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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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détourna la tête. Elle ramassa la serviette froissée, la lissa lentement avant de la replier, puis elle reprit, pesant ses mots :
    — Je t’ai dit que ma mère était morte à ma naissance. Mon père nous a quittés trois ans plus tard, noyé au cours d’une inondation. Mon frère et moi nous sommes retrouvés seuls et à la rue. La congrégation locale a veillé à ce que nous ne mourions pas de faim et a mis un toit au-dessus de notre tête, même s’il fuyait. Puis, au cours d’une réunion, il a été question de mettre Denny en apprentissage. Mon frère craignait d’être obligé de devenir conducteur de bestiaux ou cordonnier ; il n’a pas la carrure nécessaire pour faire un forgeron, dit-elle avec un léger sourire, mais il aurait tout fait pour que je mange à ma faim.
    Toutefois, la chance était intervenue. L’un des Amis avait fait des recherches pour tenter de retrouver des parents des orphelins. Après un abondant échange de courrier, il avait découvert un cousin éloigné, originaire d’Ecosse mais vivant à Londres.
    — John Hunter, que son nom soit béni ! C’est un célèbre médecin, comme son frère aîné qui est l’accoucheur de la reine en personne.
    En dépit de ses principes égalitaires, Mlle Hunter semblait impressionnée. William hocha respectueusement la tête.
    — Il s’est enquis des aptitudes de Denny et, l’écho qu’il en a eu étant favorable, il a fait le nécessaire pour l’envoyer en pension chez une famille quaker de Philadelphie, où il est entré au nouveau collège de médecine. Ensuite, il a été jusqu’à le faire venir à Londres pour qu’il parachève ses études à ses côtés.
    — Quelle chance, en effet. Et vous, où étiez-vous pendant ce temps-là ?
    — Une femme du village m’a recueillie chez elle.
    Elle avait répondu avec un détachement qui ne le trompa pas. Elle ajouta rapidement :
    — Mais Denzell est rentré et, naturellement, je suis venue tenir sa maison jusqu’à ce qu’il se marie.
    Elle plissait la serviette entre ses doigts, les yeux baissés sur ses genoux. Le feu dans l’âtre projetait de petits éclats de lumière dans sa chevelure, des reflets bronze dans les boucles brunes.
    — Cette femme… elle a été bonne avec moi. Elle a veillé à ce que j’apprenne à entretenir une maison, à cuisiner, à coudre. A ce que je sache… tout ce qu’il est utile à une femme de savoir.
    Elle releva les yeux et le regarda, toujours avec cette même franchise déroutante.
    — Je ne crois pas que tu puisses comprendre ce qu’être exclu du culte signifie.
    — C’est un peu comme d’être expulsé de son régiment, je suppose. C’est à la fois déshonorant et désemparant.
    — Une réunion d’Amis n’est pas seulement un groupe de prière, c’est… une communauté d’esprit, de cœur. Une grande famille, en somme.
    D’autant plus pour une jeune femme qui n’avait pas eu de vraie famille.
    — Oui, je comprends, dit-il à voix basse.
    Il y eut un bref silence dans la pièce, interrompu uniquement par le bruit de la pluie. Il lui sembla entendre chanter un coq quelque part au loin. Rachel reprit :
    — Tu as dit que ta mère était morte. Ton père vit toujours ?
    Il fit non de la tête.
    — Vous allez me trouver exagérément dramatique mais c’est la vérité : mon père est lui aussi mort le jour de ma naissance.
    Elle écarquilla les yeux.
    — C’est vrai qu’il avait une cinquantaine d’années de plus que ma mère. En apprenant qu’elle était morte en c-c-couches, il a été terrassé par une attaque d’apoplexie.
    Il était contrarié. Cela faisait longtemps qu’il n’avait plus bégayé. Heureusement, elle ne semblait pas l’avoir remarqué.
    — Tu es donc orphelin, toi aussi. Je suis désolée pour toi.
    Il haussa les épaules, gêné.
    — Je n’ai connu aucun de mes deux géniteurs mais j’ai eu des parents. Ma tante maternelle est devenue ma mère, dans tous les sens du terme ; elle est décédée aujourd’hui. Quant à son mari… je l’ai toujours considéré comme mon père, bien que nous n’ayons pas de liens de sang.
    Il lui vint à l’esprit qu’il s’aventurait sur un terrain glissant en se confiant ainsi. Il s’éclaircit la gorge et fit en sorte de ramener la conversation vers un sujet moins personnel.
    — Votre frère… comment projette-t-il de mettre en pratique sa révélation ?
    Elle soupira.
    — Cette maison appartenait à un cousin de ma mère. Il était veuf et

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