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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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montre-horloge ? Ai-je été sans effet aucun sur
le prédicament en Guyenne ? À Boulogne ? À Londres ? Et à
Sedan ? La Ligue me tiendrait-elle à si grande détestation si je n’étais
utile au Roi ? Savez-vous que le Guise a exigé de Sa Majesté la disgrâce
du révérend docteur médecin Marc Miron, pour ce que, étant truchement entre
Henri et lui-même sur ledit d’Union, Guise l’avait trouvé trop zélé et
affectionné à la cause de son maître ? Savez-vous que le Guise ose presser
le Roi de renvoyer Chicot ?
    — Quoi, son fol ?
    — Oui-dà ! Quéribus me l’a
dit. Et si même un fol est, en l’opinion de Guise, utile à mon bon maître, ne
le suis-je pas, moi, à plus forte raison, et peux-je par couardise me dérober à
son appel, quand ses fidèles sujets autour de lui s’éclaircissent ?
    — Ha ! dit Angelina en
mouillant mon épaule de ses pleurs, vous aimez votre Roi plus que moi-même et
nos enfants !
    — Mamie, dis-je non sans
quelque raideur, vous m’étonnez : ne pouvez-vous imaginer ce qu’il
adviendrait de vous, d’eux et de moi, si Guise triomphait ? Soyez bien
assurée que dans la réalité des choses, je ne sers pas que mon Roi (qui est
aussi le vôtre) mais le servant, ma nation, ma famille…
    — Et votre Église, dit-elle non
sans quelque aigreur que sa voix, toutefois, adoucit.
    — Nenni ! Nenni !
Nenni ! dis-je avec force. Je ne sers aucune Église au détriment d’une
autre ! Ce serait mon vœu qu’elles coexistassent et que chacun fût libre
de choisir celle qu’il aura voulue.
    Voyant alors que, ma décision étant
prise, elle ne saurait gagner sur elle, et se peut aussi ébranlée par les
mobiles qui la justifiaient – car, encore qu’elle contrefeignît de ne
jamais se rendre à mes raisons, pour ce que, être convaincue lui paraissait le
même qu’être vaincue, elle ne laissait pas toutefois que d’y être
sensible – elle s’accoisa, sécha ses larmes et ne parla plus que de choses
sans conséquence – brimborions et broutilles, eût dit mon Quéribus. Et
dans le mois qui suivit, qui était le mois de septembre, Quéribus départant
pour Chartres le 2 et en revenant le 30 pour me quérir et m’emmener à Blois,
comme le Roi le lui avait commandé, elle montra, en vraie Romaine, ou
devrais-je dire plutôt, en vraie Montcalm, assez de hautesse et de force d’âme
pour passer la bride aux larmes, aux plaintes, aux soupirs, aux regards
désolés, et ne me montrer plus qu’un front uni et un visage riant, bien
persuadée, comme elle me l’a dit depuis, qu’elle ne me reverrait jamais plus,
et pour cette raison même, me voulant avec elle heureux pour le dernier mois de
ma vie.
    Mon Quéribus, dès que, sur mon
départir, on eut passé le châtelet d’entrée de ma petite seigneurie, et pris
par la forêt de Montfort-l’Amaury (que les habitants de Rambouillet sont bien
marris qu’on nomme ainsi, pour ce qu’elle jouxte tout aussi bien leur bourg que
le nôtre, lequel toutefois est plus gros et de plus grande conséquence), mon
Quéribus parut si jubilant et si fiant en l’avenir, que venant au botte à botte
avec lui, je lui en demandai la raison.
    — C’est que le Roi, dit-il, à
peine advenu à Blois, a renvoyé d’aucuns de ses ministres.
    — Lesquels ?
    — Ne les devinez-vous ?
Les ligueux et guisards. En bref, ceux que lui avait donnés sa mère et grâce à
qui il ne pouvait tourner un œuf sans qu’elle le sût…
    — Donc, dis-je, Cheverny,
Villeroi, Pinard, Brulard…
    — Et Bellièvre.
    — Celui-là, dis-je, je l’ai vu
à l’œuvre à Londres. Outre que c’était le plus grand chattemite de la création,
il exsudait l’Espagne par tous les pores. Donc exit le pompeux Pomponne,
et exeunt tous autres grimauds qui prenaient leurs ordres d’un Lorrain,
d’un Espagnol, d’un pape italien, bref du monde entier, sauf du Roi de France.
Et par qui sont-ils remplacés ?
    — Par de bonnes, honnêtes et
obscures gens qui ont l’avantage de ne rien savoir de la Cour, qui sont ébahis
de leur élévation, seront muets comme tombes et qui, devant tout au Roi, lui
seront en tout soumis.
    — Enfin ! dis-je, la Dieu
merci ! Les connais-je ?
    — Vous connaissez Montholon. Il
est l’oncle de votre ami l’Étoile. Et Revol, qui fut l’intendant des finances
d’Épernon.
    — Voilà qui montre, dis-je en
riant, la substance, le suc et la réalité de sa disgrâce…
    — Eh bien, Monsieur

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