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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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péri.
    — Et ?
    — J’ai toujours voulu découvrir comment, pourquoi.
    — Y êtes-vous parvenu ?
    — Non. Les seuls survivants furent Scrope et Claypole, son âme damnée. Ils n’ont pas été d’un grand secours.
    — Mais vous aviez des soupçons ?
    — Reginald était mon frère bien-aimé. Je désirais savoir comment s’étaient passés ses derniers jours, mais je n’ai rien appris.
    — En dépit de tous vos efforts ?
    — J’ai ouï des racontars.
    — Lesquels ?
    — Des bribes d’informations sur la chute du donjon du Temple, l’ultime forteresse de la ville abattue par les Sarrasins, sur les défenseurs qui se dispersaient, s’éparpillaient, chacun luttant pour sa vie. On a aussi évoqué la panique et le sauve-qui-peut, mais rien de précis, Sir Hugh, rien du tout.
    — À votre avis, pourquoi votre mystérieux visiteur se faisait-il appeler Nightshade ? Pourquoi ce nom ? Pourquoi s’est-il adressé à vous ?
    — Je ne sais vraiment pas, Sir Hugh. Il y a autour de Nightshade, la douce-amère, une aura maléfique. Je suppose qu’il cherchait à effrayer Lord Scrope.
    — Ce dernier appréciait-il la fresque que les Frères du Libre Esprit ont peinte dans votre église ?
    — Je vous en ai déjà parlé. Il lui reconnaissait des qualités. Il était rare que Scrope porte aux nues quelqu’un ou quelque chose sous le ciel bleu de Dieu.
    — Avez-vous examiné de près cette fresque ?
    — Bien sûr !
    — Regardez-la encore, suggéra Corbett. Évoque-t-elle en réalité la chute de Babylone ou d’un autre lieu ?
    — C’est-à-dire ?
    — Je l’ignore, admit le clerc en souriant, mais ce n’est point un reflet fidèle de l’Apocalypse.
    — Je comprends ce que vous voulez dire, Sir Hugh.
    — Qu’en est-il des recueils paroissiaux que Maître Claypole cherche avec tant de diligence ?
    Le père Thomas éclata de rire.
    — Oh, je suis certain, commenta-t-il, que Maître Claypole aimerait les avoir, mais même s’ils étaient ici, je ne pense pas qu’ils prouveraient quoi que ce soit. Il est illégitime ; c’est le bâtard de Scrope. Je ne les possède pas, en dépit de ce que croit Claypole.
    — Mais alors où sont-ils ?
    — À votre avis, Sir Hugh ? Je subodore que Scrope, dans une secrète et malveillante intention, les a fait enlever.
    — Où vous trouviez-vous la nuit du meurtre ?
    — Je priais près des corps de ceux qui ont été tués à Mistleham. Je n’appréciais pas Lord Scrope, mais je ne l’ai pas occis. Je sais aussi quelles questions vous avez posées aux autres concernant les menaces proférées contre Scrope, le larron Le Riche, le massacre des Frères du Libre Esprit. Je vous ai déjà entretenu de ces sujets, Sir Hugh. Je n’ai rien à ajouter.

 
    CHAPITRE XI
    « Mandat pour arrêter John Le Riche [...]
de mauvaise réputation, accusé de félonie dans le Bedfordshire. »
    Calendrier du Rôle des Patentes, 1291-1302.
    Après le départ du père Thomas, on introduisit Dame Marguerite et Maître Benedict. Corbett avait estimé qu’il valait mieux les interroger ensemble et avait négligé la réflexion de Ranulf glissant à l’oreille de Chanson que ces deux-là « étaient comme cul et chemise », remarque qui n’aurait pas manqué de froisser à la fois l’abbesse et son chapelain s’ils l’avaient ouïe. Ils prêtèrent serment et s’installèrent. Dame Marguerite, sans plus de façons, faisant avec modestie fi des privilèges attachés à leur condition, remercia beaucoup Corbett de les recevoir de conserve, étant donné le mauvais état de santé de Maître Benedict. Le magistrat n’en disconvint pas. Le chapelain était rasé de près et propre ; pourtant il avait le teint plombé, les yeux écarquillés et cernés. Il semblait avoir mal dormi et se tenait le ventre comme s’il avait du mal à digérer. Il était aussi anxieux, ne cessant de chercher d’un regard apeuré quelque spectre malintentionné tapi dans les recoins obscurs de l’estrade.
    — Sir Hugh, déclara Dame Marguerite, dont le joli visage s’était un peu empourpré, que pouvons-nous dire de plus ?
    — Je souhaite quitter ces lieux, clerc royal, annonça Maître Benedict d’une voix grinçante.
    Il regarda le magistrat dans les yeux.
    — Le meurtre règne ici.
    Il cita les Évangiles :
    — Haceldama. Le Champ de Sang. Je vous serais reconnaissant de me donner des lettres de recommandation pour Lord Drokensford et

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