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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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carrière militaire, où il avait été en garnison, avec qui il avait servi, sous quel commandement, qui il connaissait.
    Depuis leur départ, ils avaient rendu visite aux commandants de Fort Saint-Jean et de Fort Chambly et, dans les deux cas, Randall-Isaacs avait glissé au cours des présentations que William était le fils de lord John Grey. L’accueil officiel s’était alors considérablement réchauffé et transformé en longue soirée de réminiscences arrosées de bon cognac. Au cours de ces dernières, William n’en prenait conscience qu’à présent, les commandants et lui avaient monopolisé la conversation. Randall-Isaacs s’était contenté de rester en retrait en les écoutant avec fascination.
    Maintenant qu’il saisissait la situation, William était partagé. D’un côté, il était plutôt fier d’avoir flairé le stratagème. De l’autre, il était assez vexé de constater qu’on l’avait choisi pour l’entregent de son père plutôt que pour ses qualités propres.
    Cependant, il était toujours bon de savoir, même s’il se sentait rabaissé. Ce qu’il ignorait, c’était le rôle exact de Randall-Isaacs. Collectait-il uniquement des informations pour Richardson ou avait-il d’autres desseins plus secrets ? Il lui arrivait fréquemment de s’éclipser en laissant William livré à lui-même, déclarant qu’il avait une course à faire pour laquelle son français suffirait amplement.
    Selon le peu d’instructions que lui avait données le capitaine Richardson, ils étaient censés prendre le pouls politique des habitants français et des colons anglais du Québec. L’objectif était d’évaluer le soutien auquel la Couronne pouvait s’attendre en cas d’incursion des rebelles américains et de tentatives de menaces ou de séduction de la part du Congrès continental.
    Jusque-là, les sentiments paraissaient clairs, bien qu’inattendus. Les Français de la région appréciaient sir Guy Carleton qui, en sa qualité de gouverneur en chef d’Amérique du Nord, avait été l’un des instigateurs de l’Acte de Québec.Ce dernier accordait la liberté de religion, légalisant de ce fait le catholicisme, et protégeait le commerce des catholiques français. Pour des raisons évidentes, les Anglais étaient mécontents de cet acte et avaient boudé en masse la demande de sir Guy de former des milices lors de l’attaque des Américains l’hiver précédent.
    Tandis qu’ils traversaient la plaine s’étendant devant la citadelle, William observa :
    — Ils devaient être fous ! Je veux parler des Américains qui ont tenté de les envahir l’année dernière.
    Ils avaient atteint le sommet de la falaise et la forteresse se dressait devant eux, paisible et solide – très solide – dans la lumière automnale. Il faisait beau et chaud ; l’air était chargé des odeurs terreuses et riches du fleuve et de la forêt. William n’avait encore jamais vu une telle végétation. Les arbres qui bordaient la plaine et les berges du Saint-Laurent formaient un écran impénétrable à présent embrasé de taches rouges et or. Se détachant sur les eaux noires et le ciel d’octobre d’un bleu profond, ils formaient un décor surréel, lui donnant l’impression de se promener dans une enluminure médiévale, étincelant de feuille d’or et brûlant d’une ferveur mystique.
    Au-delà de la beauté du paysage, il percevait également sa sauvagerie. Les journées étaient encore chaudes mais l’air frais de l’hiver se faisait un peu plus mordant à chaque nouveau crépuscule. Il n’avait pas besoin de faire preuve de beaucoup d’imagination pour visualiser la plaine telle qu’elle serait d’ici quelques semaines, prise dans la glace, d’une blancheur hostile à toute vie. Après avoir parcouru plus de trois cents kilomètres et connaissant les problèmes d’approvisionnement de deux cavaliers sur les mauvaises routes du Nord par beau temps, il devinait sans peine l’extrême difficulté de pourvoir aux besoins d’une armée en marche en plein hiver.
    Randall-Isaacs l’arracha à ses pensées.
    — S’ils étaient sains d’esprit, ils ne se seraient jamais soulevés. Toutefois, c’est le colonel Arnold qui les a conduits jusqu’ici. Lui, il est bel et bien fou mais c’est un sacré bon soldat.
    Son ton admiratif surprit William.
    — Vous le connaissez ?
    Randall-Isaacs se mit à rire.
    — Pas personnellement. Allez, venez.
    Il éperonna son cheval et ils reprirent la

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