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Le Prisonnier de Trafalgar

Le Prisonnier de Trafalgar

Titel: Le Prisonnier de Trafalgar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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    Le lendemain matin, Betty eut un malaise qu’Hazembat attribua à son état, mais quand il rentra, le soir, elle était alitée avec une forte fièvre. Mrs Merriman lui permit d’aller la voir dans sa chambre. Elle avait le visage rouge et enflammé. Malgré tout, elle réussit à esquisser un sourire.  
    — Bernard, I’m so happy ! Tu ne crois pas que ma fièvre puisse faire de mal au bébé ?  
    — Pas de danger : c’est un simple refroidissement. Quand Hazembat fit sa demande, Mrs Merriman ne parut pas surprise. Après tout, cela ne ferait que rendre convenable une situation que personne n’ignorait, et un homme robuste comme Hazembat était, dans la famille, un appoint de main-d’œuvre non négligeable. Elle exprima pourtant deux exigences :  
    — Promettez-moi, Bernard, que vous ne ferez pas de Betty une papiste et qu’après la guerre vous ne l’emmènerez pas en France.  
    — Le pape m’est indifférent, Mrs Merriman, et je n’ai pas l’intention de rentrer en France.  
    Au matin, la fièvre avait encore augmenté et Betty se plaignait de violents maux de tête. Quand Hazembat rentra des Long Rooms, elle délirait. Le médecin était venu et avait prescrit un régime à base de gruau émollient. Hazembat passa la nuit auprès de la malade. Visiblement, son état empirait.  
    A l’aube, avant de prendre son service aux Long Rooms, Hazembat se rendit à l’hôpital naval et demanda à voir le Dr Mac Leod. Ce fut Topolino qui le reçut.  
    — Le docteur est en tournée. Il ne rentrera que demain. J’irai voir ton amie. Si ce n’est pas trop grave, j’arriverai bien à trouver quelque chose pour la soulager.  
    Il lui fit prendre une décoction d’écorce de quinquina et quelques gouttes d’extrait d’opium. La nuit fut meilleure, mais, le lendemain, la fièvre reprit de plus belle, avec des vomissements et des syncopes. Dans l’après-midi, Mrs Merriman en larmes vint chercher Hazembat aux Long Rooms. Le Dr Mac Leod, qui venait d’arriver, voulait le voir.  
    Betty était dans le coma. Mac Leod, soucieux, prit Hazembat à part.  
    — Je ne voudrais pas t’inquiéter, mon garçon, mais plusieurs cas de variole se sont déclarés dans le port ces derniers jours. C’est un navire venu d’Orient qui semble avoir apporté la maladie. Nous saurons à quoi nous en tenir demain, si l’éruption se déclare.  
    — Elle risque d’en mourir, docteur ?  
    — Si c’est une variole discrète, la fièvre devrait tomber dès le début de l’éruption. Malheureusement, tous les cas que j’ai vus ces jours-ci sont des varioles confluentes. Et je ne sais pas si une femme ne préférerait pas mourir que de vivre défigurée, surtout si elle est amoureuse.  
    L’éruption commença le lendemain. Ce ne furent d’abord que des points d’épingle qui enflèrent rapidement en gros boutons, donnant au visage poupin de Betty un aspect monstrueux et sinistrement grotesque.  
    La fièvre parut baisser, puis reprit, plus forte que jamais. Hazembat, qui avait obtenu un congé du marquis de Sainte-Croix, ne quittait pas le chevet de la jeune fille. Quatre jours plus tard, des pustules purulentes couvraient tout le visage de Betty, encombrant son nez et sa bouche. Elle respirait de plus en plus difficilement.  
    — Tu peux essayer d’inciser les pustules avec des ciseaux pour en faire sortir le pus, conseilla Mac Leod. Les cicatrices seront moins visibles. Mais garde-toi de toucher avec tes mains le liquide qui en coule. Tu risquerais de te contaminer toi-même.  
    Il apporta un onguent au mercure et en enduisit le visage, le cou et les bras de Betty. Les convenances interdisaient d’examiner le reste. Patiemment, Hazembat incisa les pustules une à une, mais il lui semblait qu’il en apparaissait toujours de nouvelles à mesure qu’il les vidait. Mrs Merriman apportait de l’eau chaude, préparait des charpies et faisait alterner larmes et prières.  
    Betty ne réagissait pas aux incisions. Depuis le début de l’éruption, elle était incapable de parler. Seuls, ses yeux s’ouvraient de temps en temps pour poser sur Hazembat un regard confiant et doux. Par moments, des accès de fièvre la secouaient de violentes convulsions.  
    Le huitième jour de sa maladie, un peu avant sept heures, comme Mac Leod venait de l’examiner, elle tourna la tête vers Hazembat et, par un violent effort qui tordit tout son corps, elle parvint à articuler d’une voix

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