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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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lui tombe dans les bras. En vérité, il avait espéré qu’il serait absent. Il sourit en lui-même, songeant à la vieille Mme Wilson qui avait un jour dit de son gendre, Hiram, qu’il « ne céderait pas le passage à un ours ».
    — Que veux-tu ? demanda Sun Elk.
    — Rien qui t’appartienne, répondit Ian le plus doucement possible.
    Les mâchoires de Sun Elk se crispèrent mais Turtle intervint avant qu’il ait pu rétorquer, invitant Ian chez lui pour boire et manger.
    Il aurait dû accepter. Il était impoli de refuser. En outre, il aurait pu en profiter pour demander discrètement où était Emily. Mais le besoin impérieux qui lui avait fait parcourir cinq cents kilomètres dans la nature sauvage ne pouvait ni se plier à des exigences de courtoisie ni attendre.
    — Je souhaite parler avec celle qui fut ma femme. Où est-elle ?
    Plusieurs hommes ouvrirent de grands yeux interloqués mais Ian surprit le coup d’œil de Turtle vers la grande maison au bout de la route.
    Sun Elk bomba le torse et se planta encore plus fermement en travers de son chemin, prêt à défier deux ours si nécessaire. Cela ne plut pas à Rollo qui gronda en montrant les crocs. Deux ou trois hommes reculèrent mais Sun Elk, qui savait pourtant mieux que tous ce dont Rollo était capable, ne bougea pas d’un pouce.
    — Tu comptes lâcher ton démon sur moi ?
    — Bien sûr que non, répondit Ian avant de se tourner vers son chien : Sheas, a cù .
    Rollo continua à gronder quelques instants, histoire de montrer ce qu’il en pensait, puis se coucha sans pour autant lâcher Sun Elk de son regard jaune.
    — Je ne suis pas venu te la prendre, déclara Ian.
    Il avait eu l’intention de se montrer conciliant tout en sachant qu’il ne serait pas compris. Il avait vu juste.
    — Parce que tu crois que tu le pourrais ?
    — Puisque ce n’est pas mon intention, quelle importance ?
    — Elle ne te suivrait pas, même si tu me tuais !
    — Combien de fois dois-je te répéter que je ne veux pas te la prendre ?
    Sun Elk le dévisagea longuement d’un regard noir avant de répondre en serrant les poings :
    — Jusqu’à ce que ton visage me dise la même chose.
    Un murmure s’éleva parmi les hommes. Toutefois, Ian savait qu’ils n’interviendraient pas dans une bagarre au sujet d’une femme. C’était une bonne chose, se dit-il en observant les mains de Sun Elk. Il se souvenait qu’il était droitier. Il portait un couteau à sa ceinture mais ne semblait pas se préparer à le dégainer.
    — Je souhaite juste parler avec elle.
    — Pourquoi ? aboya Sun Elk, en lui postillonnant au visage.
    Ian ne s’essuya pas. Il ne recula pas non plus.
    — Cela ne regarde qu’elle et moi. Elle te racontera probablement quand je serai reparti.
    Cette idée lui broya le cœur. Elle ne parut pas rassurer Sun Elk qui, soudain, lui envoya son poing dans la figure.
    Le coup l’atteignit en plein nez, accompagné d’un craquement qui résonna dans toute sa mâchoire. L’autre poing de Sun Elk s’écrasa presque simultanément sur sa pommette. Ian secoua la tête pour retrouver ses esprits. Les yeux brouillés par les larmes, il distingua un mouvement et, par chance plus que par adresse, envoya un coup de genou dans les parties de Sun Elk.
    Il pantelait, son sang dégouttant dans la poussière. Six paires d’yeux allèrent de lui à Sun Elk qui gémissait recroquevillé sur le sol. Rollo se releva, s’approcha de l’homme à terre et le renifla avec intérêt. Tous les regards se portèrent sur Ian.
    Il rappela Rollo d’un signe de la main puis se dirigea vers la maison de Brant au bout de la route, six paires d’yeux rivées sur son dos.

    La porte s’ouvrit et la jeune femme blanche le dévisagea avec des yeux ronds. Il était en train de s’essuyer le nez avec un pan de sa chemise. Il inclina poliment la tête.
    — Auriez-vous l’amabilité de dire à Wakyo’teyehsnonhsa que Ian Murray aimerait lui parler ?
    Elle battit des paupières, puis acquiesça et referma la porte, marquant une pause à mi-chemin pour s’assurer qu’elle n’avait pas la berlue.
    Il redescendit les marches du perron pour patienter dans le jardin. C’était un jardin bien ordonné, avec des rosiers, de la lavande et des allées dallées. Ses parfums lui rappelèrent tante Claire et il se demanda si Thayendanegea avait amené un jardinier anglais de Londres.
    Deux femmes travaillaient au fond du jardin. L’une était une Blanche d’âge moyen, à en

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