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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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bière.
    — Laissez-moi vous offrir une autre tournée et racontez-moi ce que vous avez vu.
    William eut envie de lui crier : « Mais vas-tu te taire, pauvre imbécile ! » ou de lui lancer quelque chose à travers la fenêtre, mais il était déjà beaucoup trop tard. Il remarqua qu’il tenait toujours le pilon de poulet et le jeta au loin. Son estomac était noué et il avait un goût de bile au fond de la gorge.
    Hale continuait à s’enfoncer dans la gueule du loup, encouragé par les commentaires admiratifs et les exclamations patriotiques des hommes de Rogers qui, il fallait le reconnaître, jouaient leur rôle à merveille. Jusqu’où Rogers le laisserait-il aller ? L’arrêteraient-ils dans la taverne ? Probablement pas. Sans doute y avait-il parmi les clients des sympathisants des rebelles qui prendraient sa défense.
    Rogers ne semblait pas pressé. Il s’ensuivit près d’une demi-heure d’échange, Rogers faisant des aveux sans conséquence, Hale en faisant de bien plus graves en retour, très excité par les informations qu’on lui donnait et échauffé par la bière. Les jambes, les pieds et les mains de William étaient engourdis et ses épaules endolories par la tension. Un craquement proche détourna un instant son attention et il prit soudain conscience d’une odeur pénétrante qui flottait autour de lui depuis un certain temps déjà.
    — Foutre !
    Il fit un bond en arrière, manquant briser la vitre d’un coup de coude, et percuta le mur de la taverne avec un bruit sourd.La moufette, dérangée dans sa dégustation de la cuisse de poulet, dressa aussitôt la queue, sa raie blanche la rendant parfaitement visible. William se figea.
    — Qu’est-ce que c’était que ça ? demanda quelqu’un à l’intérieur.
    William entendit le crissement d’un banc qu’on repoussait. Retenant son souffle, il avança un pied sur le côté et s’immobilisa à nouveau en entendant un léger battement sourd. La raie blanche oscillait dans le noir. Merde, cette maudite bestiole grattait le sol, signe d’une attaque imminente, lui avait-on dit (des gens dont l’air dépité indiquait qu’ils se fondaient sur une expérience vécue).
    Des pas se dirigeaient vers la porte de la taverne ; quelqu’un venait voir ce qui se passait. Qu’arriverait-il si on le trouvait en train d’espionner à la fenêtre ? Il serra les dents, rassemblant son courage pour accomplir un geste d’autosacrifice en plongeant hors de vue. Mais ensuite ? Il ne pouvait pas retrouver Rogers et les autres en empestant comme un putois. Toutefois si…
    La porte qui s’ouvrait mit un terme à ses tergiversations ; par réflexe, il bondit vers l’angle du bâtiment. La moufette réagit également par réflexe mais, surprise par le bruit, ajusta son tir. William trébucha contre une branche et s’affala de tout son long dans un monceau d’ordures tout en entendant derrière lui un long cri d’horreur.
    William toussa, s’étrangla puis tenta de retenir son souffle jusqu’à être parvenu hors de portée. Quand il fut contraint d’inspirer, ses poumons se remplirent d’une substance qui dépassait tant le concept d’odeur qu’elle aurait nécessité une épithète totalement nouvelle. Haletant et crachant, les yeux brûlants et larmoyants, il parvint en chancelant à rejoindre l’autre côté de la route. Depuis cette position stratégique, il put voir la moufette s’éloigner d’un air outré tandis que de sa victime, écroulée sur le seuil de la taverne, s’échappaient des sons qui traduisaient un désarroi extrême.
    Il espérait que ce n’était pas Hale. Au-delà du problème pratique consistant à arrêter et transporter un homme puant de façon abominable, pendre la victime d’un tel outrage aurait été le comble de la cruauté.
    Ce n’était pas lui. A la lueur de la torche accrochée près de l’entrée, il aperçut sa chevelure blonde dans le groupe de curieux qui s’étaient précipités dehors avant de battre en retraite aussitôt.
    Il entendit des voix discuter de la meilleure manière de procéder. Il fallait du vinaigre, et en grande quantité. Entre-temps, la victime s’était suffisamment remise pour ramper vers les hautes herbes et vomir copieusement. Ajoutés à l’odeur qui infectait toujours l’atmosphère, les râles du pauvre homme firent rendre leurs tripes à plusieurs autres messieurs. William sentit la bile lui remonter dans la gorge mais il la refoula en se pinçant fermement le

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