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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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Ainsi de moi. Dépêchons Miroul incontinent à
Puymartin et encore que le combat soit inégal, à la grâce de Dieu !
Mespech ne peut laisser brûler son village à son nez !
    — Alors, prions que Puymartin
arrive à temps ! dit Siorac. Maligou, Barberine, nouez un chiffon blanc au
bras de nos hommes. Qu’ils n’aillent pas s’entroccire, quoique la nuit, par
bonne chance, soit lunaire assez. Miroul, dis à Puymartin de mettre aux siens
pareille écharpe. Mon frère, reprit-il en français, je désire que vous gardiez
le château en notre absence avec Faujanet, Coulondre Bras-de-Fer, Escorgol et
François.
    — Que nenni ! s’écria en
français Sauveterre, tout soudain ivre de rage qu’on le voulût laisser derrière
les murs avec un bancal, un manchot, un bedonnant et un couard. Je serai du
combat et le veux ainsi !
    — Mais, mon frère, votre
gambe !
    — Elle me porte ! dit le
co-seigneur, plus encoléré que je ne l’avais jamais vu. Que quérir de
plus ?
    — Mais peux-je laisser le
ménagement de la défense de Mespech à François qui est si jeune ?
    — Vous le pouvez. François
manœuvre à merveille nos couleuvrines et nous ne serons si loin que nous ne les
oyions, si elles tonnent.
    — François, l’avez-vous ainsi
pour agréable ? dit mon père, sur un ton froidureux assez, étant déçu que
son aîné n’eût jeté flammes et feu pour être de la partie, comme assurément
j’eusse fait à sa place.
    — Monsieur mon père, dit
François, son long visage correct restant imperscrutable, je ferai votre
commandement. Avec vous, si vous me voulez à Marcuays. Céans, si vous me voulez
céans. Et je peux alors vous assurer que je ferai bonne garde sur les remparts
tout le temps que serez parti.
    Il parla ainsi, non qu’il fût
couard, comme le cuidait Sauveterre qui était soldat à l’ancienne mode et avait
servi sous un Roi chevalier. Mon aîné calculait davantage. N’ayant chaleur ni
au cœur ni au ventre, il inclinait moins à sauver les pauvrets de Marcuays qu’à
sauvegarder le siège et château de sa future baronnie. Ce qu’il eût fait, de
reste, avec vaillance, si la fortune de guerre l’avait voulu.
    On sella les chevaux et quand
Escorgol releva la herse pour nous laisser passer, je vins au botte à botte
avec mon père, Jacotte montée en croupe se tenant à ses hanches. Et à la clarté
de la lune, je lui vis la face soucieuse sous le morion. Et certes il y avait
matière. Si ces marauds étaient vingt, nous n’étions pas la moitié si nombreux
qu’il eût fallu : la frérèche, les deux cousins Siorac, (dont l’un avait
reçu balafre au combat de la Lendrevie), le Gascon Cabusse, Jonas le carrier,
Pétromol, Fröhlich, Giacomi et moi. Cela faisait dix en tout, puisqu’on ne
pouvait compter sur Miroul qu’on venait, sans grande espérance de le trouver au
gîte, de dépêcher à Puymartin, lequel courait comme fol de fête en fête dans
les châteaux des alentours.
    On démonta derrière un mas désoccupé
qui se nommait la Fumélie, lequel comprenait un clos de prés et de labours en
contrebas du mur d’enceinte du village, preuve que les gueux se gardaient mal,
puisqu’ils eussent dû s’assurer de la possession de cette maison qui commandait
le chemin venant de Mespech.
    On laissa Pétromol avec nos
montures, sans doute parce que mon père avait de lui quelque doutance, ne
l’ayant jamais vu combattre, et c’est à neuf seulement, emmenant avec nous
Jacotte, qu’on s’approcha en silence dudit mur qui enclosait le village et que
fermait, au nord, une forte porte garnie d’une guérite où veillait (et dormait
assurément au moment de la surprise) un éclopé, ivrogne et vieil, du nom de
Villemont, qui n’eût su rien faire d’autre que le veilleur et qui le faisait
mal, y ayant perdu la vie comme il était probable.
    — Jacotte, dit mon père à voix
basse en cheminant, tu vas aller toquer à l’huis, disant que tu es la servante du cura, rentrant d’une veillée de mas, et dès que ces vilains déclouiront, tu
t’ensauveras au cimetière pour y demeurer cachée.
    — Moussu lou Baron, dit la
Curotte, je prierai la Benoîte Vierge pour mon cura, pour vous et aussi,
ajouta-t-elle après avoir quelque peu balancé, pour Moussu l’Escudier.
    — Amen, dit mon père.
Compagnons, poursuivit-il à voix étouffée, ses gens faisant cercle autour de
lui, dégainez sans froissement de fer et tenez les pointes en bas de peur de
vous

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