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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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lequel ils étaient écrits. Paniqué à l’idée de les oublier, il se les répétait à intervalles réguliers depuis le début de la matinée.
    Il était midi passé. Les nuages clairsemés du matin s’étaient rassemblés en tissant un plafond bas couleur de laine sale. Il inspira profondément mais ne perçut pas encore les odeurs piquantes d’un déluge imminent. Outre la puanteur du marais, avec ses remugles de vase et de végétaux en décomposition, il sentait l’odeur de sa peau, salée et fétide. Il s’était lavé les mains et la tête quand cela lui avait été possible mais ne s’était pas changé depuis quinze jours. Sa chemise de chasse rêche et ses culottes en homespun commençaient à le démanger sérieusement.
    Ce n’était peut-être que la sueur séchée et la poussière. Il se gratta furieusement l’entrejambe, sentant quelque chose lui courir sur la peau. Il avait dû attraper un pou dans la dernière taverne.
    Le pou, si c’en était bien un, eut la sagesse de se faire plus discret et le picotement cessa. William remarqua que les odeurs autour de lui s’étaient faites plus âcres, la sève des résineux montant avec l’approche de la pluie. L’air avait soudain acquis cette qualité statique qui étouffait tous les bruits. Les oiseaux ne chantaient plus. C’était comme si son cheval et lui avançaient seuls dans un monde ouaté.
    William n’avait rien contre la solitude. Il avait grandi seul, sans fratrie, et savait se satisfaire de sa propre compagnie. En outre, la solitude lui permettait de réfléchir.
    — Washington, Cartwright, Harrington et Carver, fredonna-t-il.
    En réalité, cette liste de noms mise à part, il n’avait guère de quoi s’occuper l’esprit et ses pensées se tournèrent rapidement vers un sujet plus divertissant.
    Quand il était sur la route, c’était surtout aux femmes qu’il pensait. Il toucha la poche intérieure de sa veste et palpa le petit livre qu’il avait emporté pour le voyage. Il avait dû choisir entre le Nouveau Testament offert par sa grand-mère et son précieux exemplaire de Une liste des dames de Covent Garden . Il n’avait pas hésité longtemps.
    A seize ans, il avait été surpris par son père en train de compulser avec un ami le célèbre annuaire de M. Harris qui dressait l’inventaire des charmes des femmes de petite vertu de Londres. Lord John avait lentement feuilleté l’ouvrage, s’arrêtant parfois sur une page en écarquillant les yeux, et l’avait refermé avec un soupir. Puis, après avoir brièvement sermonné les deux adolescents sur le respect dû au beau sexe, il leur avait ordonné d’aller chercher leurs chapeaux.
    Dans une maison discrète et élégante au fond de Brydges Street, ils avaient pris le thé en compagnie d’une Ecossaise portant une très belle robe, Mme McNab. Cette dernière semblait entretenir des liens particulièrement amicaux avec son père. Une fois leur tasse vide, elle avait agité une clochette en bronze et…
    William se trémoussa sur sa selle avec un soupir. Elle s’appelait Margery et, éperdu d’amour pour elle, il lui avait écrit un compliment enflammé.
    Après une semaine passée à faire fébrilement ses comptes, il était revenu dans l’intention de la demander en mariage. Mme McNab l’avait accueilli avec beaucoup de prévenance, l’avait patiemment écouté balbutier sa déclaration, puis lui avait déclaré que Margery serait sans doute très flattée de la haute estime dans laquelle il la tenait mais qu’elle était occupée. Une charmante jeune fille venait de débarquer du Devonshire, Peggy. Elle paraissait bien esseulée et serait ravie qu’il lui fasse un brin de causette en attendant que Margery se libère.
    Quand il avait compris que l’élue de son cœur était en train de faire avec un autre ce qu’elle avait fait avec lui, sous le choc, il était resté planté bouche bée devant Mme McNab. Puis Peggy était entrée, fraîche comme un bouton de rose, blonde, souriante et avec une remarquable…
    — Aïe !
    William se donna une claque sur la nuque là où un taon venait de le piquer. Il lâcha un juron. Son cheval avait ralenti sans qu’il s’en aperçoive. Il jura à nouveau, plus fort. La route avait disparu.
    — Comment est-ce possible ? s’exclama-t-il.
    Sa voix lui parut toute petite, absorbée par la végétation. Les taons l’avaient suivi. L’un d’eux piqua son cheval qui secoua violemment la tête.
    — Allons, allons, dit

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