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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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interlocutrice.
    — J’ai remarqué qu’il n’était plus là ce matin. La veille de sa mort, dans l’après-midi, mon époux s’est plaint : il manquait quelque chose dans la chapelle. C’est à cela qu’il faisait allusion.
    Le magistrat se leva et quitta le choeur. Il déambula dans l’édifice et contempla la sculpture de bois clouée au mur représentant Saint-Georges terrassant le dragon qui se convulsait sous les sabots de son cheval.
    — Magnifique bois, murmura-t-il. Très beau travail. Merci, Lady Hawisa, de m’avoir appelé ici. Je ne comprends pas ce que signifie la disparition de cet anneau. Je ne sais qu’une chose : les événements qui se passent à Mistleham ont pour source, à travers les années, ce qui est arrivé à Acre. Je dois, néanmoins, vous poser une question. Le matin où on a découvert dans la retraite le cadavre de votre époux, il y avait, sur une table près de lui, un gobelet taillé avec goût rempli de clairet. On y avait versé de la belladone, ainsi que dans le pichet de clairet sur la desserte.
    Ormesby, le médecin, prétend que Lord Scrope n’a pas bu ce vin empoisonné. Par conséquent, je suppose qu’il a été altéré non avant son meurtre, mais après.
    Lady Hawisa eut un sursaut de surprise.
    — Un méchant tour, expliqua le magistrat. Un leurre, une ruse pour détourner notre attention et peut-être vous faire passer pour coupable. Vous comprenez, continua-t-il, c’est vous qui lui aviez offert ce gobelet en prétendant qu’il était en orme, alors qu’il était en réalité en if, bois qui porte malchance. Il est aussi notoire que vous êtes responsable du jardin de simples du manoir, où on trouve de la belladone et d’autres herbes dangereuses. Eh bien, je voudrais vous poser une question, entre nous. Avez-vous jamais confessé, jamais avoué à quiconque votre désir secret et meurtrier d’empoisonner votre époux ?
    Lady Hawisa déglutit et lui jeta un regard craintif.
    — Madame, insista Corbett, je ne vous accuse point. Je suis persuadé que vous n’avez pas trempé dans ce crime, mais le vin était bel et bien drogué ! Vous avez révélé votre envie profonde, votre tentation d’agir ainsi.
    Elle ferma les yeux et prit une profonde inspiration.
    — L’après-midi précédant le trépas de Lord Oliver, commença-t-elle, j’étais dans le jardin et m’occupais de certaines plantes. Je suis allée dans ce que je nomme l’Hortus Mortis, le jardin de la Mort. J’ai longuement regardé ces plantes vénéneuses et j’ai, derechef, éprouvé la vieille inclination.
    — Pourquoi ?
    — J’ai vu les nuages de fumée au-dessus de Mordern. J’ai compris que vous brûliez les corps de ces malheureux. Cet après-midi-là, Sir Hugh, je voulais vraiment occire mon mari. Ces désirs troublaient les humeurs de mon âme. J’ai quitté en hâte le jardin et suis venue céans. Je me suis assise dans la chaire de miséricorde et me suis épanchée à haute voix. On aurait pu m’entendre.
    — Mais il n’y avait personne, n’est-ce pas ?
    — Non, bien sûr que non.
    Elle hocha la tête.
    — Il est possible que quelqu’un se soit dissimulé, mais je ne le pense pas.
    — Est-ce la seule fois où vous avez formulé ces pensées criminelles ?
    Lady Hawisa acquiesça.
    — En êtes-vous bien certaine ?
    — Oui, Sir Hugh, mais...
    Sa voix mourut.
    Corbett s’approcha d’elle, prit sa main gantée d’une mitaine et lui baisa avec douceur le bout des doigts.
    — Merci, Lady Hawisa.
    Il se trouvait près de la porte de la chapelle, quand elle le rappela.
    — Madame ?
    Elle se dirigea lentement vers lui, le menton tremblant, les larmes aux yeux.
    — Je viens juste de m’en souvenir, Sir Hugh. J’en ai parlé à mon confesseur, le père Thomas, mais, bien entendu...
    Le clerc sortit de l’ombre.
    — Et à quelqu’un d’autre encore, Madame ?
    — En effet, concéda-t-elle avec peine. Je ne me suis fâchée contre mon époux qu’une seule fois, il y a des années. Nous étions seuls. Je m’étais rendue à la retraite. J’ai hurlé qu’un jour j’espérais qu’il boirait le poison que je lui donnerais.
    — Et qu’a-t-il répondu ?
    — Comme d’habitude. Il a eu un rictus et a haussé les épaules comme si j’étais un oiseau importun tapant du bec contre la fenêtre, une quantité négligeable.
    — À qui Lord Scrope aurait-il pu le raconter ?
    — Peut-être à frère Gratian. Mais la seule

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