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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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personne en qui il aurait eu confiance, c’était en son âme damnée, Claypole.
    Un coup inattendu à l’huis la fit tressaillir. Corbett tira le verrou et ouvrit. C’était Ranulf, en compagnie d’un valet.
    — Veuillez m’excuser, Sir Hugh.
    Ranulf regarda par-dessus l’épaule de son maître et salua Lady Hawisa d’une inclinaison du buste.
    — Chanson a du nouveau. Il doit d’urgence nous narrer quelque chose.
    Le clerc des écuries avait du mal à maîtriser son excitation. Il ne cessait de faire les cent pas dans la chambre de Corbett à qui il fallut quelque temps pour le calmer. Chanson, fou de joie, se frottait les mains et adressait des sourires triomphants à Ranulf, qui, en retour, se contentait de le fixer d’un regard sévère.
    — Maître, frère Gratian et les pains de Marie...
    — Eh bien ?
    — Il est descendu au milieu de la matinée, juste après tierce, pour les distribuer. Les nécessiteux étaient rassemblés aux portes du château. Gratian était là, dans son rôle de bon pasteur offrant du pain. J’ai bien regardé. Sir Hugh, quand les affamés reçoivent de la nourriture, ils se jettent dessus, mais j’ai remarqué trois robustes mendiants... oh, ils étaient en haillons, la chevelure et la barbe hirsutes, pourtant quand ils ont pris leur part, ils l’ont juste attrapée et sont partis sans s’attarder.
    Corbett leva la main.
    — Tu as bien dit « robustes » ?
    — Pour sûr, déclara Chanson. Maître, j’ai déjà mendié ma pitance. Eux avaient l’air bien nourris et, ce qui était vraiment suspect, c’est que, contrairement aux autres, ils ont juste pris le pain, sans y mordre, et sont repartis en hâte sur le chemin de Mistleham. Je les ai suivis. Et, ce qui est encore plus curieux, Maître, c’est que ces vagabonds peuvent se permettre de loger au Rayon de miel.
    Corbett, l’air radieux, tendit les bras et, tout en serrant Chanson contre lui, lança un clin d’oeil à Ranulf par-dessus l’épaule du clerc.
    — Beau travail, mon bon et fidèle serviteur !
    Il relâcha son étreinte.
    — À présent, Chanson, sellons nos chevaux et allons voir ces claquedents qui n’ont pas grand-faim et peuvent louer une chambre dans une taverne.
    Quelques instants plus tard, Corbett, Ranulf et Chanson débouchèrent sur la place du marché de Mistleham. Le commerce de l’après-midi ne battait pas son plein, nombre d’apprentis s’étant rendus dans le cabaret ou la rôtisserie la plus proche en quête d’une cruche de bière ou d’un repas. La troupe de bateleurs ambulants était maintenant fort affairée à monter le décor sur l’estrade afin d’encourager les spectateurs à venir les voir. Le chef, toujours debout sur la tribune, décrivait à qui voulait l’entendre les dangers de l’Enfer, où on servait aux pécheurs des gobelets de liquide brûlant et, en guise de nourriture, des crapauds et des serpents cuits dans le soufre. Un autre membre du groupe avait disposé un petit étal près des chariots et proposait toutes sortes de médicaments contre chaque maladie connue. Quand Corbett et ses compagnons passèrent, le charlatan instruisait une pauvre femme qui se tenait la joue des bienfaits d’un mélange de vinaigre, d’huile et de soufre pour guérir les ulcérations buccales tandis qu’une chandelle de suif de mouton, additionnée aux graines de houx de mer, était un traitement merveilleux pour les dents gâtées. Il fallait, trompetait-il, approcher la chandelle de la dent cariée et tenir, au-dessous, un bol d’eau froide : les vers qui infectaient la dent tomberaient tout simplement dans le bol. Corbett et Ranulf mirent pied à terre. Le magistrat sourit. Il avait déjà entendu cette histoire. Les autres scènes du marché le frappaient aussi vivement : les étals qui attiraient le chaland, deux fols, ivres morts, qui dansaient ensemble, les baillis qui montaient la garde, les cris d’un chien et d’un chat qui se provoquaient l’un l’autre. Un voyageur venu de loin, la peau tannée par le soleil, était monté sur un socle de pierre près de l’église, impatient de raconter l’histoire des merveilles qu’il avait vues. Corbett fit une courte pause, contempla les alentours, puis regarda vers le Rayon de miel.
    — Chanson, dit-il à mi-voix, quand nous serons à la taverne, conduis les chevaux dans la ruelle. Ranulf, suis-moi à l’intérieur.
    La grand-salle, spacieuse et basse de plafond, était bondée. Les poutres

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