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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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mon mari. Y a-t-il là-bas quelqu’un à qui vous voudriez que je transmette un message ? Je crois me souvenir que vous y avez un frère ?
    Les yeux larmoyants, il redressa brusquement la tête et me fusilla du regard. Le souvenir me revint d’un coup et un frisson d’horreur me parcourut. J’aurais pu me mordre la langue jusqu’au sang. Lorsque Tom était en prison dans les Highlands à la suite du Soulèvement, son frère avait eu une liaison avec sa femme. Celle-ci avait par la suite empoisonné son amant et été exécutée pour sorcellerie.
    — Je suis désolée, dis-je à voix basse. Pardonnez-moi, je n’ai pas voulu…
    Il saisit ma main dans les siennes, la pressant si fort que je poussai un petit cri étouffé qui fit se tourner quelques têtes dans notre direction. Il n’y prêta pas attention et se pencha vers moi au-dessus de la table, déclarant d’une voix sourde et féroce :
    — Ecoutez-moi bien. J’ai aimé trois femmes dans ma vie. La première était une sorcière et une putain ; la deuxième n’était que putain. Il se peut que vous soyez une sorcière mais peu m’importe. L’amour que j’ai pour vous m’a conduit au salut et à ce que je pensais être la paix intérieure tant que je vous croyais morte.
    Il me dévisagea fixement et secoua la tête, ses lèvres disparaissant un instant dans les poils de sa barbe.
    — Et voici que vous êtes là.
    — Euh… oui.
    J’avais l’impression de devoir m’excuser d’être en vie.
    Il inspira profondément puis poussa un long soupir.
    — Je ne connaîtrai pas la paix tant que tu vivras, femme.
    Il baisa ma main, puis il se leva et partit.
    Sur le pas de la porte, il se retourna et ajouta :
    — Ce qui ne signifie pas que je le regrette.
    Je pris mon verre de whisky et le vidai d’un trait.

    Je retournai à mes emplettes dans un état d’hébétude qui n’était pas uniquement dû au whisky. Je ne savais que penserde la résurrection de Tom Christie mais elle m’avait profondément perturbée. Néanmoins, comme je n’y pouvais rien, je me dirigeai vers l’échoppe de Stephen Moray, un orfèvre originaire de Fife, afin de lui commander une paire de ciseaux chirurgicaux. Fort heureusement, c’était un homme intelligent qui comprit exactement ce que je voulais et pourquoi. Il me promit de me les réaliser en trois jours. Encouragée, j’osai lui passer une commande un peu plus délicate.
    — Des aiguilles ? s’étonna-t-il. Vous n’avez pas besoin d’un orfèvre pour…
    — Ce ne sont pas des aiguilles de couture. Elles sont plus longues, très fines et sans chas. Elles sont à usage médical. Et je voudrais que vous les réalisiez avec ça.
    Il écarquilla les yeux quand je posai sur son comptoir une pépite d’or de la taille d’une noix. C’était un fragment de lingot, prélevé dans le trésor du Français, taillé, martelé en un amas informe puis frotté avec de la terre.
    — Mon mari l’a gagné aux cartes.
    Je pris l’air à la fois fière et navrée qui me paraissait approprié. Je ne voulais pas que l’on pense qu’il y avait de l’or à Fraser’s Ridge et la réputation de Jamie au jeu n’était plus à faire. Moray fronça les sourcils en examinant mes spécifications écrites pour les aiguilles d’acupuncture mais accepta de les réaliser. Heureusement, il ne semblait pas avoir entendu parler des poupées vaudoues ou j’aurais peut-être rencontré quelques problèmes.
    Entre la visite chez l’orfèvre et un bref détour au marché pour acheter de la ciboule, du fromage, de la menthe poivrée et tout ce que je pouvais encore trouver comme herbes pour confectionner mes remèdes, il était tard dans l’après-midi quand je rentrai enfin au Wilsey Arms.
    Jamie jouait aux cartes dans la salle de restaurant, Ian suivant la partie par-dessus son épaule. Quand il me vit entrer, il tendit son jeu à son neveu et vint prendre mon panier avant de me suivre à l’étage dans notre chambre.
    Dès que j’eus refermé la porte derrière lui, il déclara :
    — Je sais que Tom Christie est vivant. Je l’ai rencontré dans la rue.
    — Il m’a embrassée, lâchai-je.
    — Oui, c’est ce que j’ai entendu dire.
    Pour une raison obscure, son expression amusée m’agaça au plus haut point. Il le sentit et son amusement s’accrut encore.
    — Ça t’a plu, hein ?
    — Ce n’est pas drôle !
    Son sourire narquois s’effaça un peu sans pour autant disparaître.
    — Alors, ça t’a plu ? répéta-t-il,

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