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Le Prisonnier de Trafalgar

Le Prisonnier de Trafalgar

Titel: Le Prisonnier de Trafalgar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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par Mrs Kerr avait un parfum léger de fleur séchée. On porta des toasts à Hazembat, à la Jenny, à Bonnie Scotland, et Jenny n’était pas la dernière à vider son pot.  
    Puis Williams alla chercher son violon et accompagna Jenny qui chanta à deux voix avec Miss Rowan une mélodie mélancolique où il était question d’un marin qui s’embarquait pour la guerre au port de Leith, laissant derrière lui sa fiancée Mary. Hazembat ne comprit pas tout, mais suffisamment pour sentir son cœur se serrer. Il eut l’impression que Jenny l’observait.  
    — Robert Burns arrive toujours à me tirer une larme ! dit Sir John en s’essuyant les yeux.  
    Deux jours plus tard, la barque des Murdoch quitta Bass Rock, emmenant Duncan qui allait à Dunbar chercher les fournitures nécessaires au calfatage. Hazembat s’employait à tailler les quelques pièces qui demandaient à être changées dans la coque. Il se dit que Jantet aurait probablement souri de ses efforts maladroits, mais il avait assez souvent vu travailler les charpentiers pour manier la scie et l’herminette. Ce qui lui donnait le plus de mal, c’était l’affûtage des outils. Heureusement, Williams avait une vieille meule qu’il maniait avec assez de dextérité.  
    Ce soir-là, en allant se coucher, il rencontra Lorna dans le couloir. Sans même y songer, il lui prit la taille. Son idée était de lui dérober un baiser, mais il sentit aussitôt qu’elle était prête à bien autre chose. Il l’entraîna dans sa chambre. Ce fut un plaisir simple et doux, dépourvu de complication. Lorna répondait à ses caresses sans initiative, mais sans passivité. On sentait que c’était pour elle un exercice agréable qui flattait son jeune corps ferme et finement musclé. Elle y mettait juste ce qu’il fallait de tendresse. Pourtant, par instants, Hazembat la sentait tendue, sursautant au moindre bruit qu’on entendait dans le couloir.  
    — Duncan n’est pas là, lui dit-il.  
    Elle ne répondit pas, secouant la tête d’un air préoccupé.  
    Le lendemain, Duncan et les Murdoch rentrèrent. Ils avaient trouvé l’étoupe à Dunbar, mais le shipchandler manquait de brai. Ils repartirent aussitôt pour North Berwick.  
    La nuit suivante, Hazembat voulut de nouveau entraîner Lorna dans sa chambre, mais elle se dégagea.  
    — Pas ce soir !  
    Un peu déçu, mais intrigué, il la laissa partir et resta en alerte, décidé à tenter de nouveau sa chance plus tard dans la nuit. Au bout d’une demi-heure, il crut entendre des pas étouffés dans le couloir. Silencieusement, il entrouvrit sa porte et vit le Révérend Scougal en robe de chambre rouge, un bonnet de nuit sur la tête et un bougeoir à la main, se diriger vers la porte de la chambre de Lorna. Il fut d’abord interloqué, puis la vision était si grotesque qu’il pouffa. Le Révérend dut l’entendre, car il se figea, son cou maigre tendu comme celui d’une poule inquiète. Hazembat se mit la main sur la bouche, ferma doucement sa porte et se laissa tomber sur son lit, secoué par un rire incœrcible.  
    Le calfatage dura quinze jours. Hazembat calcula qu’il y avait quelque deux mille toises de coutures à garnir, soit près d’une lieue. Mrs Kerr et Lorna travaillaient d’arrache-pied à tordre des bourrelets d’étoupe que les Murdoch coinçaient entre les planches à grands coups de maillet sur les fers. Hazembat terminait le travail en passant le brai fondu.  
    Le dimanche, quand il entendait le Révérend Scougal tonner contre le péché, il avait du mal à retenir son rire. Il s’en était expliqué avec Lorna pendant une absence de Duncan. Curieusement, elle ne semblait pas penser qu’il y eût péché à faire l’amour avec un saint homme comme le Révérend.  
    — Il dit toujours une prière avant et après, expliquait-elle.  
    Hazembat songea à Suzanne Thilonier qui, elle aussi, mêlait les jeux de l’amour avec les pénitences de la religion.  
    — Mais j’aime mieux avec toi, ajouta gentiment Lorna.  
    — Et avec Duncan ? Elle parut offusquée.  
    — Je suis sa promise ! Il me respecte.  
    — Tu veux dire que tu n’as jamais couché avec lui ?  
    — Pas depuis que je l’ai accepté en mariage.  
    — Et vous allez vous marier bientôt ?  
    — Dès que nous aurons assez d’argent de côté. Elle venait retrouver Hazembat dans sa chambre, craignant que le Révérend ne le découvrît dans la sienne.  
    — Et

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