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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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en route dès le lendemain matin, prenant la direction du nord.
    La plupart du temps, il n’avait d’autre compagnie que celle de son chien et de ses pensées. Un jour, il tomba sur un camp d’été de Mohawks où il fut accueilli chaleureusement.
    Il s’assit avec les hommes et discuta. Lorsqu’une jeune femme lui apporta un bol de ragoût, il le mangea sans y prêter attention même si son estomac, sous l’effet d’un repas chaud, cessa de se contracter.
    Il n’aurait su dire ce qui avait attiré son attention mais il leva la tête et aperçut la jeune femme assise en lisière du halo projeté par le feu. Elle le regardait et sourit, très légèrement.
    Il mastiqua plus lentement, le goût de la nourriture emplissant soudain sa bouche. Le ragoût était délicieux. De la viande d’ours, bien grasse. Du maïs et des haricots relevés d’oignons et d’ail. La jeune femme inclina la tête d’un côté, arqua un sourcil élégant. Puis elle se leva.
    Ian reposa son bol, rota courtoisement, puis se leva à son tour et s’éloigna sans prêter attention aux regards entendus des hommes avec qui il avait dîné.
    Elle l’attendait, forme pâle dans l’ombre d’un bouleau. Ils parlèrent. Il voyait sa bouche former des mots, entendait le doux murmure de la voix de la jeune femme mais n’avait pas vraiment conscience de ce qu’ils se disaient. Il tenait sa colère rougeoyante comme un charbon ardent dans le creux de sa main, une braise fumante dans son cœur. Il ne voyait pas en elle l’eau qui apaiserait son ardeur, ne songea pas davantage à l’attiser. Il avait des flammes derrière les yeux et était aussi insouciant que le feu, dévorant ce qui pouvait l’être, mourant quand il n’y avait plus rien à consumer.
    Il l’embrassa. Elle avait un parfum de cuisine, de peaux tannées, de terre chauffée par le soleil. Pas de trace de bois ni de sang. Elle était grande. Il sentit ses seins doux contre son torse et laissa retomber ses mains sur les courbes de ses hanches.
    Elle se frotta contre lui, solide, prête. Se recula, laissa l’air frais caresser sa peau là où elle s’était pressée contre lui. Puis elle le prit par la main et le guida vers sa maison longue. Nul ne leur prêta attention quand elle l’entraîna sur sa couche et, dans la pénombre chaude, se tourna vers lui, nue.
    Il avait jugé préférable de ne pas regarder son visage. Anonyme, rapide ; peut-être un peu de plaisir pour elle, un répit pour lui. Cherchant ce bref moment où il pourrait se perdre, enfin.
    Mais dans l’obscurité elle était devenue Emily et il fuit son lit, honteux et furieux, laissant derrière lui la stupéfaction.

    Les douze jours suivants, il marcha, le chien à ses côtés, sans parler à personne.

    La maison de Thayendanegea se trouvait en retrait sur un grand terrain mais suffisamment proche du village pour en faire encore partie. Ce dernier ressemblait à n’importe quel village sauf que bon nombre de maisons possédaient deux ou trois meules près de leur perron. Les femmes moulaient elles-mêmes leur blé plutôt que de l’emporter à un moulin.
    Des chiens dormaient dans l’ombre des carrioles et des murs. Tous se redressèrent, surpris, en flairant Rollo. Quelques-uns grondèrent ou aboyèrent mais aucun ne le défia.
    Les hommes étaient différents. Plusieurs d’entre eux étaient accoudés à une clôture. Tous le fixèrent, mi-curieux mi-méfiants. Il ne connaissait pas la plupart d’entre eux mais reconnut Eats Turtle, une vieille connaissance de Snaketown. Parmi eux se trouvait également Sun Elk.
    Ce dernier cligna des yeux, aussi surpris que les chiens, puis s’avança à sa rencontre.
    — Que fais-tu ici ?
    L’espace d’une fraction de seconde, Ian envisagea de lui répondre la vérité mais ce n’était pas une vérité qui pouvait être dite en quatre mots, et encore moins devant des inconnus. Il répondit calmement :
    — Ça ne te regarde pas.
    Sun Elk s’était adressé à lui en iroquois et il avait répondu dans la même langue. Il vit des sourcils se hausser. Eats Turtle mit un point d’honneur à le saluer, espérant sans doute dissiper l’orage qui couvait en faisant clairement comprendre à ses compagnons que Ian était lui aussi un Kahnyen’kehaka.Ian lui retourna son salut. Les autres hommes se détendirent légèrement, intrigués mais pas hostiles.
    Ce qui n’était pas le cas de Sun Elk ; mais, après tout, Ian ne s’était pas attendu à ce qu’il

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