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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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près.
    Au lever du repas et tandis
qu’Alazaïs, Miroul et la Florine disposaient les sièges autour du feu – la
librairie étant trop froide par cette nuit neigeuse pour s’y retirer avec les
dames – Catherine me prit à part à l’autre bout de la table et me dit, le
bras dans le mien passé :
    — Monsieur mon frère, j’ai ouï
par Samson qu’après son département de céans avec Dame Gertrude du Luc (elle ne
mentionnait point Zara qu’elle affectait de ne point voir non plus, outrée
qu’elle était de son batifolage avec le baron de Mespech), votre propos est de
vous aller installer médecin en Bordeaux.
    — Tel est, en effet, mon
projet, dis-je, assez peu content que Samson eût jasé, Catherine, tout muet
qu’il fût, étant habile à lui crocheter les mots hors la bouche.
    — D’où vient donc, dit-elle
retirant sa main de mon bras, branlant ses boucles blondes en son ire et levant
haut la crête en un courroux que peut-être elle contrefeignait, d’où vient que
Samson l’ait su avant moi ?
    — Madame ma sœur, dis-je, assez
piqué qu’elle me voulût de prime abord pécheur et repentant, ai-je avec vous
passé contrat de tout vous dire ?
    — Nenni. Mais votre fraternelle
amour vous eût dû y porter peut-être, dit-elle avec une petite moue.
    Mais à cela je restai de marbre et
voyant bien qu’elle ne m’avait point du tout mis à genoux, elle prit le parti
de me rendre sa main, son souris et ses beaux yeux pervenche et me dit en me
tendant la joue :
    — Qu’importe, Pierre, je vous
pardonne. Baisez là !
    Ce que je fis, mais point à la
fureur, tout mignonnant que je sois à mon accoutumée avec ce sexe sublime, mais
allant à ces poutounes-là comme un chat, la patte sur le recul, la moustache
hérissée et inquisiteuse, étant méfiant assez de ce captieux début et de ces
griffes sous ce velours. Inquiète, je pouvais voir de mon œil senestre que la
Gavachette l’était aussi, laquelle laissait traîner aux alentours ses petites
oreilles, tout affairée qu’elle paraissait être – elle pourtant si
apparessante – à frotter la grande table derrière notre dos.
    — Mon Pierre, reprit Catherine
après m’avoir mon baiser rendu, médecin, vous allez prendre logis en Bordeaux,
et tant que vous n’aurez pas marié votre Angelina, il vous faudra femme pour
ménager votre maison et commander Miroul et sa Florine. Que ne
m’emmenez-vous ? J’y serais, je crois, suffisante.
    Eussé-je su que répondre à cela (qui
me laissa d’abord béant) que je n’en aurais eu le temps, pour ce qu’entre nous
surgit la Gavachette, son œil noir de Roume noircissant de fureur.
    — Madame, dit-elle, les deux
mains sur les hanches, s’il est femme en cette maison que Pierre devrait
prendre avec lui en Bordeaux, c’est assurément moi, qui suis sa garce et qui
lui baillerai des commodités auxquelles une sœur ne saurait prétendre.
    — Quoi ? cria Catherine
fort redressée et tout à plein hors de soi, quoi, oiselle ! oses-tu bien
m’interrompre en cet entretien ? Et présumer me faire pièce ? Va-t’en
en ta cuisine, souillon ! Va, crapaute ! Vipère ! Verte
lézarde !
    — Madame, dit la Gavachette en
lui faisant en irrision une profonde révérence, toute serpente que je sois,
j’ai bel homme sur ma coite et de lui j’ai conçu !
    — Escorpionne ! cria ma
sœur, cuides-tu que ton vilain péché te donne le pas sur moi ?
    Et sur la Gavachette marchant tout
soudain, par deux fois elle la souffleta.
    — Ha Madame ! Faire
batture à une femme grosse ! C’est traîtrise ! cria la Gavachette qui
eût rendu coup pour coup, je crois, si entre les deux garces me mettant
vivement, je n’avais retenu son bras, mon dos empêchant Catherine de continuer
ses assauts, à quoi elle avait fort appétit, tâchant de me déborder. Ce que
voyant mon père, et dans quel prédicament je m’encontrais là, me trouvant sous
le double feu de ces furies, il se leva et me vint incontinent en renfort,
commandant à Catherine de se retirer en sa chambre et à la Gavachette en la
souillarde. Ce qu’elles firent, grinçant quasiment des dents et l’œil –
noir ou bleu pervenche – étincelant de tous ses feux.
    — Et quel était, mon Pierre,
dit Jean de Siorac, quand chacune de son côté, elles eurent départi en un
furieux balancement de leurs cotillons, l’un de toile et l’autre de brocart.
Quel était le propos ou prétexte de cette becquetade ?
    Je

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