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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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debout, mais je vais vous dire une chose, saoul ou non, il est bien mort.
    Ratisbon ne put rien leur apprendre de plus. Corbett le remercia, lui remit quelques piécettes et il quitta la salle en traînant les pieds.
    Lady Hawisa entra, en vêtements de deuil. Elle prêta serment, s’assit, releva son voile et sourit aussitôt à Ranulf, qui eut l’air si empressé que son maître lui lança un regard sévère.
    — Lady Hawisa, commença Corbett, je vous remercie d’être venue en dépit de ces temps d’affliction. Certaines questions doivent être posées et le roi exige des réponses.
    — Interrogez-moi, Sir Hugh.
    — Depuis combien de temps étiez-vous mariée avec Lord Oliver ?
    — Environ onze ans.
    — Et vous n’avez pas eu d’enfant ?
    — En effet, Sir Hugh. Telle était la volonté du Seigneur.
    Corbett scruta son visage au teint pâle, aux grands yeux noirs, aux lèvres serrées. Elle avait un petit mouvement nerveux de la tête comme si elle avait mal au cou, du côté gauche. Malgré les circonstances, Corbett décida qu’être direct était la meilleure solution.
    — Aimiez-vous votre époux ?
    — Non, je le haïssais !
    Le clerc ne releva pas les exclamations de surprise étouffées et les murmures de ses deux compagnons.
    — Pourquoi le détestiez-vous ?
    — Il avait l’âme noire, Sir Hugh, aussi noire que la nuit la plus profonde. Il était cruel et insensible.
    Corbett se pencha pour ramasser le sac de cuir glissé sous sa chaire et en sortit le gobelet qu’il avait pris dans la chambre du crime.
    — Lady Hawisa, le reconnaissez-vous ?
    — Certes. J’en avais fait présent à mon mari.
    — Il est bien en orme ?
    — Non, Sir Hugh, je suis sûre que vous n’ignorez pas dans quel bois il est ciselé. C’est de l’if. Je le lui ai donné pour attirer le mauvais sort sur lui. Introduire de l’if dans une maison porte malchance. J’espérais qu’il lui arriverait malheur.
    — Vous prenez soin du jardin de simples du manoir. On y trouve toutes sortes de plantes, des bénéfiques et des dangereuses, n’est-ce pas ?
    Lady Hawisa se contenta de lui répondre par un regard fixe.
    — Et vous y cultivez de la belladone ?
    — Oui.
    — Je m’y suis rendu.
    Corbett se pencha en avant.
    — J’ai examiné l’endroit où pousse la belladone ; le sol a été creusé ; on a arraché un pied.
    — Il se peut, Sir Hugh, mais ce n’est pas moi.
    — Savez-vous ce que nous avons découvert dans la chambre de Lord Oliver ?
    — J’ai ouï les rumeurs : du vin mêlé de belladone mortelle.
    Lady Hawisa lança un coup d’oeil à Ormesby.
    — Assez de poison pour le tuer, mais il ne l’a pas bu et je ne l’y avais pas mis ! Ni la cueillette de cette herbe ni l’altération du vin ne sont de mon fait. Interrogez les serviteurs. Lord Scrope emportait son vin là-bas. Il le choisissait dans sa cave, remplissait son pichet et l’emportait ; il ne manquait jamais de le goûter. Il avait maints ennemis. Il craignait le passé, Dieu seul sait pourquoi ; il était fort habile dans tout ce qu’il faisait.
    — Savait-il que vous le détestiez ?
    — Il n’avait cure de ce que je ressentais, pensais ou faisais. J’étais une riche héritière, Sir Hugh. Je n’ai pas choisi mon mari. J’étais une pupille de la Couronne. Mon époux m’a épousée non pour mon joli minois, mais pour ma fortune.
    — Avez-vous jamais envisagé de l’occire ?
    — En esprit, à maintes reprises. Pourquoi pas ? Comme je vous l’ai dit, il avait l’âme noire, aussi impénétrable que la nuit la plus noire. Il ne se montrait ni brutal ni cruel envers moi ; juste froid, mort ! Il avait un coeur de pierre, pas d’âme en fait. Seul l’argent l’intéressait. Pourtant, bien que je l’aie haï, je ne l’ai pas tué. Je ne jouerai pas les chattemites, Sir Hugh. Je ne jurerai point sur l’évangéliaire et ne prétendrai pas que nous étions heureux en ménage. Ce n’était pas une union. J’étais une étrangère pour lui ; c’était un étranger pour moi.
    — Comment pouvez-vous expliquer la belladone ?
    — Je ne le puis. Je n’y suis pour rien. N’importe qui peut entrer dans ce jardin de simples. N’importe qui peut arracher une plante.
    — Sir Hugh... s’insurgea Ormesby.
    Le magistrat leva la main.
    — Parfait. Et la nuit où votre époux a péri ?
    — Je dormais dans mon lit. Lord Oliver avait décidé de se rendre dans sa

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