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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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Vive Guise ! » En
quoi il erra, car dans le branle qu’il se donna, son bandeau lui glissa de son
œil bleu, lequel il remit en place, mais le mal était fait : L’épiante
dame avait eu le temps, je crois, de reconnaître ses yeux vairons, et bien
assurée d’ores en avant de ne se pas tromper, appela du doigt un grand faquin
que je reconnus pour le majordome de la Montpensier.
    — Saillons de là, Miroul !
dis-je sotto voce, on va nous mettre en pièces !
    Par malheur, saillir de là, cela
voulait dire tourner le dos à notre logis et refuge qui était en le quartier de
la Ville, tant il était impossible de traverser l’immense cortège qui se
trouvait précéder le Guise, la seule issue étant la queue, ce qui voulait dire
repasser le pont Notre-Dame et nous retrouver dans la Cité où je ne connaissais
aucune maison amie, ce que nous fîmes d’abord au pas, tant que la presse fut
grande assez pour que nous puissions espérer nous y perdre. Et quand elle se
clairsema et que nous vîmes à nos trousses une dizaine de spadaccini, et
la distance entre eux et nous diminuant, les gambes à notre col.
    — Miroul, dis-je, ces marauds
gagnent sur nous. La rue est déserte, la foule étant à crier « Vive
Guise ! ». Dégainons et attendons-les !
    — Moussu, vous n’y pensez pas,
dit Miroul, tout soufflant. Ils sont dix. Dix contre deux, c’est prou.
    — Alors, dis-je, jouons
l’Horace de la fable. Au tournant de la proche rue, sortons nos pistolets de
nos chausses, faisons face, tirons les deux qui sont en tête. Reprenons notre
course. Recommençons plus loin. Six contre deux, voilà qui irait mieux.
    — Moussu, dit Miroul, je ne
sais qui est cet Horace. Mais il avait beaucoup d’esprit.
    On fit donc par deux fois ce que
j’avais dit, ce qui eut pour effet, non seulement de diminuer le nombre de nos
ennemis (que le Seigneur me pardonne ces morts pour la défense de nos peaux et toisons),
mais de ralentir leur course, aucun d’eux ne se souciant prou à courir plus
vite que ses compagnons à voir ce qui était arrivé par deux fois aux plus
véloces. Cependant, quand sortant des étroites ruelles tournoyantes de la Cité,
nous atteignîmes le pont Notre-Dame, lequel était malheureusement aussi droit
qu’une règle de charpentier, ces faquins se déployant sur toute la largeur
dudit pont, lequel était fort large d’un logis à l’autre (étant ces ponts
parisiens bordés de maisons, comme j’ai dit déjà) nous coururent sus comme
démons ailés, Miroul ayant tout juste le temps d’en abattre un encore en
lançant un cotel. Ils furent sur nous en un éclair : il n’y eut plus qu’à
dégainer. Et bien j’entendis tout de gob l’immense péril où nous étions car, dès
que leurs épées croisèrent les nôtres, je reconnus que ce ne serait pas de la
petite escrime, ces gens-là étant de la profession.
    — Votre botte, Moussu !
cria Miroul en oc. Laquelle botte dite de Jarnac que m’avait apprise Giacomi,
mais dont je n’avais mie, avant ce jour, usé, le maître m’ayant fait jurer de
n’y recourir qu’en toute extrémité, je me préparai à exécuter contre celui des
trois assaillants qui me paraissait le plus redoutable, ayant déjà navré au
bras l’un de ce nombre, lorsque surgit tout soudain sur le pont jusque-là
désert un jeune homme, masqué, lequel dit d’une voix douce et chantante :
    — Cinq contre deux, c’est
prou ! Je ne le peux souffrir !
    Et dégainant, se mit à mon côté. Ce
qui me déchargea d’un de mes adversaires, et mon navré au bras se retirant du
combat, je repris espoir, maugré la science du spadaccino qui m’était
opposé, et dont, dans une certaine guise, je tâtais alors si sournoisement la
lame qu’il recula soudain de deux pas comme si serpent l’avait piqué. Ce qui me
permit de jeter un œil au jeune gentilhomme à mon côté et de noter en un
battement de cil sa joue imberbe, son œil vif derrière le masque (lequel
s’arrêtait au nez) et la finesse de sa main baguée.
    — Monsieur, la merci à vous,
dis-je.
    À quoi il sourit sans répondre mot
ni miette, et moi voyant mon spadaccino se retraitant encore, je
m’avançai à lui et dis.
    — Eh bien faquin, qu’est
cela ? Tu n’y vas plus d’un aussi bon foie !
    — Monsieur, me dit-il en me
saluant de loin de son épée, excusez-moi, mais il m’a semblé à la façon dont
vous avez lié mon épée que vous possédez quelque secrète botte.
    — Maraud,

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