Le prix de l'indépendance
tu ressens pour Tom Christie, dit-il. Et il m’a dit on ne peut plus clairement ce qu’il ressentait pour toi. Tu ne sais donc pas que l’amour n’a rien à voir avec la logique, Sassenach ?
Plutôt que de lui répondre, je déboutonnai sa chemise. Je n’avais rien à dire sur les sentiments de Tom Christie, mais je possédais mon propre langage pour exprimer les miens. Son cœur battait vite, je pouvais le sentir comme si je le tenais dans le creux de ma main. J’inspirai profondément, puisant du réconfort dans la familiarité et la chaleur de son corps, dans la douce toison cannelle de son torse, dans la chair de poule qui naissait sous mes doigts. Il passa une main dans mes cheveux, isolant une mèche qu’il examina attentivement.
— Ils ne sont pas encore blancs. Il me reste donc encore un peu de temps avant qu’il devienne dangereux pour moi de t’emmener dans mon lit.
— Dangereux ? Peuh !
Je m’attaquai aux boutons de ses culottes. Je regrettai qu’il ne porte pas son kilt.
— Que crains-tu exactement que je te fasse au lit ?
Il se gratta le crâne, pensif, puis frotta d’un air absent la petite cicatrice noueuse qu’il s’était faite tout seul en découpant la marque au fer rouge de Jack Randall.
— Jusqu’à présent, tu m’as griffé, mordu, transpercé le corps… à maintes reprises… et…
— Je ne t’ai jamais transpercé le corps !
— Si ! Tu m’as enfoncé tes vilaines petites aiguilles dans les fesses… quinze fois ! J’ai compté !… Et puis encore une dizaine de fois dans la jambe avec des crocs de serpent à sonnette.
— C’était pour te sauver la vie !
— Ai-je dit le contraire ? Cela dit, tu ne nieras pas que tu y as pris du plaisir, n’est-ce pas ?
— Eh bien… pas avec les crocs de serpent à sonnette. Quant à ma seringue hypodermique… tu l’avais mérité !
Il me dévisagea avec un profond cynisme.
— Mais bien sûr !
— Et puis, tu énumérais ce que je t’avais fait au lit. Les piqûres ne comptent pas.
— Mais j’étais au lit !
— Moi pas !
— Tu as profité de ma faiblesse.
Il m’avait ôté ma veste et, tête baissée, était occupé à dénouer les lacets de mon corset. Je demandai au sommet de son crâne :
— Que dirais-tu si j’étais jalouse, moi ?
— Ça ne me déplairait pas.
Son souffle chaud caressa ma peau nue.
— D’ailleurs, tu l’as été, reprit-il. De Laoghaire. Peut-être l’es-tu encore ?
Cette fois, la gifle que je lui donnai ne m’avait pas échappé. Il aurait pu arrêter ma main mais ne le fit pas.
— Oui, c’est bien ce qu’il me semblait, dit-il en se frottant la joue. Veux-tu bien venir au lit avec moi, Sassenach ? Il n’y aura que nous deux.
Il était tard quand je me réveillai. Il faisait sombre dans la chambre, bien qu’un fragment de ciel gris soit encore visible au-dessus des rideaux. Le feu n’avait pas encore été allumé et il faisait frisquet mais j’étais douillettement blottie contre Jamie sous les couvertures. Il s’était tourné sur le flanc et je m’étais lovée en chien de fusil contre lui, un bras par-dessus son torse, le sentant se soulever et s’affaisser au rythme de sa respiration.
Effectivement, nous n’avions été que tous les deux. J’avais d’abord craint que le souvenir de Tom Christie et de sa passion encombrante ne se mette entre nous mais Jamie, s’étant sans doute dit la même chose et déterminé à éviter tout écho du baiser de Tom, avait commencé par l’autre extrémité, me suçant les orteils.
Compte tenu de l’exiguïté de la chambre et du fait que le lit était poussé dans un angle, il avait dû se mettre à califourchon sur moi. Entre mes orteils mordillés et la vue en gros plan et par-dessous d’un grand Ecossais nu, je n’avais plus pensé à rien.
Calmée et confortablement installée, je pouvais à présent réfléchir à ma rencontre avec Tom Christie sans me sentir menacée. Parce que je m’étais sentie menacée, Jamie l’avait bien perçu. Veux-tu que je te dise pourquoi tu m’as giflé ? Parce que je t’ai touchée contre ton gré.
Il avait raison. C’était là un des effets secondaires mineurs de ce qui m’était arrivé lorsque j’avais été enlevée. Les rassemblements d’hommes me rendaient nerveuse et qu’on m’agrippe par surprise me faisait bondir et paniquer. Pourquoi ne l’avais-je pas compris plus tôt ?
Parce que je n’avais pas voulu y penser, tout simplement. Et que je ne
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