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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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inutilement », larmoya Catherine.
    Comme accablée, elle se laissa aller dans le fauteuil que Griffon avait quitté précipitamment pour la recevoir, et elle reprit, douloureusement affectée :
    « J’étais bien tranquille, le croyant chez lui… Maintenant je ne vais plus vivre jusqu’à ce qu’il soit rentré… C’est terrible, c’est insensé !… Vous verrez qu’il lui arrivera malheur… J’en ai le pressentiment. »
    Griffon eut un vague mouvement des épaules. Il ne desserra pas les dents. Évidemment le fidèle serviteur ne voulait pas participer à une conversation qui s’annonçait comme une critique des actes de son maître. Ne pouvant se permettre d’élever la voix devant la mère du roi, il se contentait de protester par son silence.
    Ce n’était évidemment pas la première tentative de ce genre faite par Catherine. Elle devait être parfaitement fixée sur les sentiments de son interlocuteur. Elle n’insista pas. D’ailleurs, elle avait dit ce qu’elle jugeait essentiel de dire : les folles imprudences du roi causeraient un irréparable malheur. Ce qui, le moment venu, lui permettrait de dire que ce malheur ne se fût point produit si on l’avait écoutée.
    Seulement elle ne partit pas pour cela. Au contraire, elle s’accommoda dans son fauteuil, comme quelqu’un qui n’est pas disposé à s’en aller de sitôt. Et ce n’était pas non plus la première fois qu’elle s’attardait à bavarder ainsi, familièrement avec Griffon, car il ne parut pas plus surpris de ses préparatifs qu’il n’avait été de la voir apparaître soudain.
    Elle commença par lui adresser une foule de recommandations au sujet des soins incessants que nécessitait la santé délicate de son fils.
    Car ce n’était pas la reine qui parlait. C’était la mère tendrement inquiète.
    Et il l’écoutait, respectueusement attentif, sans que rien dans son attitude indiquât s’il était dupe ou non de cette sollicitude qu’elle simulait d’ailleurs avec l’art consommé d’une prestigieuse comédienne, qu’elle était en effet.
    Tout en parlant, elle tendait l’oreille vers l’antichambre qui précédait la pièce où ils se tenaient. Dans cette antichambre se trouvaient les serviteurs du valet de chambre du roi, qui veillaient sur lui pendant qu’il veillait sur le roi, et par lesquels il fallait passer pour arriver jusqu’à lui, comme il fallait passer par lui pour arriver jusqu’au roi.
    Elle perçut un léger brouhaha dans cette antichambre. Elle se dit que c’était le laquais envoyé par le concierge qui venait enfin accomplir sa mission. Elle eut un imperceptible sourire de satisfaction : le drôle avait consciencieusement traîné sa route, grâce à lui elle avait pu accomplir des actes et des démarches qui, très naturels avant sa venue, eussent été terriblement compromettants après.
    Elle se leva. Juste à ce moment on gratta à la porte. Elle feignit de ne pas entendre et dit :
    « Je m’attarde, et voilà que j’oublie que j’ai fait appeler dans mon cabinet les commandants des gardes. »
    Elle sortit.

XXVIII – LA FIN DE L’ALGARADE
    Griffon avait très bien entendu qu’on avait gratté à sa porte. Le respect de l’étiquette l’avait empêché de bouger tant que la reine était là. Dès qu’elle fut partie, il se hâta d’aller voir ce qu’on lui voulait.
    Le laquais envoyé par le concierge était là. Il s’acquitta enfin de sa commission. Elle tomba sur Griffon comme un coup de foudre, qui partit en courant.
    Fiorinda le vit apparaître au moment où elle se disait que c’était fini, qu’il ne viendrait plus maintenant. Griffon emmena la jeune fille sur-le-champ. Sans perdre un instant elle mit Griffon au courant de la situation, dans laquelle se trouvaient le comte de Louvre et le chevalier de Beaurevers.
    Le fidèle serviteur l’écouta avec tout l’intérêt que comportait à ses yeux une aussi grave nouvelle. Et pendant qu’elle parlait, il réfléchissait, prenait mentalement ses dispositions.
    Mais, si pressant que fût le péril, il était des choses qu’il fallait faire de toute nécessité. La première de ces choses était d’empêcher cette jeune fille de soupçonner la vérité. Et il expliqua :
    « Je n’ai pas de famille. M. le comte de Louvre est mon filleul, je me suis attaché à lui, je n’ai que lui, et je l’aime aussi tendrement que s’il était mon propre fils. Attendez-moi là, ne faites pas de bruit, ne

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