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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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portait un grand chapeau à plume, sa barbe grisonnait et
un blason était brodé bien en vue sur son pourpoint rouge. Il posait sur tout
un regard aimable et respirait l’autorité.
    « Cet homme est un philosophe de renom et un ami de Sir
Philip Sidney. En revanche, le véritable prêtre vous a échappé.
    — Shérif… bafouilla Newell.
    — Peu importe. Mes hommes sont déjà à ses trousses,
grâce à Sir Philip et à notre ami italien. Il n’ira pas loin. »
    Sidney s’approcha de moi et m’aida à descendre de cheval. À
peine capable de bouger les mains, je me frottai les poignets l’un contre
l’autre. Sidney passa l’un de mes bras sur ses épaules et me ramena vers ses
compagnons.
    « Sir Henry Livesey, shérif de l’Oxfordshire, m’annonça
Sidney en désignant l’homme à cheval. Permettez-moi de vous présenter le
docteur Giordano Bruno de Nola. Hélas, il n’est guère à son avantage. »
    Sans lâcher Sidney, je tentai de faire une révérence, ce qui
fit sourire Livesey.
    « Je… J’avais des raisons de croire que Lady Tolling
abritait un prêtre jésuite, se défendit Newell d’un air anxieux. Je l’ai trouvé
dans une pièce cachée… et il est italien.
    — L’Inquisition déteste cet homme presque autant que Sa
Majesté, rétorqua Sidney d’une voix cinglante. N’est-ce pas,
Bruno ? »
    Il me donna une accolade virile et je faillis crier de
douleur à cause de mon épaule.
    « Désolé, dit-il en me frictionnant le dos avec non
moins d’entrain, mais d’une manière qui se voulait réconfortante. Tu es une
vraie loque. Il faudra que quelqu’un t’examine. »
    Il m’emmena jusqu’à son cheval et me hissa sur la selle,
après quoi il l’enfourcha en se plaçant devant moi et prit les rênes.
    « Newell, je laisse mes hommes vous assister, prévint
le shérif en faisant signe à son capitaine de sortir du rang. Interrogez tous
les domestiques. Je parlerai moi-même à Lady Tolling, amenez-la-moi sans la
bousculer. Sir Philip, dit-il en se tournant vers nous, cinq de mes hommes vont
vous escorter jusqu’à Oxford. Messire, ajouta-t-il en s’adressant directement à
moi, je suis navré que vous ayez été maltraité. Je vous prie d’accepter mes
excuses. Soyez assuré que je sanctionnerai les coupables. »
    Newell blêmit. Je ne pus faire mieux que remercier le shérif
d’un signe de tête. Sidney fit tourner le cheval et je rassemblai mes forces
pour ne pas tomber tandis que nous remontions le sentier, suivis à petite
distance par les cavaliers en armes du shérif.
    « Tu t’es bien débrouillé, Bruno, me dit Sidney à voix
basse par-dessus son épaule. Tu as risqué ta vie pour coincer un meurtrier et
un prêtre, mais tu n’as pas dévoilé ton jeu. Le shérif sera félicité pour les
arrestations, cependant je dirai à Walsingham que c’est à ta ténacité que nous
les devons.
    — J’avais perdu tout espoir de te revoir »,
marmonnai-je dans son dos comme il lançait le cheval au trot.
    J’étais soudain submergé par l’épuisement.
    « Je croyais que tu n’avais pas reçu mon message.
    — Un commis de cuisine de Lincoln m’a apporté ton paquet
juste avant l’aube, m’apprit-il. Il frappait aux portes de Christ Church comme
si c’était l’antichambre de l’Enfer. Il a déclaré au gardien que c’était
urgent. D’après ce qu’il m’a dit, il a dû se battre bec et ongles pour arriver
jusqu’à moi. Le gardien ne voulait pas réveiller le doyen avant l’aurore, et le
doyen ne voulait pas me réveiller avant le premier service, d’où le délai.
Quelle bande d’idiots ! Fort heureusement, le garçon a insisté pour livrer
son paquet en main propre, malgré les tentatives du doyen pour l’en dissuader.
Dès que j’ai vu ce qu’il contenait, j’ai compris que tu devais être en péril et
j’ai demandé qu’on aille réveiller le shérif. Nous ne savions pas que d’autres
étaient déjà en route pour ici.
    — C’est Slythurst qui les a envoyés à mes trousses,
répondis-je sans dissimuler ma rancune. Il était résolu à obtenir ces lettres.
    — C’est sans doute un informateur de second rang, il
essaie de se faire remarquer. Walsingham a des hommes partout à l’université,
mais ils ne se connaissent pas entre eux. D’après lui, ça les oblige à rester
sur leurs gardes.
    — Qu’as-tu fait des lettres ? demandai-je.
    — Elles sont parties pour Londres, le doyen les a
confiées à un homme de

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