Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
Vom Netzwerk:
affûts au-dessus de ma tête. L’ Asp n’avait qu’une batterie de quatre canons sur chaque flanc mais ils étaient de calibre douze, une grosse artillerie pour un schooner côtier. Le Teal , armé en navire marchand transatlantique devant pouvoir affronter toutes sortes de menaces, possédait des batteries de huit canons de seize livres, plus deux caronades sur le pont supérieur, deux couleuvrines en proue et un canon en poupe.
    Après m’avoir demandé de lui décrire l’armement du Teal , Abram m’expliqua :
    — Il ne ferait pas le poids face à un vaisseau de guerre. Comme il n’est pas censé s’emparer d’autres navires ou les couler, il n’est pas armé trop lourdement, quand bien même il serait bâti pour ça, ce dont je doute. Et puis le capitaine Stebbings n’a probablement pas assez d’hommes pour servir toute une batterie, alors il ne faut pas se décourager.
    Il parlait avec une belle assurance que je trouvai amusante ainsi qu’étrangement apaisante. Il sembla s’en rendre compte car il se pencha vers moi et me tapota la main.
    — Vous n’avez pas à vous inquiéter, m’dame. M. Fraser m’a dit de veiller sur vous et je ne laisserai rien vous arriver, soyez-en sûre.
    — Merci, répondis-je en m’efforçant de garder mon sérieux. Sais-tu quelle est la cause de cette haine entre les capitaines Hickman et Stebbings ?
    — Oh oui, m’dame. Le capitaine Stebbings est une vraie plaie dans la région depuis des années. Il arraisonne des navires sans aucun droit, confisquant des marchandises qu’il prétend être de contrebande. Naturellement, elles n’arrivent jamais dans le dépôt des douanes ! Mais c’est surtout à cause de ce qui s’est passé avec l’ Annabelle .
    L’ Annabelle était un grand ketch appartenant au frère du capitaine Hickman. Le Pitt l’avait arraisonné et avait tenté d’enrôler de force des membres de son équipage. Theo Hickman avait protesté, une bagarre s’en était suivie et Stebbings avait ordonné à ses hommes de tirer. Trois marins avaient été tués, dont Theo Hickman.
    L’affaire avait provoqué un scandale considérable et beaucoup réclamèrent que Stebbings soit traîné en justice pour ses crimes. Le capitaine avait rétorqué qu’aucun tribunal local n’était habilité à le juger et que, si procès il y avait, il ne pouvait être conduit que par un tribunal anglais. Les juges locaux en étaient convenus.
    — C’était l’an dernier, avant que la guerre n’éclate ? demandai-je. Car après…
    — Bien avant, répondit Abram. Mais quand bien même, ces couards mériteraient d’être enduits de plumes et de goudron, comme Stebbings !
    — Je n’en doute pas. Tu ne penses pas que…
    Au même instant, le navire fit une brusque embardée, nous projetant tous les deux sur le plancher humide. Une violente explosion ébranla l’air autour de nous.
    Je ne sus tout d’abord lequel des deux vaisseaux avait entamé les hostilités mais, l’instant suivant, les canons de l’ Asp crachèrent juste au-dessus de nos têtes et je compris que la première bordée avait été tirée par le Teal .
    La riposte de l’ Asp fut décousue, ses canons de tribord partant à intervalles irréguliers, ponctués du bruit plus étouffé des armes légères.
    Je résistai à la galante tentative d’Abram de me protéger de son petit corps maigrelet et, roulant sur le côté, me redressai à quatre pattes, l’oreille tendue. On entendait beaucoup de cris, tous incompréhensibles, mais les tirs semblaient avoir cessé. Pour autant que je sache, nous ne prenions pas l’eau et avions dû être touchés au-dessus de la ligne de flottaison.
    — Ils n’ont quand même pas déjà capitulé ? hasarda Abram, déçu.
    — Cela m’étonnerait.
    Je me relevai en prenant appui sur un grand tonneau. La cale principale était aussi pleine que celle en proue maiscontenait des marchandises plus massives. Il y avait à peine assez de place pour qu’Abram et moi nous faufilions entre d’énormes caisses enveloppées de filets et des pyramides de fûts, dont certains dégageaient une forte odeur de bière. Le navire gîtait d’un côté ; nous devions être en train de faire demi-tour pour un deuxième assaut. En effet, les roues des affûts grondaient : ils rechargeaient les canons. Y avait-il des blessés ? Et si c’était le cas, que pouvais-je y faire ?
    Un canon cracha sur le pont.
    — Ce chien doit avoir pris la fuite, chuchota Abram. Nous le

Weitere Kostenlose Bücher