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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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accord.
    Je n’ai pas encore rencontré le capitaine Randall-Isaacs, devant le retrouver à Albany la semaine prochaine. J’ignore quand je serai de retour et quand j’aurai l’occasion de t’écrire à nouveau mais je le ferai à la première occasion. En attendant, sois assuré de toute mon affection.
    Ton fils,
    William

    Québec, fin octobre 1776
    William ne savait trop que penser du capitaine Denys Randall-Isaacs. En surface, c’était le genre de soldat cordial comme on en rencontrait dans tous les régiments. Agé d’une trentaine d’années, il jouait plutôt bien aux cartes, avait la plaisanterie facile, était séduisant, ouvert et fiable. C’était un compagnon de voyage fort agréable qui possédait un remarquable fonds d’histoires divertissantes ainsi qu’un inépuisable répertoire de chansons paillardes et de poèmes grivois.
    Ce dont il ne parlait jamais, c’était de lui-même. Or, d’après l’expérience de William, c’était pourtant ce que les gens faisaient le mieux, ou du moins le plus souvent.
    Il avait tenté de l’aiguillonner un peu, lui racontant notamment les circonstances plutôt tragiques de sa venue au monde, pour ne recevoir en retour que quelques données brutes : le père de Denys, un officier des dragons, était mort avant sa naissance lors de la campagne des Highlands. Sa mère s’était remariée un an plus tard.
    « Mon beau-père est juif », avait-il expliqué à William.
    Il avait ajouté avec un sourire ironique :
    « Et riche de surcroît. »
    William s’était contenté de hocher la tête en souriant.
    C’était peu mais cela expliquait en partie pourquoi Randall-Isaacs travaillait pour Richardson au lieu de chercher la gloire auprès des lanciers ou des fusiliers gallois. L’argent pouvait vous acheter une commission mais ne vous assurait pas un accueil chaleureux au sein d’un régiment. Il n’offrait pas non plus les opportunités que procurait une famille au bras long.
    L’espace d’un instant, William se demanda pourquoi lui-même préférait participer aux aventures douteuses du capitaine Richardson plutôt que d’exploiter le réseau de relations considérable de sa famille, puis décida de reporter ce sujet de méditation à plus tard.
    — Magnifique ! s’extasia Denys.
    Ils venaient de s’arrêter sur la route menant du Saint-Laurent à la citadelle de Québec. De là, ils pouvaient voir la falaise abrupte que les troupes du général Wolfe avaient escaladée dix-sept ans plus tôt pour prendre la forteresse – et la province de Québec – aux Français.
    S’efforçant d’adopter un ton détaché, William déclara :
    — Mon père a fait cette escalade.
    Randall-Isaacs se tourna vers lui, stupéfait.
    — Quoi, vous voulez parler de lord John ? Il s’est battu sur les plaines d’Abraham aux côtés de Wolfe ?
    — En effet.
    William lui-même n’était pas peu impressionné. La falaise disparaissait sous la végétation mais la roche en dessous était en schiste argileux et donc très friable. Il distinguait les crevasses sombres et les fissures quadrangulaires sous le feuillage. Non seulement ils avaient escaladé toute cette hauteur pendant la nuit mais ils avaient hissé avec eux toute l’artillerie !
    — Il m’a raconté que la bataille proprement dite a été pratiquement terminée sitôt commencée… Ce ne fut que l’histoire d’une grande salve. En revanche, la grimpée qui l’avait précédée fut la pire expérience de sa vie.
    Randall-Isaacs eut un petit bruit admiratif puis, après un instant, demanda :
    — Vous avez bien dit que votre père connaissait sir Guy ? Je suis sûr qu’il serait ravi d’entendre cette histoire.
    William lui jeta un regard surpris. En réalité, il n’avait jamais mentionné que lord John connaissait le gouverneur général de l’Amérique du Nord, même si c’était le cas. Son père connaissait tout le monde. Ce ne fut qu’alors qu’il comprit sa véritable fonction dans cette expédition : il était la carte de visite de Randall-Isaacs.
    Il était vrai que, contrairement à ce dernier, il parlait très bien le français (il avait toujours eu des facilités pour leslangues étrangères). Sur ce point du moins, Richardson n’avait pas menti ; il était toujours préférable d’avoir sous la main un interprète de confiance. Néanmoins, si Randall-Isaacs lui avait témoigné un intérêt flatteur, la plupart de ses questions portaient sur lord John : les hauts faits de sa

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