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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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mots pour un gamin de ton âge ! Tu devrais plutôt tomber à genoux et remercier Dieu pour cette « infliction » ! A ton avis, qui t’a évité d’être scalpépar les Peaux-Rouges ou envahi par les Français ? Hein ? Et qui a payé tout ça ?
    Cette dernière riposte souleva des hourras et quelques huées de la part des hommes attendant des soins, tous ayant été entraînés dans la conversation à ce stade.
    Abram gonfla son torse frêle.
    — Ce ne sont que… d’absurdes… abjectes… billevesées !
    Il fut interrompu par l’arrivée de M. Smith, un grand sac en toile dans une main et un air navré sur le visage.
    — J’ai bien peur que votre cabine soit sens dessus dessous, madame. J’ai ramassé ce que j’ai pu sur le plancher, au cas où…
    — Jonas Marsden ! Que je sois damné !
    M. Ormiston, sur le point de se relever, retomba lourdement sur le coffre, la bouche ouverte.
    — Qui ? lui demandai-je, surprise.
    — Jonas. Bah, ce n’est pas son vrai prénom… comment s’appelle-t-il déjà… ah, Bill ! On l’avait surnommé « Jonas la Poisse » parce qu’il avait coulé tellement de fois.
    — Allons, Joe… fit M. Smith, ou M. Marsden, en reculant vers la porte avec un petit sourire nerveux. C’était il y a longtemps.
    — Pas si longtemps que ça.
    M. Ormiston prit son élan et réussit à se lever, prenant appui sur un tonneau de harengs pour ne pas poser son pied bandé sur le plancher.
    — … En tout cas pas assez longtemps pour que la marine t’ait oublié, sale petit déserteur !
    M. Smith disparut subitement dans l’escalier, bousculant deux hommes qui descendaient en portant un blessé comme un quartier de bœuf. Tout en jurant, ils le laissèrent tomber à mes pieds avec un bruit sourd, puis reculèrent d’un pas, le souffle court. C’était le capitaine Stebbings.
    — Il n’est pas mort, m’informa l’un d’eux.
    — Ah, tant mieux.
    Mon ton ne devait pas être très convaincant car le capitaine ouvrit un œil et déclara d’une voix rauque entre deux inspirations laborieuses :
    — Vous allez… me laisser… me faire… charcuter… par cette salope ? Je préférerais… mourir… hono-honorable…
    Sa phrase se termina dans un gargouillis qui me mit la puce à l’oreille. J’écartai sa veste et sa chemise maculées de suie et de sang d’un geste sec. Effectivement, il y avait un trou rond dans son sein droit qui produisait un vilain bruit de succion.
    Je lâchai un très gros mot qui fit sursauter les deux hommes qui l’avaient amené. Je le répétai, plus fort, saisis la main de Stebbings et la plaquai sur la plaie.
    — Appuyez là si vous voulez avoir une chance de mourir honorablement.
    Je me tournai vers l’un des hommes qui battaient en retraite.
    — Vous ! Allez dans la coquerie et rapportez-moi un peu d’huile ! Tout de suite ! Et vous…
    Son compagnon se figea aussitôt, la tête baissée d’un air coupable.
    — … de la toile à voile et du goudron. Le plus vite possible !
    Stebbings sembla sur le point de faire une remarque.
    — On se tait. Vous avez un collapsus pulmonaire. Si je ne parviens pas à regonfler votre poumon, vous crèverez comme un chien.
    — Argh, fit-il.
    Ce que je pris pour un assentiment.
    Sa grosse main charnue bouchait efficacement le trou pour le moment. Malheureusement, il avait sans doute le poumon perforé. Il me fallait refermer hermétiquement la plaie externe afin que l’air ne pénètre plus dans la poitrine et cesse de comprimer le poumon mais je devais également évacuer l’air infiltré sous la plèvre. A chaque expiration, l’air du poumon blessé se répandait dans cette cavité, aggravant la pression.
    Stebbings pouvait aussi être en train de se noyer dans son sang. Si tel était le cas, je ne pouvais pas faire grand-chose ; il était donc inutile de m’en inquiéter.
    — Du point de vue positif, annonçai-je, vous avez été touché par une balle plutôt que par un éclat ou une écharde. L’avantage du métal chauffé à blanc, c’est qu’il stérilise la plaie. Soulevez votre main un moment, s’il vous plaît. Expirez.
    Je soulevai sa main moi-même et comptai jusqu’à deux tandis qu’il expirait, puis la plaquai à nouveau sur la plaie.Il y avait beaucoup de sang pour un si petit trou, toutefois il ne toussait pas ni ne crachait de sang… D’où…
    — Ce sang, c’est le vôtre ou celui de quelqu’un d’autre ?
    Il entrouvrit les yeux et retroussa les lèvres dans un sourire de

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