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Le Prisonnier de Trafalgar

Le Prisonnier de Trafalgar

Titel: Le Prisonnier de Trafalgar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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qu’agitait la petite silhouette sur la rive, elle demanda à Hazembat qui tenait la barre :  
    — Elle ne va pas trop vous manquer, Hazy ?  
    — Un peu, si. Et à vous, Jenny ?  
    — Bien sûr que si, mais j’ai tant souhaité qu’elle s’en aille !  
    — Pourquoi ?  
    — Sans doute parce que sa présence me donnait trop l’impression d’être encore une petite fille.  
    — Vous n’en êtes plus une, Jenny. Elle rit d’un air provocant.  
    — Encore heureux que vous vous en aperceviez, Hazy !  
    Les suivants à partir furent Lorna et Duncan. Avec l’argent que leur avait légué Sir John, ils ouvraient une auberge à Kirkaldy. Hazembat les accompagna eux aussi.  
    Puis vint le tour de Mac Leod qu’Hazembat conduisit à Dunbar. Une dernière fois, le docteur l’invita à boire un verre dans la grande maison familiale où vivaient aussi un Mac Leod avocat et un Mac Leod marchand avec leurs familles. Le verre se transforma en une ripaille qui dura toute la nuit. Les Mac Leod étaient des Whigs et l’on but à la chute du gouvernement et à la paix.  
    — Que feras-tu après la paix, sailorr ? demanda le docteur.  
    — Je ne sais pas.  
    C’était une question qu’il s’était souvent posée dans le passé. Maintenant, elle n’avait guère plus de sens. Il lui arrivait de caresser vaguement l’idée de retourner aux Antilles, mais il savait qu’il lui faudrait d’abord aller à Langon. La souffrance que lui avait causée le mariage de Pouriquète et de Jantet ne s’estompait pas, mais il se sentait devenu assez fort pour affronter la réalité.  
    Les semaines passèrent, monotones. Pour le seizième anniversaire de Jenny, il n’y eut pas de fête générale dans la cuisine, comme du temps de Sir John. Hazembat vit Conchita qui portait vers le quartier des maîtres le gâteau que Mrs Drumclog avait préparé pour Lady Dalrymple et Jenny. Il prit le chemin de la falaise et s ’assit dans l’herbe près de la cabane d’Hawkins qui paissait ses moutons sur la face est de l’île. Août avait été chaud et orageux. Il faisait lourd et il n’y avait pas de vent . Les voiles, sur le Firth, étaient encalminées.  
    Il fut surpris par l’arrivée de Jenny qui lui apportait un morceau de son gâteau d’anniversaire. Il ne l’avait pas vue depuis plusieurs jours et fut frappé par sa pâleur. Elle s’assit à côté de lui dans l’herbe tandis qu’il mangeait le gâteau à petites bouchées.  
    — Je m’ennuie, Hazy, dit-elle.  
    — Les leçons de Miss Rowan vous manquent ?  
    — Pas vraiment. Lady Dalrymple me tient occupée. Elle a pris mon éducation en main. J’apprends tout ce que doit savoir une débutante.  
    —  Une quoi ?  
    — C’est un mot français, Hazy ! Cela veut dire une jeune fille qui fait ses débuts dans le monde.  
    — Et quand allez-vous faire vos débuts ?  
    — Je ne sais pas. La saison commence le mois prochain, mais Lady Dalrymple a horreur d’Edimbourg et elle est trop avare pour faire les frais d’un séjour à Londres. Elle ne rêve que de repartir outre-mer où la vie est beaucoup moins chère qu’en Angleterre. Quand Uncle Hew était gouverneur de Gibraltar, elle pouvait faire la grande dame à bon compte.  
    — Pourquoi ne repart-elle pas ?  
    — Tant qu’ Uncle Hew sera en campagne, elle n’aura pas d’endroit où aller. Son idée est de s’installer à Lisbonne, mais il paraît que les Français menacent la ville.  
    — Vous l’accompagnerez ?  
    — Il faudra bien, mais vous viendrez avec nous, Hazy, n’est-ce pas ?  
    — Cela ne dépend pas de moi.  
    Elle s’étendit sur le dos dans l’herbe avec un petit rire.  
    — Si elle prétend ne pas vous emmener, je lui ferai une scène qui l’obligera à changer d’avis.  
    — Votre oncle a son mot à dire. C’est pour m’occuper de la Jenny qu’il m’a engagé.  
    — Et la Jenny de chair et d’os, vous vous en désintéressez ?  
    — Non, bien sûr…  
    Il ne la regardait pas. D’une voix timide, elle dit :  
    — Hazy, embrassez-moi.  
    En se retournant, il la vit, les yeux fermés, la bouche entrouverte, l’air si jeune et vulnérable dans le chatoiement de ses cheveux d’or que son cœur se serra de tendresse. Il se pencha et déposa un baiser sur son front.  
    — Non ! pas comme cela !  
    Ses mains s’accrochaient à ses épaules et l’attiraient. Il se laissa aller. Le baiser fut

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