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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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le voulais toujours pas. A quoi bon ? Il valait mieux laisser les plaies guérir toutes seules, si elles le pouvaient.
    Mais même les plaies guéries laissaient des cicatrices. J’en avais la preuve sous le nez… pressée contre mon nez, à vrai dire.
    Les zébrures sur le dos de Jamie s’étaient estompées en un pâle réseau de lignes avec à peine, ici et là, un bourrelet que je sentais sous mes doigts quand nous faisions l’amour, tel du filde fer barbelé sous sa peau. Je me souvins que Tom Christie s’en était moqué un jour et mes mâchoires se crispèrent.
    Je posai doucement une main sur son dos, suivant une courbe blanchâtre du bout de mon pouce. Il remua dans son sommeil et je m’arrêtai.
    De quoi demain serait-il fait ? Pour lui. Pour moi. J’entendis à nouveau la voix sarcastique de Tom Christie : J’en ai assez de la guerre. Je m’étonne que votre époux ne s’en soit pas lassé lui aussi . Je marmonnai dans ma barbe :
    — C’est facile à dire pour toi, espèce de lâche !
    Christie avait été emprisonné comme jacobite, ce qu’il était, mais pas comme soldat. Il avait été officier d’intendance dans l’armée de Charles-Edouard Stuart. Il avait risqué sa richesse et sa position – et les avait perdues toutes les deux – mais ni son corps ni sa vie.
    Néanmoins, Jamie le respectait, ce qui n’était pas rien car il était fin psychologue. Pour avoir observé Roger, je savais qu’entrer dans les ordres n’était pas le chemin semé de pétales de rose que certains imaginaient. Roger n’était pas un lâche, lui non plus. Comment trouverait-il sa voie dans le futur ?
    Je me retournai, énervée. On préparait le dîner ; je sentais le riche bouquet iodé des huîtres frites monter de la cuisine. Il s’accompagnait d’une odeur de feu de bois et de pommes de terre rôties.
    Jamie remua légèrement puis se tourna sur le dos sans se réveiller. Il nous restait assez de temps. Il rêvait ; je pouvais voir ses yeux s’agiter sous ses paupières et ses lèvres trembler légèrement.
    Soudain, tout son corps se tendit et je sursautai, surprise. Il émit un grondement sourd et cambra les reins, les muscles bandés par l’effort. Il faisait des bruits étranglés, comme s’il criait ou hurlait dans son rêve.
    — Jamie, réveille-toi !
    J’évitai soigneusement de le toucher, sachant que c’était à éviter lorsqu’il était en proie à un violent cauchemar. Il avait déjà failli me briser le nez une ou deux fois.
    — Réveille-toi !
    Il haleta, retint son souffle et ouvrit les yeux, le regard flou. Il ne savait visiblement pas où il était. Je lui parlai doucement,répétant son nom, le rassurant. Il battit des paupières, déglutit puis tourna la tête et me vit.
    — C’est moi, Claire.
    — Tant mieux.
    Il ferma les yeux, secoua la tête et les rouvrit.
    — Tu vas bien, Sassenach ?
    — Oui. Et toi ?
    Il acquiesça.
    — J’ai rêvé de l’incendie de la maison. On se battait.
    Il huma l’air.
    — Il y a quelque chose qui brûle ?
    — Le dîner, peut-être.
    Les effluves appétissants qui étaient montés du rez-de-chaussée avaient effectivement cédé la place à une odeur âcre de fumée et de nourriture brûlée.
    — Je crois que quelqu’un a oublié la marmite sur le feu.
    — On ferait mieux d’aller dîner ailleurs ce soir.
    — A midi, Phaedre a dit que Mme Symonds avait préparé du jambon avec une sauce à la moutarde et aux raisins. Il en reste peut-être. Tu es sûr que tu vas bien ?
    En dépit du froid dans la chambre, son front et son torse luisaient de transpiration.
    — Oui.
    Il se redressa en position assise et se frotta vigoureusement le crâne.
    — Ce genre de cauchemars, c’est encore tolérable.
    Il écarta ses mèches de devant ses yeux et me sourit.
    — Tu ressembles à un laiteron des champs avec tes cheveux dressés sur la tête, Sassenach . Toi aussi tu as eu un sommeil agité ?
    J’enfilai ma chemise et cherchai ma brosse à cheveux.
    — Non, c’est plutôt à cause de l’agitation avant qu’on s’endorme. Tu as oublié cette partie ?
    Il se mit à rire et se leva à son tour pour utiliser le pot de chambre et s’habiller.
    — Et les autres cauchemars ? demandai-je.
    Sa tête surgit du col de sa chemise.
    — Pardon ?
    — Tu as dit : « Ce genre de cauchemars est encore tolérable. » Qu’en est-il des autres, les intolérables ?
    Je vis les lignes de son visage frémir comme la surface de l’eau dans laquelle

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