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Le Prisonnier de Trafalgar

Le Prisonnier de Trafalgar

Titel: Le Prisonnier de Trafalgar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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Duncan ? demanda-t-il. S’il nous découvrait ?  
    — Il nous tuerait, je crois. Il est terriblement jaloux, mais c’est le Révérend qu’il soupçonne.  
    L’après-midi du dimanche, Hazembat continuait ses récits. Il en était arrivé à la Révolution et Sir John restait éveillé. L’aventure de Montauban le divertit beaucoup.  
    — Ainsi, c’est là que tu as rencontré cet O’Quin, l’ami de John Murray ?  
    — Oui, Sir John. On l’appelait le citoyen Coquin.  
    — Tous les armateurs sont des coquins et particulièrement les Irlandais !  
    Jenny revenait toujours à Pouriquète.  
    — Qu’est-ce qu’elle a dit quand vous êtes revenu, Hazy ?  
    — Je crois qu’elle était très fière de moi. Mon père avait accepté de me mettre en apprentissage comme matelot.  
    — Et votre ami Jantet ?  
    — Il allait en apprentissage lui aussi, comme charpentier.  
    — Il n’était pas marin ?  
    — Il est devenu charpentier de la marine. Il était avec moi à Trafalgar.  
    — Il n’a pas été fait prisonnier ?  
    — Il a été blessé, mais il a pu s’échapper.  
    — Ce n’est pas juste.  
    — C’est la vie, Jenny.  
    La Jenny fut mise à l’eau le 30 mai. Les couettes avaient été soigneusement enduites de suif et prolongées sous l’eau, en profitant de la marée basse, sur une dizaine de toises.  
    Inévitablement, le Révérend Scougal dit une prière.  
    Dès le matin, Hazembat et les frères Murdoch avaient dégagé la plupart des tins, n’en laissant que quatre à la poupe. Tandis qu’Hawkins jouait un air de cornemuse, Jenny frappa symboliquement un coup de maillet sur un des tins. Sur un ordre d’Hazembat qui était monté sur le pont, les mailloches des Murdoch attaquèrent les tins restants. Pendant un bref instant, le bateau parut rester immobile, puis, très lentement, il s’ébranla, gagnant peu à peu de la vitesse. Hazembat sentit sous ses pieds le coup de frein de l’eau. Il craignit un moment que la quille ne se dégageât pas assez vite du berceau, mais il fut soulagé quand le pont s’anima soudain d’une respiration légère au rythme lent d’une houle à peine perceptible. La Jenny était à flot.  
    Rapidement, il fit le tour du pont, se penchant au-dessus du pavois pour vérifier l’assiette. Bien droite de bord à bord, la coque était un peu sur cul, mais cela se corrigerait aisément au lestage. Il dégagea les linguets du cabestan et l’ancre plongea lourdement dans la mer. Tirant sur l’aussière, le bateau se mit lentement face au courant.  
    Hazembat alla chercher dans le coffre de la timonerie le pavillon que Sir John lui avait remis quelques jours plus tôt, et le hissa à la drisse d’artimon. Il était bleu, avec une croix de Saint-André blanche. Le petit groupe, sur la plage, poussa un triple hourra.  
    Alors commença le long et fastidieux travail de la mise en place du gréement courant et de l’accastillage. Hazembat s’était installé un atelier sur le pont et dirigeait le travail d’Angus Murdoch, Robert étant le plus souvent en route avec Duncan pour rapporter des fournitures de Dunbar, de North Berwick ou même de Leith. Le petit canot de la Jenny, remis en état, faisait le va-et-vient avec la plage.  
    Presque tous les jours, Jenny le prenait et, en quelques coups de rame, venait se ranger le long de la coque. Hazembat l’aidait à enjamber le pavois et elle allait s’asseoir contre un mât, le regardant travailler. De temps en temps, elle lui posait une question. Il lui enseignait les noms des pièces du gréement en français, comme jadis Claude O’Quin l’avait fait pour lui en anglais sur la barge du patron Roumégous.  
    C’étaient des moments extrêmement doux. Hazembat avait l’impression que le poids de quinze années tombait de ses épaules et qu’il se retrouvait adolescent sur la Garonne d’autrefois. A travers le temps, il lui semblait parler avec une Pouriquète qui n’existait plus que dans ses souvenirs. Parfois, le temps changeant de l’Ecosse apportait une bourrasque de pluie violente et ils allaient se réfugier dans la petite cuisine aménagée en avant des cabines. Angus préparait du thé, Jenny tirait d’un panier des gâteaux cuits par Mrs Kerr et, ensemble, ils faisaient la dînette tout en se racontant des histoires. Angus était plus fin que ne le laissait supposer son allure rude. Il connaissait de vieilles légendes de pêcheurs dont il

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