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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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juger par la couleur des cheveux sous son bonnet et à ses épaules affaissées… la femme de Brant, peut-être ? La jeune femme qui lui avait ouvert la porte était-elle leur fille ? L’autre était indienne. Sa longue natte était striée d’argent. Ni l’une ni l’autre ne lui adressa un regard.
    Quand il entendit le loquet cliqueter derrière lui, il attendit un instant avant de se retourner, se préparant à la déception d’apprendre qu’elle n’était pas à la maison ou, pire, qu’elle refusait de le voir.
    C’était elle. Emily. Petite et bien droite ; sa poitrine ronde étirant le décolleté d’une robe en calicot bleu ; ses longs cheveux retenus en arrière mais non couverts ; le visage craintif mais ardent. Son regard s’illumina quand elle l’aperçut et elle fit un pas vers lui.
    Si elle était venue jusqu’à lui ou l’avait invité à approcher, il l’aurait serrée dans ses bras jusqu’à l’étouffer. Et ensuite ? Toutefois, après ce premier mouvement impulsif, elle s’arrêta, ses mains voletant un instant comme si elles voulaient façonner l’air qui les séparait puis retombant et se cachant dans les plis de sa jupe. Elle déclara doucement en iroquois :
    — Frère du Loup, mon cœur se réchauffe de te voir.
    — Le mien aussi.
    Elle inclina la tête vers la maison.
    — Es-tu venu parler avec Thayendanegea ?
    — Peut-être plus tard.
    Elle ne fit aucune allusion à son nez qui, pourtant, devait avoir doublé de volume. Le devant de sa chemise était tachéde sang. Il jeta un regard autour d’eux et lui indiqua une allée qui s’éloignait de la maison.
    — Tu veux bien marcher un peu avec moi ?
    Elle hésita. La flamme dans ses yeux ne s’était pas éteinte mais avait faibli, cédant la place à d’autres choses… de la prudence, du désarroi et ce qu’il pensa être de la fierté. Il était étonné de lire en elle aussi clairement, comme si elle était en verre.
    — Je… les enfants, balbutia-t-elle.
    — Ce n’est pas grave, la rassura-t-il. Je voulais simplement…
    Il s’interrompit pour essuyer un filet de sang sous une narine. Puis il avança de deux pas, s’approchant à la toucher même s’il ne s’y hasarda pas.
    — Je voulais te dire que je suis désolé de ne pas t’avoir donné d’enfants. Et que je suis heureux que tu en aies eu.
    Une jolie teinte rosée colora ses joues et il put voir la fierté l’emporter sur le désarroi.
    — Je pourrais les voir ? demanda-t-il, se surprenant lui-même.
    Elle réfléchit un instant, puis rentra dans la maison tandis qu’il allait l’attendre assis sur un muret. Elle revint quelques minutes plus tard avec un garçonnet et une petite fille. Il devait avoir environ cinq ans et elle, trois. Elle portait de courtes nattes et le dévisageait gravement en suçant son pouce.
    Au cours de son voyage, Ian avait longuement réfléchi à l’explication que lui avait donnée tante Claire. Non pas qu’il eût l’intention de la partager avec Emily ; elle n’aurait rien signifié pour elle, lui-même la comprenait à peine. Mais peut-être pour se protéger contre ce moment précis : quand il la verrait avec les enfants qu’il ne pouvait lui donner.
    Disons que c’est le destin , avait dit Claire en le fixant de son regard de faucon, celui qui voit de très haut, de si haut que ce qui passe pour de l’implacabilité cache en fait une vraie compassion. Ou la malchance. Mais ce n’était pas de ta faute. Ni de la sienne .
    Il tendit la main vers le garçon.
    — Viens me voir.
    L’enfant lança un regard interrogateur à sa mère puis approcha, le dévisageant avec curiosité.
    Ian dit en anglais à Emily :
    — Je peux te voir dans ses yeux et dans ses mains.
    Il prit les mains du garçon, si incroyablement petites dans les siennes. Elles étaient souples et fines, comme celles d’Emily. Elles se recroquevillèrent dans ses paumes. Il écarta les doigts et les agita comme des pattes d’araignée, faisant glousser l’enfant. Il rit également, puis referma ses mains sur les siennes, tel un ours avalant une paire de truites. Il le lâcha et se redressa, demanda à Emily :
    — Es-tu heureuse ?
    — Oui, répondit-elle doucement.
    Elle baissait les yeux et il sut qu’elle était sincère mais ne voulait pas voir que sa réponse le blessait. Il glissa une main sous son menton (que sa peau était douce !) et lui fit lever la tête.
    — Es-tu heureuse ? répéta-t-il avec un sourire.
    — Oui.
    Elle leva

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