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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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d’une maison dans les montagnes. Il a été publié l’année dernière. J’aimerais savoir qui a transmis l’information au journal.
    Longfield réfléchit, perplexe, et gratta sa lippe, laissant une traînée de suie sur son menton.
    — Je ne m’en souviens pas mais… Tenez, j’allais justement voir George Humphries, l’associé d’Amos. Pourquoi ne m’accompagneriez-vous pas ? Vous pourrez lui poser la question.
    — C’est très aimable de votre part, monsieur.
    Jamie me lança un bref regard signifiant qu’il n’avait plus besoin de moi pour jouer les potiches et que je pouvais vaquer à mes occupations. Je saluai courtoisement M. Longfield et m’éloignai pour aller explorer les charmes de Wilmington.
    Les affaires ici semblaient plus prospères qu’à New Bern. Wilmington était un port en eaux profondes et, bien que le blocus anglais affectât gravement les mouvements de marchandises, il était encore utilisé par les bateaux locaux et les caboteurs. La ville était également plus grande et jouissait d’un marché florissant sur la place centrale. J’y passai une heure fort plaisante à glaner des herbes et des potins locaux, puis m’achetai un friand au fromage et me dirigeai vers le port pour le manger.
    Je m’assis sur une bitte d’amarrage, attirant une foule de mouettes intéressées qui voletaient autour de moi.
    J’agitai un doigt vers l’une d’elles, particulièrement entreprenante, qui s’avançait à petits bonds discrets vers mon panier.
    — Toi, je t’ai à l’œil ! C’est mon déjeuner.
    J’avais encore le pamphlet à moitié brûlé que m’avait donné Jamie et l’agitai vigoureusement vers ses consœurs. Elles s’envolèrent en poussant des cris d’alarme mais se reposèrent bientôt autour de moi, à une distance à peine plus respectueuse, leurs petits yeux ronds concentrés sur mon friand.
    Je coinçai mon panier entre mes jambes, au cas où. Tenant fermement mon friand, je contemplai le port. Un navire deguerre britannique était ancré à une certaine distance. La vue de l’Union Jack flottant à sa proue me procurait des sentiments contradictoires, mélange de fierté et d’angoisse.
    J’avais toujours été anglaise. J’avais servi la Grande-Bretagne dans les hôpitaux, sur les champs de bataille, faisant honorablement mon devoir. J’avais également vu un grand nombre de mes compatriotes tomber au cours de ces années, des hommes comme des femmes. Si l’Union Jack que j’avais sous les yeux était légèrement différent du drapeau que j’avais connu autrefois, il n’en était pas moins reconnaissable et je ressentais toujours le même élan d’orgueil en le voyant.
    Parallèlement, j’étais ô combien consciente de la menace qu’il représentait à présent pour les miens. Les sabords du pont supérieur du navire étaient ouverts. Des manœuvres devaient être en cours car je vis des bouches de canon apparaître et disparaître en succession rapide, leur gueule noire pointant hors de la coque puis se rétractant tels des museaux craintifs. La veille, il y avait eu deux vaisseaux de guerre dans ces mêmes eaux. Où était passé l’autre ? Parti en mission ou montant la garde à l’entrée du port, prêt à aborder, saisir, canonner ou saborder tout navire suspect ?
    Rien ne paraîtrait plus suspect que le navire du contrebandier ami de M. Hall.
    Mes pensées revinrent au mystérieux M. Beauchamp. La France était toujours neutre. Il serait nettement plus sûr de voyager à bord d’un navire battant pavillon français. Du moins, nous serions à l’abri des déprédations de la marine anglaise. Quant aux motivations de Beauchamp… Je respectais la décision de Fergus de ne rien savoir sur cet homme mais ne pouvais m’empêcher de me demander ce qu’il lui voulait.
    En outre, l’idée qu’il puisse avoir un lien avec les Beauchamp de ma famille me hantait. Je n’avais aucun moyen de m’en assurer. Oncle Lamb avait autrefois établi un arbre généalogique rudimentaire, principalement à mon intention, mais je n’y avais pas accordé d’importance. Où se trouvait-il à présent ? Il me l’avait offert lorsque je m’étais mariée avec Frank, soigneusement tapé à la machine et rangé dans une chemise en papier kraft.
    Peut-être en parlerais-je à Brianna dans ma prochaine lettre. Elle devait posséder toutes nos archives familiales, les cartons remplis de vieilles déclarations d’impôts, de ses cahiers d’écolière

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