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Le Prisonnier de Trafalgar

Le Prisonnier de Trafalgar

Titel: Le Prisonnier de Trafalgar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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punishment, sir !  
    Sven s’épongea les yeux, se raidit et appela :  
    —  Sergeant !  
    La punition eut lieu sur le pont du Charon devant l’équipage et les prisonniers rassemblés, avec tout le cérémonial dont doit s’entourer un châtiment destiné à servir d’exemple. Ce fut le maître Langley en personne qui mania le fouet. Un caillebotis était dressé contre le mât d’artimon. Quilliou le premier y fut attaché et, au roulement sourd des tambours des marines, le supplice commença.  
    Avec la précision d’une longue pratique, Langley abattit les lanières sur le dos du condamné en comptant à haute voix : «  One ! »  
    Au cinquième coup, le sang commença à gicler. Au huitième, Quilliou se mit à hurler. Au douzième, il s’affaissa, tenu seulement par les liens des poignets. Bentley fit un geste et le chirurgien de bord s’approcha pour examiner le malheureux.  
    —  He’s dead, sir, dit-il. The heart, I believe…  
    — Take him away !  
    On détacha le cadavre de Quilliou et on l’emporta. Hazembat prit sa place.  
    Le capitaine Holloway était apparu sur la dunette à côté du capitaine Bentley. Son regard croisa celui d’Hazembat, impénétrable et froid.  
    Les premiers coups furent supportables. Hazembat était plus musclé et plus costaud que Quilliou et la brûlure du fouet n’était rien à côté de l’horrible douleur qu’il avait ressentie sur l’ Argonaute, quand un éclat de bois lui avait fendu le dos des reins à l’omoplate. Les lanières cinglaient en travers de la profonde cicatrice dont, peu à peu, la sensibilité se réveilla en élancements aigus.  
    Il serra les dents pour résister à la double souffrance. Comme venue à travers un espace infini, la voix d e Langley comptait : «  Elevenl… Twelve !…» Restait encore la moitié du supplice. Tenaillant de ses doigts crispés les barres du caillebotis, il tenta de se tordre afin de déplacer légèrement l’impact des lanières et l’effort qu’il fit étouffa les cris qui montaient dans sa gorge. Il avait perdu le compte des coups quand, dans un grand éclatement blanc, il s’évanouit.  
    Il revint à lui dans le faux-pont. Quelqu’un passait un onguent sur ses plaies. Il reconnut l’odeur de soufre. C’était celle de la pommade que Mondin lui avait appliquée quand il avait pour la première fois tâté du fouet à bord de la Belle de Lormont. On lui releva la tête et on lui enfourna dans la bouche le contenu d’un gobelet de rhum. Il s’étrangla et faillit vomir mais, un moment plus tard, l’alcool, s’insinuant dans tout son corps, lui rendit vigueur et lucidité. Levant les yeux, il vit deux chirurgiens à côté de lui. L’un était celui du Charon, un vieux traîne-patte du nom de Burton qu’il avait parfois rencontré. L’autre, plus jeune, lui était inconnu.  
    — Je suis le Dr Ballantyne, chirurgien de la Minerva, dit-il. C’est le capitaine Holloway qui m’a envoyé. Tu auras un dos bien intéressant à examiner pour un anatomiste, mais c’est de la chair saine. Dans quinze jours, tu n’y penseras plus. Je vais laisser ce qu’il faut à mon collègue.  
    Après quelques heures passées dans le faux-pont du chirurgien, Hazembat fut reconduit dans sa galerie. A sa droite et à sa gauche, il y avait deux places vides : celle d’Orsini et celle de Quilliou. Il jeta un coup d’œil au sabord. Le mantelet avait été remis en place et fixé par une barre de fer.  
    Dans la soirée, Smithy arriva, les bras surchargés.  
    — Tiens, dit-il, on t’envoie des vêtements propres.  
    — Qui m’envoie ça ?  
    — C’est un canot de la Minerva qui l’a apporté. Et il y a aussi cette lettre.  
    C’était une simple feuille de papier blanc sur laquelle une main à la haute écriture énergique et nerveuse avait tracé ces simples mots : «  Good luck. Sven. »  
    Quelques jours plus tard, les prisonniers furent rassemblés sur le pont comme lors de leur arrivée. De nouveau, Holloway parut sur la dunette, flanqué de Ducasse.  
    — Prisonniers, dit-il, votre travail est achevé. Le Charon appareillera ce soir pour l’Angleterre… Je vous remercie pour le labeur que vous avez accompli, même si vous ne l’avez pas fait de gaieté de cœur… Je confie au capitaine Bentley une lettre pour le commandant du port de Portsmouth afin que, dans toute la mesure du possible, on tienne compte de votre effort pour adoucir votre

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