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Le Prisonnier de Trafalgar

Le Prisonnier de Trafalgar

Titel: Le Prisonnier de Trafalgar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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Hazembat eut un accès de fou rire et se sentit soulagé. Il pouvait compter sur Mrs Drumclog pour que l’algarade vînt aux oreilles de Lady Dalrymple et il n’y avait guère de chance, dès lors, pour qu’elle accordât quelque crédit aux racontars de Conchita.  
    Néanmoins, dès le lendemain, il lui demanda audience. Les orages de l’été avaient causé quelques dégâts aux superstructures de la Jenny. Il n’y avait là rien qu’il ne pût réparer sur place, mais il en prit prétexte pour demander l’autorisation d’emmener pour quelque temps le navire aux docks de Leith afin de le remettre en état avant l’hiver. Ses relations avec Jenny plus que les menaces de Conchita lui faisaient souhaiter de prendre quelque distance avec les habitants de Bass Rock. Lady Dalrymple ne s’intéressa qu’au coût de l’opération.  
    — Je ferai le travail moi-même, milady. Ce sont seulement les outils qui me manquent ici.  
    Il ne revit ni Jenny ni Conchita avant de partir. Les Murdoch l’accompagnaient, mais ils emmenaient leur barque en remorque afin de rejoindre Bass Rock. Ni l’un ni l’autre ne semblaient avoir eu vent des incidents de la nuit.  
    En quelques jours, Hazembat termina les menus travaux dont la Jenny avait effectivement besoin, puis il s’installa dans un train-train de vie solitaire, dormant à bord après avoir flâné dans les auberges et les estaminets du port. Pendant la journée, il liait conversation avec les matelots des autres navires au mouillage, prêtant parfois la main pour haler une aussière ou pousser au guindeau.  
    Pour la première fois de sa vie, il était vraiment son maître et savourait cette indépendance nouvelle pour lui. En mer, sur le ponton, à Bass Rock, on était toujours plus ou moins serrés les uns sur les autres, dépendants les uns des autres. Ici, il avait tout un navire pour être seul et tout un port pour être sociable s’il le désirait.  
    Au hasard des conversations, il redécouvrait un monde dont il était coupé depuis plusieurs années. Napoléon, partout vainqueur, étendait maintenant son empire sur toute l’Europe. Seule, l’Espagne lui résistait tant bien que mal et, au Portugal, l’Angleterre était accrochée à son talon comme un chien qui ne veut pas lâcher son os. L’Europe était fermée au commerce britannique qui en souffrait, mais trouvait des compensations dans le trafic avec les Indes orientales et occidentales.  
    Tous les quatre ou cinq jours, à travers les tempêtes d’équinoxe, les Murdoch venaient de Bass Rock avec leur barque pour ramener des provisions ou du courrier. Ils se mêlaient peu de la vie des maîtres et savaient tout au plus que Charlie avait été renvoyé, ils ignoraient pourquoi.  
    — C’est le vieux Williams qui sert de valet, dit Angus, et il a bien du mal. M’est avis que Milady n’a pas l’intention de s’éterniser à Bass Rock.  
    Cela faisait plus d’un mois qu’il était à Leith. Il ne pouvait guère retarder beaucoup plus longtemps son retour. Avant de partir, il alla rendre visite à Malcolm et à Griffith qui vivaient dans la grande maison des Dalrymple à Edimbourg, maintenant fermée et vide.  
    — J’ai reçu des nouvelles du major, lui dit Malcolm. Il était à la bataille que Wellington a livrée à Masséna dans le nord du Portugal.  
    — Et qui a gagné ?  
    — Tout ce qu’il dit, c’est que les Français ont eu trois fois plus de pertes que les Britanniques. Sir Hew a été nommé brigadier chargé des approvisionnements à Lisbonne.  
    On devrait avoir reçu les mêmes nouvelles à Bass Rock, car, lorsque au début d’octobre Hazembat mouilla devant la grève, il vit Jenny qui descendait le sentier en courant pour venir au-devant de lui.  
    — Hazy ! Pourquoi êtes-vous resté si longtemps ? Vous ne m’avez même pas dit au revoir !  
    Il montra le navire.  
    — C’est de cette Jenny-là que je dois d’abord m’occu-per. Il ne faut pas que je pense trop à l’autre.  
    — Il faudra que vous pensiez aux deux, Hazy. Ma tante a reçu une lettre d’Uncle Hew. Vous allez nous conduire à Lisbonne.  
    En effet, Lady Dalrymple le fit appeler dès son arrivée.  
    —  Mr Hazembatt, dit-elle, nous allons rejoindre mon mari à Lisbonne à bord du yacht. J’espère qu’il est en bon état.  
    — Le yacht, oui, milady, mais je n’ai pas de matelots et je ne sais pas si je serai capable d’assurer la navigation en haute

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