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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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avec un
scélérat ?
    — Faut bien, Moussu !
Aussi vrai que mon nom est le grand Jacquet ! Mon pistolet court plus
vitement que votre épée.
    — Le crois-tu, vilain ?
cria Sauveterre, lui portant une terrible botte, mais qui n’atteignit pas son
but, sa traîtreuse et claudicante gambe ne lui permettant pas de se fendre
assez. Ce que voyant le drole, changeant sa visée, il fit feu sur l’oncle, qui tomba
sous la force du coup et le tireur à la seconde près, percé par moi de part en
part.
    Je me jetai au genou de l’oncle.
    — Ce n’est rien, dit Sauveterre
d’une voix ferme assez. Je monterai à cheval dans huit jours. Pierre,
défenestre ce gueux pour que les siens le voient et perdent cœur.
    Mais le drôle était grand et lourd
et mon corselet de surcroît me gênant, je dis :
    — Garce, (je ne nommerai son
nom, lui ayant promis de le taire) viens me prêter la main !
    Ce qu’elle fît, nue qu’elle était et
à nous deux, non sans nous donner peine, on fit comme Sauveterre avait dit.
    — Que c’était un beau grand
drole ! dit la garce, quand il eut chu sur le pavé de la place. Que c’est
pitié !
    — Que c’eût été pitié plus
grande, coquefredouille, s’il t’avait occise après t’avoir dépucelée.
    — Que je me l’apensais bien
aussi, dit la garce, l ’ auzel qué canta lo matin , lo ser sera plum at [8]  !
Mais maintenant, me voilà tout à plein déshonorée, sans même avoir eu la
commodité de la chose ! Moussu, si vous jasez, il n’y aura point de mari
pour moi en tout le pays alentour.
    — Va, va, je m’accoiserai.
    — Encore que tu ne le mérites
guère, dévergognée, dit Sauveterre qui s’étant quelque peu accoté au mur,
regarnissait son pistolet, quoique fort haletant et la face fort pâle.
Enrobe-toi, garce, ensauve-toi et prie pour ton péché. Pierre, ne te montre
point à la fenêtre.
    À ce moment, on entendit un
cri :
    — Le grand Jacquet en a !
    Et Sauveterre me tendant son
pistolet, je risquai un œil par la fenêtre et faisant feu, dépêchai le crieur.
Après quoi, je ne fus guère long à recharger mon arme, quoique inutilement, les
gueux lâchant pied dans la confusion et les nôtres leur courant sus pour leur
tailler des croupières. Mais un fort nuage noir cachant alors la lune, mon
père, toutefois, leur cria de rallier, craignant qu’ils ne s’entretuent en
dépit de leurs écharpes blanches.
    — Pierre, dit Sauveterre, la
face ferme assez, mais la voix, à ce qu’il me sembla, faiblissante, décroche ce
curé de sa poutre. Paillard et traîtreux qu’il est, il ne mérite pas le sort du
bon larron, ni même du mauvais.
    J’y courus et dans la salle entrant,
vis mon père qui vers moi bondissant, cria :
    — Pierre, es-tu sauf ?
    — Oui-dà ! Et vous, mon
père ?
    — Sans un poil tombé ! Et
tout joyeux, il me bailla une forte brassée, frottant sa moustache sur ma joue.
Et Sauveterre ? ajouta-t-il.
    — Navré d’une pistolétade. Mais
il dit qu’il montera à cheval dans huit jours.
    — Ha ! J’y vais ! dit
Siorac, son visage s’abrunissant.
    Je l’allais suivre quand une voix
dit du plafond.
    — Ha ! Moussu !
Aidez-moi ! Je pâtis prou ! À peu que mes bras ne se brisent !
    Et Giacomi, à son tour entrant, je
lui dis de soulever le curé Pincettes par les gambes dans l’air ballantes pour
aiser les poids du corps : et cela fait, de deux coups d’épée je tranchai
les cordes. Pincettes s’affaissa comme poupée de son sur l’épaule de Giacomi,
gémissant que c’en était fait de ses poignets, desquels je défis les liens, la
chair en étant à l’alentour, boursouflée et violacée, mais sans saignement, ce
dont j’augurai bien, d’autant que de rompement d’os à la palpation, je
n’encontrai aucun, ni au poignet ni à l’épaule, mais assurément un fort
étirement des tendons et déchirement des muscles qui devraient incommoder le
tourmenté au moins jusqu’à l’an neuf.
    Jacotte, de son cimetière revenue,
voyant son curé en ce prédicament, battit des ailes comme poule effarée et se
mit à tourner en rond, plus babillante que moulin en eau vive. Je lui commandai
de s’accoiser, de frotter les bras de son cura à l’esprit-de-vin, de le
coucher en sa coite et de lui donner, pour dormir un peu d’opium que je savais
qu’elle détenait, Pincettes, moyennant clicailles, faisant quelque peu
l’apothicaire à l’alentour, mais la Dieu merci, en si petite

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