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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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que quelques heures auparavant.
    — Non. Quand j’ai signé avec le capitaine Hickman, je savais qu’il y aurait peut-être de la bagarre. S’il le faut, je suis prêt à tuer un homme.
    — Pas aujourd’hui, j’espère ! plaisanta l’un des blessés.
    Il était étendu dans l’ombre sur deux caisses de porcelaine anglaise, respirant lentement.
    — Non, pas aujourd’hui, convins-je. Tu devrais peut-être en discuter avec mon neveu ou mon mari un de ces jours.
    Je croyais la conversation close mais Abram me suivit tandis que j’étalais mes instruments rudimentaires sur un linge etstérilisais les plaies de mon mieux, répandant généreusement le cognac au point qu’il flottait dans la cale une odeur de distillerie. Les blessés furent outrés par un tel gâchis. Le feu de la coquerie s’était éteint pendant la bataille et il faudrait des heures avant d’avoir de l’eau bouillante.
    Mal à l’aise, il me demanda :
    — Vous êtes patriote, m’dame, si je peux me permettre de vous poser cette question ?
    Je fus prise de court. La réponse logique aurait dû être « bien sûr ». Après tout, Jamie avait déclaré être un rebelle et, même s’il y avait été quelque peu contraint, j’estimais que ses opinions le portaient de ce côté. Mais moi ? Je l’avais été, autrefois.
    — Oui, répondis-je. Toi aussi, visiblement. Pourquoi ?
    Il parut ahuri que je l’interroge à ce sujet et me regarda en clignant des yeux au-dessus de sa lanterne.
    — Tu me l’expliqueras plus tard, dis-je en la lui prenant des mains.
    J’avais soigné les plaies les plus superficielles sur le pont. Les blessés nécessitant des soins plus complexes étaient en train d’être descendus dans la cale. Le moment n’était guère propice à un débat politique. Du moins je le croyais.
    Abram m’assista courageusement et s’en tira plutôt bien, même s’il dut s’interrompre à plusieurs reprises pour vomir dans un seau. Se redressant après avoir rendu ses tripes une deuxième fois, il demanda gravement à un marin du Pitt , un homme grisonnant avec un pied écrasé :
    — Que pensez-vous de la révolution, monsieur ?
    — Une foutue perte de temps ! grommela l’homme en enfonçant les ongles dans le coffre sur lequel il était assis. On ferait mieux de combattre les Français. Qu’est-ce qu’on a à gagner dans cette histoire ? Doux Jésus !
    Le voyant pâlir, je demandai à Abram :
    — Donne-lui quelque chose à mordre, tu veux.
    J’étais en train d’extraire des esquilles de la masse sanguinolente et de me demander s’il ne valait pas mieux l’amputer.
    — Non, merci, madame, ça ira, dit l’homme dans un souffle. Et toi, mon garçon, qu’est-ce que t’en penses ?
    — Qu’elle est juste et nécessaire, monsieur. Le roi est un tyran et les hommes dignes doivent résister à la tyrannie.
    — Quoi ? s’exclama le marin. Le roi, un tyran ? Qui t’a raconté de telles âneries ?
    — Mais… M. Jefferson ! Et tout le monde ! répondit Abram, stupéfié par un déni aussi véhément.
    — Dans ce cas, vous n’êtes qu’une bande de fieffés imbéciles ! Sauf vous, madame.
    Il baissa les yeux vers son pied et oscilla légèrement, les referma aussitôt. Puis il reprit :
    — Vous ne croyez pas à ces mensonges-là, hein, madame ? Vous devriez faire entendre raison à ce gamin.
    — Me faire entendre raison ? s’indigna Abram. Parce qu’il est raisonnable de ne pas pouvoir dire ou écrire ce que l’on pense ?
    Le marin rouvrit un œil.
    — Parfaitement ! Vous autres, pauvres couillons – pardonnez-moi, madame –, vous parlez en dépit du bon sens, incitant la population à la désobéissance, et tout ça, ça nous mène à quoi ? A des émeutes, voilà à quoi ! De braves gens se font brûler leur maison, se font assommer dans la rue. T’as déjà entendu parler de la révolte des tisserands de Spitalfields 10 , mon garçon ?
    De toute évidence, Abram ignorait de quoi il s’agissait mais il contra avec une dénonciation vigoureuse des Actes intolérables, ce qui fit s’esclaffer M. Ormiston (entre-temps, nous avions eu l’occasion de nous présenter). Ce dernier se lança dans une description des privations subies par les Londoniens comparées au luxe dans lequel vivaient les colons ingrats.
    — Ingrats ? s’étrangla Abram, le visage congestionné. Et de quoi devrions-nous être reconnaissants ? Qu’on nous inflige la présence de la soldatesque ?
    — Tu emploies de bien grands

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