Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
Vom Netzwerk:
et de ses dessins d’enfant… Je souris en me souvenant du dinosaure en pâte à modeler qu’elle avait réalisé à l’âge de huit ans, une créature toute en dents qui penchait d’un côté tel un vieux soûlard et tenait un objet cylindrique entre ses mâchoires.
    « C’est un mammifère qu’il est en train de dévorer, m’avait-elle expliqué.
    — Qu’est-il arrivé aux pattes de ton mammifère ? avais-je demandé.
    — Elles sont tombées quand le dinosaure lui a marché dessus. »
    Ce souvenir m’avait distraite un instant et une mouette effrontée en profita pour plonger en piqué, heurter ma main et faire tomber les restes de mon friand sur le sol. Il fut aussitôt encerclé par un groupe de volatiles excités.
    Je lâchai un juron en constatant que la voleuse m’avait écorché le dos de la main. Je saisis le pamphlet et le lançai dans la mêlée. Il atterrit sur la tête d’une mouette qui tituba dans un battement d’ailes paniqué. Cela dispersa la curée et ses consœurs s’envolèrent en piaillant des insultes de mouettes, ne laissant pas une miette derrière elles.
    — Ha ! fis-je avec une sombre satisfaction.
    Avec l’obscure aversion du XX e siècle pour les détritus sur la voie publique (un concept inexistant ici), j’allai récupérer le pamphlet qui s’était désagrégé en plusieurs morceaux et le rassemblai tant bien que mal.
    Il était intitulé Un examen de la miséricorde et avait pour sous-titre : Pensées sur la nature de la compassion divine, sur ses manifestations dans le cœur humain et sur ses enseignements pour l’élévation de l’individu et de l’humanité . Ce ne devait pas être le titre le plus vendu de M. Crupp.
    Tout en le rangeant dans mon panier, il me vint une autre pensée. Roger le retrouverait peut-être un jour dans des documents anciens.
    Cela voulait-il dire que nous devions faire en sorte d’apparaître nous aussi le plus souvent possible dans les archives ?Dans la mesure où la plupart des sujets publiés dans la presse traitaient de la guerre, de la criminalité, de tragédies et autres catastrophes, sans doute pas. Mes fugitifs éclairs de notoriété n’avaient guère été plaisants et je ne tenais pas à ce que Roger découvre que j’avais été exécutée pour avoir braqué une banque, brûlée pour sorcellerie ou picorée à mort par une bande de mouettes assassines.
    Non, conclus-je. Je me contenterai de mentionner à Bree M. Beauchamp et l’arbre généalogique d’oncle Lamb et, si Roger décidait d’enquêter là-dessus, grand bien lui fasse. Certes, je ne saurais jamais s’il avait trouvé un Percival dans la liste mais, le cas échéant, Jem et Mandy en sauraient un peu plus sur leurs ancêtres.
    Mais où était donc cette chemise en papier kraft ? La dernière fois que je l’avais vue, c’était dans le bureau de Frank, sur son classeur. Je m’en souvenais très bien car oncle Lamb avait malicieusement dessiné dessus ce que je présumais être des armoiries fami…
    — Je vous demande pardon, madame, dit une voix respectueuse derrière moi. Je constate que vous…
    Arrachée à mes souvenirs, je me retournai avec la vague impression d’avoir déjà entendu cette voix quelque part…
    — Putain de bordel de merde !
    Je fis un bond en arrière, trébuchai sur mon panier et manquai de tomber à la renverse dans le port, sauvée in extremis par Tom Christie qui me retint par le bras.
    Il me tira vers lui et je m’effondrai contre sa poitrine. Il recula précipitamment comme si j’étais un métal en fusion puis me saisit fermement par les épaules, m’attira à nouveau à lui et m’embrassa fougueusement sur la bouche.
    Il me libéra enfin, me dévisagea et dit, le souffle court :
    — Vous êtes morte !
    — Euh… eh bien, non.
    — Pardonnez-moi ! Pardonnez-moi ! Je… Je…
    Il laissa retomber ses bras. Il était pâle comme un linge et je crus un instant que c’était lui qui allait tomber dans le port. Je ne devais pas avoir l’air plus fraîche mais au moins je tenais sur mes deux jambes.
    — Vous feriez mieux de vous asseoir, lui dis-je.
    — Je… non, pas ici.
    Il avait raison. Nous étions dans un lieu très public et notre petite « rencontre » n’était pas passée inaperçue. Plusieurs badauds nous observaient ouvertement, se donnant des coups de coude, et nous étions en train de nous attirer des regards de biais de la foule de marchands, de marins et de débardeurs qui travaillaient sur les

Weitere Kostenlose Bücher