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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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qu’elle accepte de me dire à quoi elle ressemblait. Elle était parfaite.
    Il baissa les yeux vers le pont en construction et répéta doucement :
    — Parfaite.
    Comme Faith. Elle aussi avait été parfaite.
    Je posai une main sur son avant-bras noueux.
    — C’est bon signe, dis-je. Très bon signe. Maintenant, parle-moi de la grossesse. Tâche de te souvenir de tout ce qui s’est passé durant cette période. Ta femme a-t-elle eu des saignements entre le moment où elle a compris qu’elle était enceinte et l’accouchement ?
    Lentement, je le guidai à travers l’espoir et la peur, la désolation de chaque perte, les symptômes dont il se souvenait et ce qu’il savait de la famille d’Emily. Y avait-il eu d’autres mort-nés parmi ses proches ? D’autres fausses couches ?
    La lune traversa le ciel et entama sa descente. Je m’étirai enfin et conclus :
    — Je ne peux pas en être sûre mais il se peut que le problème vienne d’une incompatibilité de rhésus.
    — D’une quoi ?
    Je me voyais mal lui faire un exposé sur les groupes sanguins, les antigènes et les anticorps. En outre, ce n’était pas si différent de l’explication des Mohawks.
    — Cela vient du sang de chacun. Si une femme possède un rhésus négatif et son mari un rhésus positif, l’enfant sera positif car c’est un gène dominant ; peu importe ce que cela signifie mais l’enfant sera positif comme son père. Parfois tout se passe bien lors de la première grossesse et les complications n’apparaissent qu’à la seconde. Parfois, cela se produit dès la première. Le corps de la mère sécrète une substance qui tue l’enfant. Si une femme au rhésus négatif fait un enfant avec un homme négatif lui aussi, l’enfant naît négatif et tout se passe bien. Puisque tu me dis qu’Emily a mis au monde un enfantqui a survécu, ce doit être que son nouveau mari est négatif lui aussi.
    J’ignorais tout de la prévalence du rhésus négatif chez les Amérindiens mais ma théorie tenait la route.
    — Si c’est le cas, repris-je, tu ne devrais pas avoir de problèmes avec une autre femme. La plupart des Européennes ont un rhésus positif, à quelques exceptions près.
    Il me dévisagea si longtemps sans piper mot que je me demandai s’il avait compris quelque chose.
    — Disons que c’est le destin, dis-je doucement. Ou la malchance. Mais ce n’était pas de ta faute. Ni de la sienne.
    Ni de la mienne, ni celle de Jamie.
    Il acquiesça lentement puis il se pencha en avant et posa sa tête contre mon épaule quelques instants.
    — Merci, ma tante, murmura-t-il.
    Il releva la tête et déposa un baiser sur ma joue.
    Le lendemain, il était parti.

36
    Le marais du Great Dismal
    21 juin 1777
    William ne cessait de s’émerveiller de la route. Certes, elle ne s’étirait que sur quelques kilomètres mais de pouvoir pénétrer dans le grand marais où, des années plus tôt, il se souvenait d’avoir dû faire nager son cheval à plusieurs reprises tout en évitant les tortues carnivores et les serpents venimeux… le progrès tenait du miracle. Sa monture semblait du même avis ; elle avançait d’un pas souple, laissant derrière elle les nuages de minuscules taons jaunes qui tentaient de les suivre, les yeux des insectes luisant comme de minuscules arcs-en-ciel quand ils s’approchaient de près.
    — Profites-en autant que tu peux, déclara-t-il à son hongre en lui tapotant l’encolure. Ça ne durera pas. La tourbe nous attend plus loin.
    Bien que dégagée des jeunes pousses de copalmes et de pins qui encombraient ses bords, la route était boueuse, mais ce n’était rien à côté des tourbières traîtresses et des mares cachées qui les guettaient de l’autre côté des rangées d’arbres. Il se hissa légèrement sur ses étriers, regardant devant lui. Etait-ce encore loin ? Dismal Town se trouvait au bord du lac Drummond, celui-ci étant au cœur du grand marais. Il ne s’était encore jamais aventuré aussi loin dans le Great Dismal et n’avait aucune idée de sa taille réelle.
    Il savait que la route n’allait pas jusqu’au lac. Mais il y avait sûrement des pistes. Les habitants de Dismal Town devaient bien entrer et sortir de leur ville de temps à autre.
    Il répéta lentement :
    — Washington, Cartwright, Harrington, Carver.
    C’étaient les noms des loyalistes de Dismal Town que lui avait indiqués le capitaine Richardson. Il les avait mémorisés avant de brûler le morceau de papier sur

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