Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
Vom Netzwerk:
arrivée à Oxford.
Et Underhill lui-même ne jugerait-il pas préférable de tout me mettre sur le
dos plutôt que de reconnaître la présence d’un jésuite sous son nez pendant
plus d’un an ? Sidney était mon dernier espoir, mais, s’il n’avait pas
reçu mon message, il ne saurait pas où je me trouvais avant longtemps et je
croupirais un bon moment dans un cachot puant. D’un autre côté, me dis-je comme
nous débouchions dans la lumière aveuglante de la cour, si Jenkes m’avait
trouvé le premier, je serais déjà mort la gorge tranchée au bord d’une route.
Il y avait donc toujours de l’espoir.
    Le soleil brillait à la verticale, seulement caché de temps
à autre par de minces bandes nuageuses. Dans la cour, de petits groupes de
domestiques conféraient avec animation en suivant le cours des événements.
Balayant la scène du regard, je reconnus l’homme qui m’avait fait descendre de
la tour. Il détourna les yeux. Je me demandai si c’était lui qui avait dit aux
soldats où me trouver. Certains d’entre eux savaient sans doute que je n’étais
pas l’homme qu’on recherchait, mais aucun ne semblait désireux de parler. Je me
doutais qu’ils resteraient fidèles à Jerome et qu’ils étaient contents de me
voir arrêté à sa place.
    Quelqu’un amena un montoir et on m’aida à monter un cheval
brun, car mes mains étaient toujours attachées. Le manque de sommeil et de nourriture
ainsi que les divers coups et blessures reçus durant la nuit commençaient à
m’assommer ; j’avais la tête en plomb et arrivais à peine à me tenir en
selle. Remarquant que je m’affaissais, John Newell me frappa au ventre avec le
pommeau de son épée.
    « Canaille d’italien, est-ce que tu veux que je te
pende un écriteau au cou ? me lança-t-il en plissant les yeux à cause du
soleil. On y inscrirait “Jésuite séditieux”, comme pour Edmund Campion quand on
l’a exhibé à Londres. Assurez-vous qu’il se tienne droit ! beugla-t-il à
l’un des soldats qui tenait les rênes du cheval. Ou il tombera avant qu’on
atteigne la route et on n’arrivera jamais à Oxford.
    — Il faudrait peut-être lui donner quelque chose à
boire pour le tenir éveillé, messire, il a l’air assoiffé », fit remarquer
le jeune soldat.
    Je lui étais reconnaissant d’avoir plus de compassion que
les autres.
    «  À boire ? »
    On aurait dit qu’il venait de suggérer qu’on m’amène des
musiciens et des courtisanes.
    « Je vois. Dois-je vider les meilleures caves de
Hazeley pour notre invité ? Et puis faisons rôtir une oie, pourquoi
pas ? Mêlez-vous de vos affaires, soldat, et n’essayez pas de me dire ce
que je dois faire. »
    Le jeune homme baissa les yeux sous la semonce, osant tout
juste lever les yeux vers moi avec un air de regret. Je le gratifiai d’un signe
de tête de remerciement pendant que Newell s’en allait vers son cheval. Il le
contournait pour se mettre en selle et prendre la tête de la petite troupe qui
me ferait triomphalement parader par les rues d’Oxford lorsque dans le silence
tonna soudain une impressionnante cavalcade. Au loin, à l’entrée du manoir,
deux cavaliers arrivaient devant une escorte d’une trentaine de gens en armes,
portant les mêmes couleurs que ceux déjà présents dans la cour. J’avoue m’être
étonné qu’ils aient cru tant de renforts nécessaires pour maîtriser quelques
prêtres, mais je vis alors l’agent du comté se tourner vers son capitaine avec
consternation. Apparemment, cette nouvelle arrivée n’était pas prévue.
    Ce n’est qu’en voyant les deux cavaliers de tête galoper
droit sur Newell et s’immobiliser dans un grand fracas de sabots, leurs chevaux
hennissant et soufflant par les naseaux, que je compris ce qui se passait. Mon
cœur s’emballa.
    « Au nom du Christ, qu’avez-vous fait à mon ami, sale
rustre ? s’écria Sidney en sautant à terre et en courant vers moi, l’épée
tirée. Je passerai moi-même au fouet le responsable ! »
    L’homme qui tenait mon cheval par la bride s’écarta. Je
pensais que Newell protesterait, mais il regardait le deuxième cavalier, le
compagnon de Sidney, avec un mélange de ressentiment et de déférence.
    « Shérif… marmonna-t-il en ôtant son chapeau. J’ai
capturé un dangereux jésuite italien qui répand le fléau du papisme et corrompt
les sujets de Sa Majesté.
    — Je crains que non, maître Newell », répondit
l’autre avec calme.
    Il

Weitere Kostenlose Bücher