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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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comme une boisson vulgaire et le vin, bien que bon, pas assez puissant pour accomplir sa mission). Son manteau trempé commençait à fumer à la chaleur du feu.
    — Vous êtes pressé ? Pourquoi donc ?
    — Je pars pour la France demain matin.
    Elle haussa des sourcils surpris tout en engloutissant une autre prune.
    — Che fou ai pa fou euh teni de fo’t fam ille.
    — Ne parlez donc pas la bouche pleine, ma chère. Mon frère a eu une attaque la nuit dernière. Le cœur, selon son charlatan de médecin, mais je doute qu’il sache vraiment ce dont il souffre. Notre dîner familial risque donc d’être quelque peu compromis.
    — J’en suis navrée, dit Nessie plus distinctement.
    Elle essuya délicatement le sucre à la commissure de ses lèvres, le front soucieux.
    — Monsieur le duc est un homme bon.
    — Oui, en effet, il…
    Il s’interrompit brusquement.
    — Vous connaissez mon frère ?
    Nessie lui adressa un sourire charmant et déclara sur un ton chantant, parodiant visiblement une ancienne employeuse :
    — La discrétion est l’article le plus précieux qu’une maquerelle puisse avoir en stock.
    — Bien dit, de la part d’une femme qui espionne pour moi, rétorqua-t-il.
    Il essaya d’imaginer Hal… ou peut-être de ne pas l’imaginer… car il n’aurait tout de même pas… Afin d’épargner Minnie, peut-être ? Mais il aurait cru…
    — Bah ! Espionner, c’est pas comme de répandre des commérages, pas vrai ? J’ai envie de thé, même si ça ne vous dit rien. Parler me donne soif.
    Elle sonna un valet puis se tourna à nouveau vers lui, arquant un sourcil.
    — Votre frère se meurt et vous partez pour la France ?
    — Il n’est pas en train de mourir, répondit sèchement Grey.
    Cette idée ouvrait un gouffre abyssal dans le tapis à ses pieds. Il évita résolument de le regarder.
    — Il… il a eu un choc. Il a appris que son benjamin avait été blessé en Amérique et fait prisonnier.
    Elle écarquilla les yeux et serra son peignoir sur ses seins inexistants.
    — Le benjamin. C’est-à-dire… Henry, n’est-ce pas ?
    — En effet. Mais comment diable le savez-vous ?
    Elle sourit d’un air espiègle puis, constatant son désarroi, reprit son sérieux.
    — Un des valets du duc est un de mes réguliers. Il vient les jeudis ; c’est son soir de congé.
    — Ah.
    Il resta un moment immobile, les mains sur les genoux, essayant de remettre un peu d’ordre dans ses pensées et ses émotions. Elle lança un regard vers la fenêtre dont les lourds rideaux en velours rouge et dentelle atténuaient à peine le bruit du déluge à l’extérieur et demanda :
    — C’est un peu tard dans l’année pour recevoir du courrier d’Amérique, non ? Un dernier navire a tenté la traversée ?
    — Oui, mais il a été dévié et a accosté tant bien que mal à Brest avec un grand mât avarié.
    — C’est donc à Brest que vous allez ?
    — Non.
    Avant qu’elle ait pu poser d’autres questions, on gratta à la porte et elle fit entrer le valet chargé d’un plateau. Grey remarqua que, sans qu’on le lui ait demandé, il avait apporté, outre le service à thé, un grand cake généreusement enduit de crème.
    Il hésita. Pouvait-il le lui dire ? Elle n’avait pas menti en évoquant sa discrétion. Elle savait garder les secrets aussi bien que lui. Quand elle referma la porte et lui fit face à nouveau, il déclara :
    — Il s’agit de William…

    A ses articulations douloureuses et au carillon sourd de sa montre de gousset, il savait que l’aube approchait. On n’en voyait encore aucune trace dans le ciel. Des nuages couleur de suie effleuraient les toits de Londres et les rues étaient encoreplus sombres qu’à minuit, toutes les lanternes étant éteintes depuis longtemps.
    Il avait veillé toute la nuit. Tant de choses à faire ! Il aurait dû rentrer chez lui pour quelques heures de sommeil avant de sauter dans la diligence pour Douvres mais il ne pouvait partir sans voir Hal une dernière fois. Pour se rassurer.
    Il y avait de la lumière derrière les fenêtres d’Argus House. Même avec les rideaux tirés, un mince trait lumineux faisait luire les pavés mouillés dans la cour. Il s’était mis à neiger mais les flocons n’adhéraient pas encore au sol. La diligence serait peut-être retenue… En tout cas, elle prendrait du retard sur les routes bourbeuses.
    Son cœur fit un bond en apercevant la vieille voiture arrêtée sous la porte cochère, devinant qu’elle

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