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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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entraîner par la petite flamme mourante vers les ténèbres.

 
CHAPITRE 21
    Je revins subitement à moi en tombant durement à terre. La
bougie s’était éteinte depuis un moment mais de la lumière filtrait par la
trappe ouverte. Je battis des paupières et scrutai les ténèbres, incapable de
discerner quoi que ce soit. Deux bras me prirent par la taille et me traînèrent
misérablement vers la sortie, où l’on m’attrapa sous les aisselles pour me
hisser hors de la cachette. Confus, à demi conscient, je luttais pour ouvrir
les yeux, m’attendant à voir le visage triomphant de Rowland Jenkes, mais
l’homme qui m’avait tiré hors de mon refuge était vêtu d’une sorte d’uniforme
de soldat que je ne connaissais pas. Il me poussa vers la pièce principale qui
baignait maintenant dans la lumière. Je chancelai et terminai ma course à
genoux, aux pieds d’un homme petit et blond, à l’air retors, qui arborait une
barbe pointue et de grandes moustaches et portait un pourpoint vert. Il lissa
sa barbe en m’examinant avec satisfaction puis hocha la tête. L’homme en
uniforme sortit sa dague et la leva. Je me cabrai et reculai la tête en criant,
sans le moindre effet à cause du torchon, mais le soldat, de la pointe de sa
lame, le retira de ma bouche.
    « C’est lui, sir », dit quelqu’un.
    J’aperçus l’homme qui m’avait laissé sortir d’Oxford,
toujours dans sa livrée de garde.
    « Bien, dit l’homme en charge des opérations. Où est
ton complice ? »
    Je le fixai sans comprendre.
    « Réponds-moi, chien de papiste ! vociféra-t-il en
me donnant un coup de pied dans le ventre.
    — Je ne comprends pas, répondis-je en haletant, le
souffle coupé pour la énième fois depuis la veille.
    — Qu’est-ce que tu dis ? »
    L’homme s’approcha avec un regain d’intérêt et se pencha sur
moi.
    « Dis-moi quelque chose en anglais, coquin.
    — Je n’ai pas de complice.
    — D’où vient ton accent ?
    — Je suis italien. Mais je…
    — C’est bien ce que je pensais. Ce sont les jésuites de
Rome qui t’envoient. Bon, on a trouvé ta cache, padre. Malheureusement
pour toi, tous les domestiques de Lady Tolling ne sont pas d’une fidélité
exemplaire. Sais-tu qui je suis ?
    — Non. Mais je ne suis pas jésuite… commençai-je avant
que l’homme ne m’interrompe d’une gifle.
    — Silence ! Tu auras tout le temps que tu veux
pour te défendre quand tu m’auras dit où se trouve ton ami. Je suis maître John
Newell, agent du comté d’Oxford. Donne-moi ton nom, et ne nous fais pas perdre
notre temps avec l’un de tes pseudonymes. Tu nous diras la vérité tôt ou
tard. »
    Malgré la joue qui me cuisait, je me sentais intensément
soulagé. Le personnage était exécrable, mais en cet instant j’étais prêt à me
jeter à son cou et à l’embrasser. Sa présence avec des hommes en armes
signifiait nécessairement que Sidney avait reçu mon message et alerté les
autorités. D’après ce qu’il venait de me dire, néanmoins, ils étaient arrivés
trop tard pour empêcher Jerome et Sophia de s’enfuir.
    « Je suis le docteur Giordano Bruno de Nola,
annonçai-je en me redressant pour retrouver un peu de dignité. Je suis
accueilli par l’université d’Oxford et je voyage avec le cortège royal.
    — Tu mens, répondit-il froidement. Tu es un des prêtres
de Lady Tolling. Mais où est l’autre ? Le domestique que nous avons
convaincu de parler a mentionné un Anglais de grande taille. Où se
cache-t-il ?
    — Il a pris la fuite, dis-je, ma langue fourchant sur
les mots tant j’étais pressé. Il voyage avec une jeune femme, Sophia Underhill,
ils vont vers la côte. Ils vont embarquer pour la France mais elle mourra avant
d’y arriver. Dépêchez-vous, il faut les arrêter !
    — Eh bien, fit l’homme avec un sourire déplaisant,
voilà un jésuite loquace comme je les aime. Mes hommes n’auront pas trop de mal
avec toi. Regardez, vous autres, lança-t-il à la cantonade, un papiste vient de
vous faire la démonstration de sa loyauté ! »
    Des rires flagorneurs se firent entendre autour de nous.
    « Je ne suis pas jésuite, insistai-je. Où est
Sidney ? Il vous apprendra qui je suis. Laissez-moi voir Sidney.
    — Qui est ce Sidney ?
    — Sir Philip Sidney, le neveu du comte de Leicester,
dis-je en sentant ma confiance s’écrouler. Ce n’est pas lui qui a fait appel à
vous, sur mes instructions ? Il n’est pas avec

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