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Le Prince

Le Prince

Titel: Le Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Machiavel
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son successeur est élu par ceux à qui appartient
cette élection ; et du reste, comme cet ordre de choses est
consacré par son ancienneté, il ne présente point les difficultés
des principautés nouvelles : le prince, à la vérité, est
nouveau, mais les institutions sont anciennes, ce qui le fait
recevoir tout comme s'il était prince héréditaire. Revenons à notre
sujet.
    Quiconque réfléchira sur tout ce que je viens
de dire, verra qu'en effet la ruine des empereurs dont j'ai parlé
eut pour cause la haine ou le mépris, et il comprendra en même
temps pourquoi les uns agissant d'une certaine manière, et les
autres d'une manière toute différente, un seul, de chaque côté, a
fini heureusement, tandis que tous les autres ont terminé leurs
jours d'une façon misérable. Il concevra que ce fut une chose
inutile et même funeste pour Pertinax et pour Alexandre-Sévère,
princes nouveaux, de vouloir imiter Marc-Aurèle, prince
héréditaire ; et que, pareillement, Caracalla, Commode et
Maximin se nuisirent en voulant imiter Sévère, parce qu'ils
n'avaient pas les grandes qualités nécessaires pour pouvoir suivre
ses traces.
    Je dis aussi qu'un prince nouveau peut et
doit, non pas imiter, soit Marc-Aurèle, soit Sévère, mais bien
prendre, dans l'exemple de Sévère, ce qui lui est nécessaire pour
établir son pouvoir, et dans celui de Marc-Aurèle ce qui peut lui
servir à maintenir la stabilité et la gloire d'un empire établi et
consolidé depuis longtemps.

Chapitre 20 Si les forteresses, et plusieurs autres choses que font souvent les
princes, leur sont utiles ou nuisibles
    Les princes ont employé différents moyens pour
maintenir sûrement leurs États. Quelques-uns ont désarmé leurs
sujets ; quelques autres ont entretenu, dans les pays qui leur
étaient soumis, la division des partis : il en est qui ont
aimé à fomenter des inimitiés contre eux-mêmes ; il y en a
aussi qui se sont appliqués à gagner ceux qui, au commencement de
leur règne, leur avaient paru suspects ; enfin quelques-uns
ont construit des forteresses, et d'autres les ont démolies. Il est
impossible de se former, sur ces divers moyens, une opinion bien
déterminée, sans entrer dans l'examen des circonstances
particulières de l'État auquel il serait question d'en appliquer
quelqu'un. Je vais néanmoins en parler généralement et comme le
sujet le comporte.
    Il n'est jamais arrivé qu'un prince nouveau
ait désarmé ses sujets ; bien au contraire, celui qui les a
trouvés sans armes leur en a donné, car il a pensé que ces armes
seraient à lui ; qu'en les donnant, il rendrait fidèles ceux
qui étaient suspects ; que les autres se maintiendraient dans
leur fidélité, et que tous, enfin, deviendraient ses partisans. À
la vérité, tous les sujets ne peuvent pas porter les armes ;
mais le prince ne doit pas craindre, en récompensant ceux qui les
auront prises, d'indisposer les autres de manière qu'il ait quelque
lieu de s'en inquiéter : les premiers, en effet, lui sauront
gré de la récompense ; et les derniers trouveront à propos
qu'il traite mieux ceux qui auront plus servi et se seront exposés
à plus de dangers.
    Le prince qui désarmerait ses sujets
commencerait à les offenser, en leur montrant qu'il se défie de
leur fidélité ; et cette défiance, quel qu'en fût l'objet,
inspirerait de la haine contre lui. D'ailleurs, ne pouvant pas
rester sans armes, il serait forcé de recourir à une milice
mercenaire ; et j'ai déjà dit ce que c'est que cette milice,
qui, lors même qu'elle serait bonne, ne pourrait jamais être assez
considérable pour le défendre contre des ennemis puissants et des
sujets irrités. Aussi, comme je l'ai déjà dit, tout prince nouveau
dans une principauté nouvelle n'a jamais manqué d'y organiser une
force armée. L'histoire en présente de nombreux exemples.
    C'est quand un prince a acquis un État
nouveau, qu'il adjoint à celui dont il était déjà possesseur, qu'il
lui importe de désarmer les sujets du nouvel État, à l'exception
toutefois de ceux qui se sont déclarés pour lui au moment de
l'acquisition : encore convient-il qu'il leur donne la
facilité de s'abandonner à la mollesse et de s'efféminer, et qu'il
organise les choses de manière qu'il n'y ait plus d'armée que ses
soldats propres, vivant dans son ancien État et auprès de sa
personne.
    Nos ancêtres, et particulièrement ceux qui
passaient pour sages, disaient communément qu'il fallait

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