendre assez d’hommes. Je sais quand ils sont morts. Leur vessie et leurs boyaux se relâchent. C’est pas bien ragoûtant. John Le Riche est mort ; son âme est près de Dieu. Quand on me donne un travail, il est bien fait.
    — C’est vous qui êtes allé le chercher à la prison ce matin-là ? demanda Ormesby.
    — Oui, oui.
    — Et il s’agissait bien du captif Le Riche ? ajouta Corbett.
    — Mais bien sûr.
    — Dans quel état d’esprit était-il ? intervint le magistrat. Comment était-il ?
    Il précisa :
    — Comment était Le Riche ? Quelques-uns protestent, d’autres se taisent.
    — Bon, je vais vous dire...
    Ratisbon posa un coude sur la table et continua dans une bouffée d’haleine imbibée de bière :
    — J’aime vider un gobelet ; et lui aussi aimait ça. Messire, un de plus et il se serait écroulé.
    — Il était ivre ?
    — Ivre ? Il pouvait à peine tenir

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