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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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ouvrir des bouteilles de bière.
    Le cœur toujours battant, il reprit sa marche, essayant de retrouver la réalité de temps et de lieu qui était sienne. Il finirait bien par s’y habituer un jour, non ? Ils étaient de retour depuis plus d’un an mais il se réveillait encore parfois la nuit sans savoir où il était ni quand. Pire, cela lui arrivait alors qu’il était éveillé.
    Les enfants ne paraissaient pas avoir souffert de ce déplacement dans le temps. Naturellement, Mandy avait été trop jeune et trop malade pour se souvenir de quoi que ce soit, qu’il s’agisse de leur vie en Caroline du Nord ou du passage à travers les pierres. Jem, lui, se le rappelait. Mais Jem… Une demi-heure après avoir émergé des menhirs à Ocracoke, ils avaient atteint une route asphaltée. Le garçon avait été transfiguré par les voitures qui passaient en vrombissant.
    « Vroum ! » avait-il dit simplement, un large sourire aux lèvres.
    Le traumatisme de la séparation et du voyage dans le temps semblait déjà oublié alors que Roger, lui, pouvait à peine mettre un pied devant l’autre, ayant la sensation qu’une grande partie de lui était restée coincée dans le tunnel spatiotemporel.
    Un automobiliste s’était arrêté et, ému par leur histoire d’accident de bateau, les avait conduits au village voisin où un appel en PCV à Joe Abernathy leur avait permis de régler les questions les plus urgentes en matière d’argent, de vêtements, d’hébergement et de nourriture. Lors du trajet, assis sur les genoux de son père, Jem avait regardé d’un air béat le paysagedéfiler, le vent qui s’engouffrait par la vitre baissée faisant voler ses cheveux fins et brillants.
    C’était devenu une passion. Sitôt installés à Lallybroch, il avait harcelé son père pour qu’il le laisse conduire la Mini Morris sur les sentiers de ferme assis sur ses genoux, ses petites mains agrippées au volant.
    Roger sourit en lui-même. Il devait s’estimer heureux que Jem ait décidé de s’enfuir à pied cette fois. D’ici un an ou deux, il serait assez grand pour atteindre les pédales. Il ferait mieux à l’avenir de cacher ses clefs de voiture.
    Il était haut au-dessus de la maison à présent et ralentit le pas pour examiner les alentours. Brianna lui avait expliqué que la grotte se trouvait sur le versant sud, à une dizaine de mètres d’un rocher pâle baptisé « le Bond du Tonneau ». Il devait son nom au fait qu’un jeune serviteur de Dunbonnet était tombé sur un groupe de soldats britanniques alors qu’il apportait un fût de bière au laird. Il avait préféré les laisser lui trancher la main plutôt que de leur révéler à qui le tonneau était destiné.
    — Oh, Fergus, mon bon Fergus… murmura Roger.
    Il revoyait les yeux pétillants de son ami tandis qu’il riait aux éclats en brandissant un poisson piqué au bout du crochet lui tenant lieu de main gauche.
    En se tournant, il aperçut le rocher massif et rugueux, témoin muet de l’horreur et du désespoir… Le passé l’empoigna à la gorge, aussi brutal et impitoyable qu’un nœud coulant.
    Il toussa, essayant de libérer ses voies aériennes. Un brame rauque et sinistre lui répondit ; il y avait un autre cerf non loin, un peu plus haut sur la colline mais encore hors de vue.
    Il sortit du sentier et s’aplatit contre le rocher. Sa toux était-elle si terrible que le cerf l’avait pris pour un rival ? Il venait bien plus probablement défier celui entrevu quelques minutes plus tôt.
    De fait, le grand cerf descendit lentement, avançant presque délicatement à travers la bruyère et les pierres. C’était un bel animal mais il portait déjà les stigmates de la saison des amours. Ses côtes étaient visibles sous son épaisse fourrure ; la chair de sa tête était affaissée ; ses yeux rougis par le manque de sommeil et le désir.
    La grosse tête pivota dans sa direction et les yeux injectés de sang se fixèrent sur lui. L’animal n’avait pas peur de l’homme. Il n’y avait plus de place dans son cerveau pour autre chose que le combat et la copulation. Il étira son cou et brama à nouveau, les yeux blancs sous l’effort.
    — Doucement, mon pote, lui dit calmement Roger. Si tu la veux, elle est à toi.
    Il recula lentement mais le cerf le suivit, le menaçant de ses bois baissés. Roger agita les bras et cria, ce qui, d’ordinaire, aurait suffi à faire décamper la bête. Mais les cerfs en rut ne sont pas dans

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