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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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à faire, c’est hocher la tête si vous reconnaissez Hale.
    Le vent marin poussait dans leur direction des relents de marécage relevés d’une vague et lointaine odeur de feu de cheminée. On ne voyait encore aucune habitation et le paysage alentour était désert. La poussière sablonneuse et froide de la route était agréable sous les pieds de William. L’environnement austère ne lui paraissait pas déprimant ; il était trop excité par ce qui l’attendait.
    Rogers, silencieux, marchait à grands pas, la tête baissée contre le vent. Au bout d’un moment, il annonça sur un ton détaché :
    — C’est moi qui ai amené le capitaine Richardson de New York. Et qui l’ai ramené.
    William envisagea un instant de demander qui était ce capitaine, avant de comprendre rapidement que Rogers ne se laisserait pas berner.
    — Vraiment ? dit-il simplement.
    Rogers se mit à rire.
    — On est une vraie tombe, à ce que je vois ! Finalement, il a sans doute eu raison de vous choisir.
    — Il vous a dit qu’il m’avait choisi pour… quelque chose ?
    — C’est bien, mon garçon. Donnant donnant. Cependant, il est parfois payant de mettre un peu d’huile dans les rouages. Non, Richardson est un vieux renard. Il ne m’a pas dit un mot à votre sujet. Mais je sais qui il est et ce qu’il fait. Je sais également où je l’ai débarqué. Je doute fort qu’il soit venu jusqu’ici pour rendre visite aux Culper.
    William produisit un son vaguement intéressé. Rogers avait visiblement l’intention de lui confier quelque chose. Qu’il se confie donc.
    — Quel âge avez-vous, mon garçon ?
    William répondit avec une pointe de défi :
    — Dix-neuf ans, pourquoi ?
    Rogers haussa les épaules.
    — Vous êtes sans doute assez grand pour risquer votre peau mais vous devriez y réfléchir à deux fois avant de dire oui à tout ce que Richardson vous propose.
    — En supposant qu’il m’ait effectivement proposé quelque chose, je vous repose la question : Pourquoi ?
    Rogers lui donna une tape dans le dos, l’incitant à avancer.
    — Vous n’allez pas tarder à le découvrir par vous-même. Venez.

    L’atmosphère chaude et enfumée et les odeurs de cuisine lui firent l’effet d’une caresse. Absorbé par son aventure, William n’avait pas prêté attention au froid, à l’obscurité ou à la faim. Il inspira une grande goulée d’air parfumé au pain frais et au poulet rôti, avec l’impression de revivre.
    Sa seconde inspiration resta toutefois coincée dans sa gorge. Une décharge électrique lui parcourut le corps. A ses côtés, Rogers le rappela à l’ordre avec un léger grognement puis lança un regard nonchalant à la ronde avant de se diriger vers une table.
    L’homme, l’espion, était assis près du feu, mangeant et bavardant avec deux fermiers. La plupart des clients de la taverne jetèrent un regard curieux aux nouveaux venus, notamment à William, mais l’espion, tout occupé à son repas et à la conversation, ne leva pas le nez.
    Bien qu’il l’eût à peine regardé lors de leur première rencontre, William le reconnut sur-le-champ. Il était moins grand que lui mais mesurait quelques centimètres de plus que la moyenne. Il ne passait pas inaperçu avec ses cheveux couleur paille et son haut front couvert de cicatrices. Un chapeau rond à larges bords était posé sur la table à côté de son assiette et il portait un costume marron insignifiant.
    Rogers s’installa à la table voisine et, après avoir fait signe à William de s’asseoir sur le tabouret d’en face, arqua des sourcilsinterrogateurs. William lui répondit d’un hochement de tête en évitant de regarder à nouveau vers Hale.
    Une fois servi, William se consacra à son repas, soulagé de ne pas avoir à participer à la conversation. Hale, détendu et bavard, expliquait à ses compagnons qu’il était un instituteur hollandais établi à New York.
    Il secoua la tête d’un air navré, déclarant :
    — Hélas, les conditions là-bas sont devenues tellement difficiles que la majorité de mes élèves sont partis. Ils se sont réfugiés avec leur famille chez des parents dans le Connecticut ou le New Jersey. Je suppose qu’il en va de même ici ?
    Un des compagnons de tablée se contenta de grogner mais son voisin fit claquer ses lèvres d’un air dégoûté.
    — Ça, on peut le dire ! Ces ordures de grivetons anglais saisissent tout ce qu’on n’a pas pu enterrer. Tory, whig ou rebelle, ces rapaces ne

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