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Le Prisonnier de Trafalgar

Le Prisonnier de Trafalgar

Titel: Le Prisonnier de Trafalgar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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Nonsuch et arborait le guidon de commodore.  
    — Tout bien pesé, continuait Hornblower, il semble que le plus simple soit qu’en ma qualité d’officier du grade le plus élevé dans les parages je délivre au matelot Hazembat une commission de commandant à titre provisoire du yacht britannique la Jenny afin qu’il ramène le navire et ses passagers dans les eaux écossaises où il retrouvera son statut de prisonnier de guerre avec toutes les fioritures que l’Amirauté a jugé bon d’y apporter.  
    — Mais, sir, s’écria Hazembat, cela voudrait dire que je suis enrôlé dans la marine anglaise ! Je ne puis accepter !  
    — Ce serait pour quelques jours seulement et à bord d’un navire dépourvu d’armement. Je dois ajouter que l’autre alternative est que je vous considère comme un prisonnier de guerre en situation irrégulière et que je vous mette aux fers à fond de cale jusqu’à ce qu’une cour martiale statue sur votre sort, ce qui peut durer plusieurs mois et se terminer au bout d’une vergue.  
    Jenny se précipita vers Hazembat.  
    — Acceptez, Hazy ! Restez avec nous ! Il n’y avait rien d’autre à faire.  
    — Sir John, reprit le commodore, puis-je vous prier de me faire l’honneur de venir ce soir dîner avec ces dames à bord du Nonsuch ? J’inviterai également les commandants des navires de ma flottille… et cela, bien entendu, inclut celui de la Jenny, Hazembat.  
    C’est ainsi que, quelques heures plus tard, Hazembat se trouva assis à table dans la grande cabine du Nonsuch entre le lieutenant Mound, commandant le ketch Harvey, et le lieutenant Freeman, commandant le cotre Clam. Ils étaient tous deux beaucoup plus jeunes que lui. Mound, visage rond et tête carrée, était jovial et bavard. Freeman, avec ses longues boucles noires, ressemblait davantage à un Andalou qu’à un Anglais. Il avait de grands yeux mélancoliques et assaillait Miss Rowan de regards assassins.  
    Ce n’était pas la première fois qu’Hazembat prenait place ainsi à une table pour un repas. Cela lui était arrivé chez Mrs Merriman, mais la compagnie était beaucoup moins impressionnante et les formes étaient moins strictes. Il considéra avec une certaine perplexité l’assiette, le couteau et la fourchette disposés devant lui.  
    Il fut un peu soulagé de voir que, de l’autre côté de la table, le jeune Duncan, commandant le ketch Moth, n’était guère plus à l’aise que lui. Il devait avoir été promu récemment du carré de la maistrance au commandement d’une petite unité, car ses manières étaient beaucoup plus celles d’un matelot que d’un officier. Vickery, au contraire, devait avoir été un de ces volunteers de bonne famille dont on faisait des midshipmen. Il continuait à regarder Hazembat avec méfiance.  
    A un bout de la table, Hornblower avait Lady Jenny à sa droite et Sir John à sa gauche. En face de lui, le commandant du Nonsuch tenait compagnie à Miss Rowan. Son visage buriné n’était pas inconnu d’Hazembat, mais il lui fallut un moment pour reconnaître le capitaine Bush à qui il avait eu l’occasion de demander une faveur pour ses compagnons de captivité à Portsmouth.  
    Des matelots déposèrent trois grands plats sur la table. Hazembat avait devant lui un énorme gigot de mouton, ruisselant de graisse.  
    — Mr Mound, dit Hornblower, puis-je vous demander de faire les honneurs de cette fricassée de porc salé ? Mon cuisinier s’entend assez bien à l’accommoder. Mr Vickery, soyez assez aimable pour servir à vos voisins de ce pâté en croûte. On dit que le séjour dans les barils donne au bœuf un parfum de venaison. Monsieur Hazembat, j’ai entendu dire que les Français étaient experts dans l’art de découper le gigot. Celui-ci provient d’un des moutons que nous avons achetés à Stavanger. Voulez-vous, s’il vous plaît, vous mesurer avec ce sauvage natif des montagnes de Norvège ?  
    Pris de panique, Hazembat saisit son couteau, conscient des regards fixés sur lui. Il n’avait vu un gigot entier sur une table qu’une fois dans sa vie, alors qu’il était encore tout enfant, et que son père l’avait emmené avec lui à un banquet du Cercle langonnais. Il n’était, bien entendu, pas assis avec les hommes, mais il se souvenait de la façon dont Michelot Escarpit, à qui, en ces occasions, revenait le privilège de découper les viandes, avait attaqué le morceau. Tenant à pleine main

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