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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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leursconversations mais ne voyais pas trop ce que venaient faire les bébés là-dedans.
    — De la manière dont on les fait, dit-il maladroitement.
    Je laissai passer un temps, puis déclarai :
    — Ian, je refuse de croire que tu ignores comment on fait les enfants. Que veux-tu savoir exactement ?
    Il pinça les lèvres, gêné, puis lâcha enfin :
    — Je veux savoir pourquoi je ne peux pas en avoir.
    Je me passai un doigt sur les lèvres, déconcertée. Je savais… Brianna m’avait raconté qu’Emily, son épouse mohawk, avait donné le jour à une enfant mort-née et avait fait ensuite deux fausses couches. Je savais aussi que cet échec avait contraint Ian à quitter la communauté mohawk de Snaketown et à revenir parmi nous.
    — Qu’est-ce qui te fait penser que c’était de ta faute ? demandai-je. En cas de fausse couche ou d’enfant mort-né, l’homme tient toujours la femme pour responsable. Et vice versa, d’ailleurs.
    J’en avais voulu autant à Jamie qu’à moi-même.
    Il eut un petit bruit de gorge impatient.
    — Pas les Mohawks. Ils disent que quand un homme couche avec une femme, leurs deux esprits se combattent. S’il la vainc, l’enfant est planté. Sinon, il ne se passe rien.
    — Hmmm… c’est une manière de voir les choses. Par ailleurs, ils n’ont pas tout à fait tort. Le problème peut venir de l’homme, de la femme, mais aussi d’une incompatibilité entre les deux.
    — Dans le groupe de Hurons, il y avait une femme, Kahnyen’kehaka. Elle vient de Snaketown et m’a connu là-bas. Elle m’a dit qu’après mon départ Emily a eu un enfant. Un enfant qui a vécu.
    Il s’agitait nerveusement tout en parlant, se balançant d’un pied sur l’autre en faisant craquer les articulations de ses doigts. La lune illuminait son visage, creusant ses cernes.
    — Je pense souvent à elle, tante Claire. A Emily. Et à Yeksa’a… notre petite.
    Il s’interrompit, serrant fort un de ses poings dans son autre main, puis il se ressaisit et reprit, plus calmement :
    — Récemment, il m’est venu une autre idée. Si… ou plutôt quand (il lança un regard par-dessus son épaule comme s’il s’attendait à ce que Jamie surgisse d’une trappe) nous serons en Ecosse… on voudra peut-être me marier à nouveau…
    Il releva vers moi des traits tirés par le chagrin mais également habités par un espoir et des doutes qui me fendirent le cœur.
    — Je ne pourrai pas reprendre une femme en sachant que je ne peux pas lui donner d’enfants.
    Il baissa à nouveau la tête.
    — Vous ne pourriez pas… euh, peut-être… examiner mes parties, tante Claire ? Pour voir si j’ai quelque chose qui cloche ?
    Il baissa la main vers sa braguette et je l’arrêtai précipitamment.
    — Cela peut attendre, Ian. Donne-moi d’abord plus de détails, nous verrons ensuite si tu as besoin d’un examen.
    — Vous êtes sûre, tante Claire ? Oncle Jamie m’a parlé des têtards que vous lui avez montrés dans sa semence. Je me suis dit que la mienne n’était peut-être pas tout à fait normale.
    — Pour le vérifier, il me faudrait un microscope. Qui plus est, le plus souvent, quand les spermatozoïdes sont anormaux la conception n’a pas lieu. Or, si j’ai bien compris, ce n’était pas votre cas. Dis-moi…
    J’hésitais à lui poser la question mais je ne pouvais faire autrement.
    — As-tu vu ta fille ?
    Les religieuses à Paris m’avaient montré la mienne, insistant doucement : « Il est préférable que vous la voyiez. »
    — Pas vraiment, répondit-il. C’est-à-dire que… j’ai vu le petit paquet qu’ils en avaient fait. Ils l’ont enveloppée dans une peau de lapin et l’ont accrochée haut dans la fourche d’un cèdre rouge. J’y allais la nuit pour la regarder. J’ai souvent songé à la descendre et à la démailloter rien que pour voir son visage. Mais cela aurait perturbé Emily, alors je ne l’ai pas fait.
    — Tu as sûrement bien fait mais… comment dire… Est-ce qu’Emily ou une des femmes qui l’ont aidée à accoucher t’ont parlé d’un défaut quelconque du bébé ? Etait-elle… déformée d’une manière ou d’une autre ?
    Il me jeta un regard choqué et ses lèvres remuèrent en silence quelques instants.
    — Non, répondit-il enfin, d’une voix à la fois peinée et soulagée. Non, j’ai posé la question à Emily. Elle ne voulait pas parler d’Iseabaìl, c’est comme ça que je l’aurais baptisée, mais j’ai insisté jusqu’à ce

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