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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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le roi.
    — De grâce, Sir Hugh, plaida Dame Marguerite.
    — Une fois ma tâche achevée, Madame.
    — Nous savons peu de choses, l’interrompit Maître Benedict. La nuit où Lord Scrope a été occis, j’étais la proie des fièvres. Demandez à Madame l’abbesse et aux valets, j’étais fiévreux...
    Sa voix mourut.
    — Tant de massacres, Sir Hugh ! Qui sera le prochain à périr ?
    Le clerc ne répondit pas et s’adressa à Dame Marguerite.
    — Pouvez-vous nous apprendre quelque chose sur ces agissements meurtriers ?
    — Non, Messire. Mon frère ne connaissait d’autre loi que la sienne.
    — Même au sujet d’Acre, après tant d’années ?
    — Même là-dessus, Sir Hugh. Il n’en parlait jamais, du moins avec moi. Je suis sûre qu’il le faisait avec Claypole, et qu’il évoquait aussi les Frères du Libre Esprit, le Sagittaire ou Le Riche. Sir Hugh, je n’en sais pas davantage que vous. Il est certain que c’étaient des événements épouvantables, mais n’oubliez pas, bien qu’à présent je sois logée céans, que je suis l’abbesse d’un couvent où les tâches ne manquent pas. Les affaires du manoir de Mistleham ne me concernent pas vraiment. Je déplore le trépas de mon frère, mais je me soucie surtout de Messire Claypole et, bien entendu, de l’avancement de Maître Benedict. J’ai été aussi honnête et franche que possible.
    Elle fit une pause.
    — Je regrette seulement que Chenapan n’ait pas survécu. Il aurait pu se montrer bavard. L’histoire de ce voleur, Le Riche, ne me concerne en rien. Les chefs des Frères du Libre Esprit, Adam et Ève, avec quelques-uns de leurs compagnons, venaient souvent au couvent, mendier, prier dans notre chapelle, mais ils ne faisaient rien de mal, c’étaient des innocents inoffensifs.
    — Et l’île des Cygnes ? Dame Marguerite, enfant, vous jouiez dans le domaine. Ne pouvait-on traverser le lac que par bateau ou par un pont ?
    — Oui, répondit-elle avec un sourire nostalgique. Il est très profond et encombré d’herbes, ce qui le rend fort dangereux. Mon frère a fait détruire l’ancien pont qui se trouvait à l’emplacement actuel des jetées. Quelques-uns de ses serviteurs étaient entraînés à ramer pour l’emmener sur l’autre rive. Le lac est périlleux, Sir Hugh. Je ne vois pas comment quelqu’un aurait pu le traverser sans se servir d’un des esquifs.
    — Mais alors, comment croyez-vous que le tueur s’y soit pris ? s’étonna Ranulf.
    — J’ai réfléchi là-dessus, reconnut l’abbesse en se mordillant les lèvres. J’imagine qu’il – ou elle –, précisa-t-elle, mutine, l’a franchi à la nage pendant la journée.
    — Ils seraient morts gelés ! objecta Corbett.
    — Pas forcément, Sir Hugh. À condition d’emporter des vêtements de rechange et une petite gourde de vin. J’y parviendrais. Je le faisais parfois, en dépit du risque, avoua-t-elle en souriant.
    — Mais comment auraient-ils eu accès à la retraite ? voulut savoir Ranulf.
    — Il se peut que mon frère, abusé, ait laissé entrer le tueur. Mais...
    Elle haussa les épaules.
    — ... je comprends bien que cette hypothèse fait naître autant de difficultés qu’elle en résout.
    Elle se leva, imitée par Maître Benedict.
    — Je vous assure que c’est tout ce que j’ai à vous narrer, Sir Hugh.
    Le magistrat les remercia. Ils se retirèrent et Chanson ferma l’huis derrière eux. Corbett se redressa dans sa chaire et se tourna vers Ormesby.
    — Eh bien, Messire le physicien, qu’en pensez-vous ?
    — J’ai exercé la fonction de coroner, Sir Hugh, et ma conclusion immédiate peut s’exposer en trois points. D’abord...
    Il leva un doigt boudiné.
    — ... on ne vous a, bien sûr, pas dit la vérité ici ; ce qui n’a rien d’étonnant : personne, céans, n’est prêt à tout avouer. Tout le monde a quelque chose à cacher. Ce qui les unit, c’est une profonde inimitié, voire de la haine, envers Lord Scrope.
    — Et ?
    — Ensuite, Corbett, cela ressemble à une affection, une maladie. À mon avis, il faut chercher la racine dans le passé. Vous ne cessez d’en revenir à Acre ; cela paraît être l’origine, la source de tout. Il est certain qu’il y a eu quelque mystère là-bas. Des hommes de Mistleham y sont allés, mais seuls Scrope et Claypole en sont rentrés. Les vétérans aiment évoquer leurs guerres, leurs batailles, leurs blessures, leurs heures de gloire et de

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