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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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font aucune différence. Quand on ose protester, on se prend un coup de gourdin sur le crâne ou on se retrouve derrière les barreaux pour qu’ils puissent mieux vous dévaliser. Tenez, la semaine dernière, au poste de douane, une grande brute m’a piqué tout mon chargement de cidre et ma carriole avec ! Il…
    William s’étrangla avec sa bouchée de pain mais n’osa pas la recracher. Bigre, il n’avait pas reconnu l’individu qui lui tournait le dos mais il se souvenait fort bien de son cidre. Une grande brute ?
    Il avala une gorgée de bière pour tenter de déloger le morceau de pain, en vain. Il toussa dans son poing, sentant son visage s’empourprer. Rogers le fusilla du regard. William indiqua discrètement du coude le fermier en colère, se donna une tape sur la poitrine puis se leva et sortit de la salle le plus calmement possible. Son déguisement, si excellent soit-il, ne pouvait cacher sa taille. Si l’homme le reconnaissait et l’identifiait comme un soldat britannique, tout leur plan tombait à l’eau.
    Il parvint à retenir sa respiration jusqu’à ce qu’il soit dehors puis toussa au point que son estomac manqua lui remonter dans la gorge. Quand sa toux cessa enfin, il s’adossa au mur de la taverne et inspira profondément. Il aurait aimé avoir eu la présence d’esprit d’emporter son verre de cidre au lieu de la cuisse de poulet qu’il tenait à la main.
    Le dernier groupe d’hommes de Rogers venait d’arriver. Après lui avoir lancé un regard perplexe, ils entrèrent dans la taverne. William s’essuya la bouche du dos de la main, se redressa puis longea le bâtiment jusqu’à une fenêtre d’où observer la salle.
    Les nouveaux arrivants s’installèrent à une table près de celle de Hale. William constata que Rogers était parvenu à s’immiscer dans la conversation. Il dut leur raconter une blague car l’homme au cidre s’esclaffa en tapant sur la table. Hale, lui, esquissa un sourire mais paraissait franchement choqué. La plaisanterie avait dû être salée.
    Rogers se redressa et, avec un grand geste de la main qui englobait la tablée, déclara quelque chose auquel les hommes répondirent par des hochements de tête et des assentiments murmurés. Puis il se pencha en avant sur la table, l’air concentré, et posa une question à Hale.
    William n’entendait que des bribes de leur conversation par-dessus le brouhaha ambiant et le vent qui sifflait à ses oreilles. Pour autant qu’il puisse comprendre, Rogers se faisait passer pour un rebelle. Ses hommes hochaient la tête à ses propos depuis leur table et se rapprochèrent. On aurait dit qu’ils tenaient conciliabule. Hale semblait captivé, excité et sincère. Il aurait fort bien pu être instituteur. Rogers affirmait qu’il était capitaine dans l’armée continentale mais, aux yeux de William, il n’avait rien d’un soldat.
    Il ne ressemblait pas non plus à un espion, repérable comme il l’était avec ses traits séduisants, ses cicatrices, sa… taille.
    William sentit son sang se figer. Bigre ! Etait-ce ce que Rogers avait voulu dire en le mettant en garde contre les missions de Richardson ? Puis en ajoutant qu’il le constaterait par lui-même ce soir ?
    William était habitué à sa taille et à l’effet qu’elle produisait. Il ne détestait pas être admiré. Lors de sa première expédition pour Richardson, il ne lui était pas venu à l’esprit que les gens se souviendraient de lui parce qu’il était plus grand que la normale. « Grande brute » n’était guère une étiquette flatteuse mais le fait était indéniable.
    Incrédule, il entendit Hale révéler non seulement son nom et ses sympathies pour les rebelles mais confier qu’il cherchait à s’informer sur l’étendue de la présence britannique. Après quoiil demanda à ses compagnons s’ils avaient remarqué des soldats anglais dans le voisinage.
    William fut si choqué par une telle imprudence qu’il colla son œil contre la vitre. A cet instant, Rogers roula des yeux exagérément inquiets puis se pencha vers Hale, lui tapota l’avant-bras et déclara :
    — Effectivement, j’en ai vu mais faites attention à ce que vous dites dans un lieu public. N’importe qui pourrait vous entendre.
    — Peuh ! fit Hale en riant. Nous sommes entre amis. Ne venons-nous pas de boire à la santé du général Washington et à la déroute du roi ?
    Il écarta son chapeau et fit signe au tavernier d’apporter un nouveau pichet de

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